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Ernest HELLO (1828-1885)

Ernest HELLO (1828-1885)
Ernest Hello naquit à Lorient en 1828. Sa vie fut consacrée tout entière au travail intellectuel et à la prière. Il a donné des traductions estimées d'oeuvres choisies de grands mystiques, Ruysbroeck l'Admirable, Angèle de Foligno, etc. Lui-même a composé quelques livres où l'élément mystique domine : Les paroles de Dieu ; L'Homme (1872), qui est son oeuvre capitale. Il a étudié les effets de la grâce dans certaines âmes d'élite : Physionomie des saints ; Le Père Lacordaire (1862). Il a donné des essais de critique, où des théories discutables se mêlent à des vues profondes et des jugements trop sommaires à de justes sévérités : M. Renan, l'Allemagne et l'athéisme au XIXè siècle (1858) ; Le style (1861) ; M. Renan et la "Vie de Jésus" (1863) ; Les Plateaux de la balance (1880). Enfin, il a publié un recueil de Contes extraordinaires (1879) dont Barbey d'Aurevilly prisait très fort le premier. "Le chef d'oeuvre de Ludovic, disait-il, couvrirait de sa beauté de chef-d'oeuvre, comme d'un manteau de roi tombé sur des haillons, les autres contes du recueil quand ils seraient les plus misérables pauvretés intellectuelles, ce que, d'ailleurs, ils ne sont pas." Ernest Hello mourut en 1885. On a publié depuis sa mort un recueil d'essais : Le siècle, Les hommes et les idées (1895). Quoiqu'il fut très croyant et même mystique, Ernest Hello avait une soif ardente de gloire littéraire, moins pour lui peut-être que pour le triomphe de ses idées. Il fut déçu toute sa vie et souffrit beaucoup. Ses livres firent les délices de Louis Veuillot, de Barbey d'Aurevilly, de Léon Bloy, d'autres encore, mais la critique en général les dédaigna, et le grand public, même catholique, les ignora. C'est qu'en vérité ils sortent trop des normes communes. Ernest Hello est un intuitif plus qu'un logicien, il a des éclairs de génie mais ce sont que des éclairs et qui se perdent dans la nuit ; il compose en fonction d'un sentiment plus que d'une idée et c'est pourquoi on éprouve quelque difficulté à le suivre. Il est vrai qu'on est bien récompensé de sa peine par la splendeur des horizons vers lesquels il nous dirige, mais il est excessif et imprudent d'imposer cette peine à la masse des lecteurs. Léon Jules ----------------------------------------------------- « Lhomme doit : Vivre dans la vérité ; Penser comme il vit ; et parler comme il pense. Voilà la loi du style. Nous sommes ici en pleine simplicité, parce que nous sommes en pleine vérité. » ( Ernest Hello (1828-1885) Écrivain ) ------------------------------------------------- « Errant un jour avec un camarade, dans les jardins cosmopolites de luniverselle Exposition, je rencontrai un homme. Oui, cétait un homme. Sa tête étrange et fulgurante, sa tête aux cheveux légèrement épars, était illuminée par deux yeux quon ne peut oublier. Ils étaient tout remplis de cette flamme semi-douce et terrible, de cette lumière supérieure que les hommes ont appelée le Génie. Le front était vaste comme la pensée. Le dos, légèrement voûté comme celui dAtlas, semblait courbé sous le poids de quelque invisible Univers. Cet homme maborda et, faisant un geste fatidique, me dit gravement ce seul mot : -Mon ami, je métonne. Je le regardai comme pour lui demander ce qui causait sa stupeur, car cétait bien la stupeur que traduisaient manifestement les traits assombris de sa vivante physionomie. Il reprit : -Je viens de passer devant les Tuileries, et elles ne brûlent pas encore ! Ce fut à mon tour dêtre stupéfait. Il le vit et ne sen troubla point. Il leva sa main comme les Prophètes des temps disparus et me montra la ville immense. Puis, comme si, dans les profondeurs de sa pensée ou par-delà les horizons, il eût entrevu je ne sais quelles multitudes en marche, il ajouta lentement ces paroles, dont jentends encore laccent indéfinissable : -Les Barbares tardent bien à venir !... Que fait donc Attila ? Et rentrant dans son silence, il me quitta, et je laperçus longtemps encore au milieu de la foule, poursuivant sa promenade et continuant sa rêverie. Cet homme, cétait Hello. -Il est fou, me dit mon compagnon. Et voilà cependant quAttila est venu, et que les Tuileries ont été dévorées par le feu de la terre. La parole du fou a été littéralement prophétique et sest rigoureusement accomplie. » ( Henri Lasserre (1828-1900) Écrivain) [ Ces deux dernières citations sont extraites de : www.scholae-fanjeaux.org ]