Le voyageur d'hier savait mériter ses émerveillements. Suivons-le en Vendée, manquant de se perdre dans les chemins creux du Bocage ou les canaux du Marais, voire risquant au XVIIe siècle d'être capturé par des corsaires anglais.
Mais alors, que de découvertes ! L'un visite en 1843 le château du Puy-du-Fou, si délabré qu'il va bientôt disparaître pour être remplacé "par quelques usines destinées à ruiner le pays et à y répandre l'immoralité". Un autre voit en 1854, dans les mégalithes d'Avrillé, des monuments "qui attestent une longue domination des druides sur cette contrée". Un autre encore, en 1829, fait de La Roche-sur-Yon "une colonie nouvelle transplantée au milieu d'un peuple ancien". Sans compter ce touriste de 1895 qui, visionnaire, voit Croix-de-Vie, où s'aligne déjà "une quinzaine de chalets", devenir "une station de bains de mer" !
À Noirmoutier, en 1884, on combat le rhumatisme par des bains de sables : le patient, placé dans une fosse en plein soleil, est recouvert de sable jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus. On pourrait croire que les choses ont à peine changé, un siècle plus tard, quand Pierre Desproges découvre en 1985, sur une plage de Saint-Gilles, "au midi surchauffé, des connes définitives brûlant au second degré avec un soin extrême" !
D'origine vendéenne, Pierre Rézeau est linguiste et lexicographe. Il a publié au CVRH Le Premier Dictionnaire du patois vendéen, de Mourain de Sourdeval (2003), La Vendée au fil des mots (2009) et Voyageurs en Vendée. Rencontres (2010).