Louis SALLERON (1905-1992)
Louis Salleron est né le 15 août 1905. Il était le frère du journaliste et écrivain Paul Sérant (Paul Salleron). Il était proche du comte de Paris Henri. À partir du milieu des années 30, il était théoricien du corporatisme agricole, cherchant une "troisième voie" entre le libéralisme et le socialisme. Il a été actif dans l’Union nationale des syndicats agricoles (UNSA), et à partir de 1935 travaillé avec l’Institut d’études corporatives et sociales (IECS). Sa thèse de droit, soutenue en 1937, s’intitulait L’évolution de l’agriculture française, du régime foncier au régime corporatif. Il a été professeur d’économie politique à l’Institut catholique de Paris de 1937 à 1957. [2] Au Congrès paysan de Caen, les 5 et 7 mai 1937, Jacques Le Roy Ladurie, influencé par Rémy Goussault et Louis Salleron, invita les principaux agraires conservateurs à déclarer leur soutien au corporatisme. L’hebdomadaire Syndicats paysans, coédité par Salleron et Le Roy Ladurie, paraît pour la première fois le 1er juillet 1937. Sous le gouvernement de Vichy, Salleron joua un rôle de premier plan dans la création de la Société paysanne. Théoricien semi-officiel de l’UNSA, il fut l’auteur principal du projet de loi de septembre 1940 sur la Corporation paysanne, qui allait créer une structure corporative dans l’agriculture. Après de nombreuses révisions et une certaine opposition des Allemands, la Charte paysanne fut promulguée le 2 décembre 1940. Salleron a été nommé délégué général de la société pour les questions économiques et sociales. Salleron, s’opposant à l' "erreur liberalo-marxiste", prônait "la réserve globale de la structure actuelle de la paysannerie, qui, démographiquement, économiquement, socialement et moralement, équivaut à une quasi-perfection." La société a eu du mal à devenir efficace, handicapée par une structure temporaire, des conflits internes et des actions du ministère de l’Agriculture qui ont réduit son autorité et introduit des réformes sans consultation. À la fin de la première année, Salleron donna libre cours à sa frustration, La lutte est... ouverte entre les anciens cadres et les nouveaux principes. La vérité nous oblige à dire que l’expérience de la première année de la Société paysanne marque un succès net pour l’étatisme. La Société est pratiquement privée de ressources financières et, à chaque mouvement, elle est tenue en laisse par l’administration. Ce fait grave doit être porté à l’attention du monde paysan. Si, en effet, la Corporation ne devient pas l’instrument de libération des paysans, elle sera l’instrument d’oppression le plus parfait qu’on puisse imaginer. En réponse, Salleron fut démis de ses fonctions à la Corporation à la fin de 1941, et l’hebdomadaire Syndicats paysans fut fermé peu après. Vers la fin de la guerre, Salleron commençait à adopter une vision plus réaliste des réformes nécessaires. En 1944, il rédige des projets de planification agricole pour l’après-guerre, pour l’assistance technique à grande échelle afin de réduire les coûts et pour les coopératives d’équipement agricole Après la guerre, Salleron continua de publier dans des revues monarchistes ou catholiques comme la Fédération, la France catholique et la Nation française. Il a dirigé des conférences sur la pensée corporatiste au Centre d’études politiques, économiques et civiques (CEPEC), fondé en 1954. [3] En 1956, Salleron et Jean Madiran fondent la revue Itinéraires, qui deviendra plus tard l’organe principal de critique des réformes au sein de l’Église catholique après le Concile Vatican II de 1962-1965. Louis Salleron est décédé le 20 janvier 1992. Professeur honoraire d'économie politique à l'Institut catholique de Paris, auteur de nombreux ouvrages, dont La nouvelle messe, (NEL), Louis Salleron, économiste, philosophe, humaniste, poète à ses heures, a résisté avec foi, persévérance et clairvoyance, aux désordres qui ont meurtri tant d'âmes, souhaitant les garder dans la clarté de la science, de la foi, et dans le droit chemin.