Valeur d'un document exceptionnel.
5/5 https://www.123loisirs.com/
.----. Apôtre infatigable et zélé de la Vierge Marie, Maximilien-Marie Kolbe, polonais né sous le prénom de Raymond, fait le récit de sa vie à un codétenu condamné comme lui à mort par les Nazis. Après l'évasion d'un prisonnier du camp, en représailles, une poignée d'hommes est enfermée dans une cellule, à même le sol, sans soins, sans nourriture ni boisson, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Maximilien-Marie n'a pas été désigné par les Allemands mais s'est porté volontaire pour prendre la place d'un père de famille, donnant sa vie pour en sauver une autre.
Maximilien-Marie a consacré ses forces et son existence au salut des âmes par la Vierge Marie. Toutes ses actions, et elles furent multiples, tout son apostolat si varié et original, de l'édition à très grande échelle d'un journal missionnaire à la fondation d'une mission au Japon, en passant par la création d'un séminaire franciscain en Pologne, pour ne citer que les étapes majeures. Puisque la Vierge Marie est aux commandes, Maximilien-Marie obéit et annonce la foi catholique sans relâche, jusqu'à cette cellule du bloc 11. N'a t-il pas, enfant, accepté de ses mains la couronne blanche de la pureté et la rouge du martyre ?
Cette bande dessinée extrêmement complète est une très grande réussite. Non seulement l'aspect édifiant du parcours hors du commun de Maximilen-Marie Kolbe fait profondément réfléchir sur l'engagement au service de la Foi mais la période et les lieux évoqués sont présentés par le scenario et les dessins de manière si précise, qu'elle nourrira les passionnés d'histoire et les amateurs de BD.
Tout cela révèle un travail de recherche approfondi, les auteurs se portant avec rigueur à la hauteur de leur héros. Le texte est précis et clair, le lecteur se repère aisément dans les rebondissements de ce destin d'exception.
Denoël révèle toutes les facettes de son art pour parfaire l'évocation, par son talent de dessinateur scrupuleux dans les expressions des visages et la précision des contextes (ornements sacerdotaux, détails de décoration d'une église, de la cheminée d'un château, le Shanghaï des années 30, l'intérieur de l'imprimerie très moderne qui permit de tirer le Chevalier de l'Immaculée à 1 million d'exemplaires en 1938...).
Cartes, supplément iconographique, repères multiples, faits historiques annexes comme la conversion d'Alphonse de Ratisbonne par la médaille miraculeuse ou le martyre des chrétiens japonais au 16e siècle, confèrent à cette bande dessinée la valeur d'un document exceptionnel.
PS : 123loisirs : Qui sommes-nous ?
Douze lectrices passionnées : Clémence, Sylvane, Hélène, Élisabeth, Gaëlle, Alexia, Isabelle, Stéphanie, Clotilde, Sybille, Aude, Alix et Claire sous la houlette de Valérie. Infirmières, enseignantes, bibliothécaires, éducatrices, elles mettent leurs compétences au service des lecteurs. De jeunes critiques lisent les livres en avant-première et donnent leur avis.
Miséricorde...
5/5 L'homme nouveau .
.----. À une heure un peu tardive, mais il est vrai qu’il valait mieux éviter le spectacle aux enfants, la télévision programmait, ce 10 juin, un documentaire, intitulé Après Hitler, consacré aux derniers mois de la Seconde Guerre mondiale et aux premiers mois de la paix censément revenue en Europe.
La plupart des films présentés ici, sortis des archives des vainqueurs, étaient des raretés, ou des inédits et, au bout de soixante-quinze ans, ils renvoyaient de la Libération et de la Victoire alliée une image crue, violente, navrante, que l’on ne nous avait pas habitués à contempler.
Certes, quiconque possède un minimum de culture historique sait pertinemment à quoi s’en tenir et ne peut ignorer que, derrière les scènes de liesse montées en épingle pour des raisons de propagande, la réalité fut infiniment moins belle. Reste qu’il y a une différence, terrible, entre le document écrit, aussi précis et réaliste soit-il, sur les mots duquel tout esprit sensé se garde bien de mettre des images, et la vision des faits en question … Les plans rapprochés complaisants sur les cadavres mutilés de l’ennemi, les humiliations calculées, déshonorantes surtout pour ceux qui s’y abaissaient, infligées à des prisonniers de guerre allemands, dont on mesure soudain l’extrême jeunesse et l’épuisement, le visage ravagé et meurtrie d’une jeune Allemande qui, en d’autres temps, avait dû être très belle, violée et tabassée, les regards des « tondues » accusées, à tort ou à raison, d’avoir couché avec des Boches, les vengeances sordides, les scènes de tortures ou d’exécutions à l’encontre de collabos vrais ou supposés, les « enfants loups » errants, perdus, sur les routes de l’Europe en ruines, tout cela était à briser le cœur. Surtout, l’on se demande, désolé, devant la vision sans fard des atrocités dont l’homme est susceptible de se rendre coupable et complice, ce qui pouvait bien demeurer, sur ce continent en principe encore chrétien, du message évangélique et de la Loi du Christ.
Contre toute attente, la réponse, la seule opposable à un tel déferlement d’horreur et de haine, à une telle ruée quasi unanime vers la perdition et l’enfer, Dieu l’a suscitée là même où elle semblait impossible, parce que cet endroit avait été diaboliquement conçu afin d’y détruire toute foi, toute charité, toute espérance. C’est à Auschwitz que Maximilien Marie Kolbe, fort seulement de sa confiance en la Vierge Immaculée, opposa à la machine à broyer les âmes, une puissance d’amour sur laquelle le Mal se fracassa.
Il n’est pas inutile, alors que nous célébrons, hors de toute référence chrétienne, puisque, dans les commémorations officielles, l’on juge bon d’amputer de leurs allusions au christianisme, les documents cités, le soixante-quinzième anniversaire de la chute du nazisme, et l’ordre né sur ses ruines, de s’arrêter un instant sur la personnalité du martyr franciscain.
Jean-François Vivier, auquel l’on doit déjà plusieurs excellents scénarios d’albums de bandes dessinées consacrés à d’Estienne d’Orves et à l’abbé Stock, revient sur la Seconde Guerre mondiale avec un Maximilien Kolbe, un saint à Auschwitz, (Artège, 52 p.), illustré par Denoël en évitant tout ce qui pourrait être trop choquant pour le jeune public.
Enfermé dans le bunker de la faim, où il a volontairement pris la place d’un inconnu père de famille et où il mourra le 14 août 1941, en la vigile de l’Assomption, Maximilien Kolbe raconte sa vie à ses compagnons d’infortune et les soutient jusqu’au bout dans leur longue agonie. Son secret : la certitude de la présence aimante de Notre-Dame à ses côtés. C’est pour Elle, sous son impulsion, qu’il s’est voué, toute son existence, en dépit de la tuberculose qui le rongeait et d’innombrables traverses, à diffuser à travers le monde la dévotion à l’Immaculée et à lui former une armée capable de s’opposer, par la seule force de la prière, à la puissance des armes.
Ce message, Alexia Vidot l’explicite dans un tout petit livre L’abandon avec Maximilien Kolbe (Artège Itinéraires spirituels ; 125 p.).
À grand renforts de citations, Alexia Vidot montre comment, jusque dans les pires situations, l’abandon total au Christ et à Sa Mère peut obtenir d’improbables miracles et, transformant les cœurs les plus endurcis, faire jaillir des sources d’eau vive dans les déserts désespérants de notre monde.
Tant que Notre-Dame se suscitera des chevaliers, il ne faudra pas désespérer du rachat de tant d’âmes en apparence vouées à la mort éternelle. [ Rédigé par Anne Bernet le 13 juin 2019 dans Culture pour " L'homme nouveau " ]