C’est l’étude d’un amateur éclairé
5/5 Présent
.----. Les excellentes éditions Bartillat décidément coutumières de belles publications, originales et instructives, viennent de sortir Versailles de Jean de La Varende. Il s’agit de la réédition de l’ultime œuvre du fameux écrivain, publiée en 1959 et indisponible depuis des décennies.
Au soir de sa vie, La Varende s’est lancé dans l’histoire du château de Versailles. C’est l’étude d’un amateur éclairé et documenté, plein d’admiration pour le palais de ses rois. Ce n’est donc pas une austère érudition écrite par et pour des spécialistes, mais, comme le souligne la préface de Franck Ferrand, « sous les espèces d’une belle histoire, racontée dans le style de l’épopée, l’auteur entendait décocher à la IVe République la flèche d’une sorte de manifeste moral et politique, porté, animé par la figure solaire de Louis XIV ».
La Varende, au travers de l’histoire mouvementée de la construction du château, veut montrer que le grandiose olympien, les merveilles enchantées du palais ont été recherchés pour être exemplaires et communicatives : « De pareilles splendeurs créent, en dehors des artistes qu’elles affermissent, des états d’âme glorieux ; des tournures d’esprit qu’on pourrait nommer héroïques, dans le sens de la Fable, en opposant cette ampleur à la mesquinerie. » Avec Versailles, Louis XIV voulut hisser la royauté, la cour et le peuple vers toujours plus de grandeur et de gloire. En édifiant le plus beau palais d’Europe, il fit le pari que la forme architecturale pouvait être mise au service d’une idée politique et morale, le pari que le faste, la beauté et les formes élèvent l’âme aussi sûrement que l’utile et le confort l’abaissent.
La Varende raconte ainsi la construction de Versailles pour retrouver l’esprit d’un siècle. Dans la galerie des Glaces il y a un art de vivre ; on trouve des leçons de beauté et de tenue dans la perspective du Grand Canal, de l’allée et de l’escalier ; les liens mystérieux qui unissent le faste d’une cour et la noblesse de tout un peuple se révèlent dans le rond-point, le parterre et les buis taillés. La beauté est contagieuse et chaque lieu induit une manière d’être : à vivre dans la beauté, ceinturé par l’étiquette et boutonné jusqu’au cou, on ne devient pas le même que celui qui vit dans du béton, avachi dans son jogging et son laisser-aller.
L’architecture est le reflet et la matrice d’une époque. Le cœur se serre donc quand on quitte la Cité des Eaux et le Jardin des Rois pour retourner dans le monde moderne. On l’envisage alors d’un œil neuf, le béton ne peut plus cacher sa pauvreté ignoble et sa laideur morbide qui empoisonnent l’âme de ses habitants. Versailles révèle la vérité architecturale du monde moderne : il est malsain.
[ Signé : Marcel Gaillard dans Présent du 29 janvier 2022, texte repris de Livres en famille ]
Pour lecteurs curieux et cultivés
5/5 https://123loisirs.com/
.----. Dans la dernière année de sa vie, La Varende (1887-1959) exprime en toute liberté ce que lui dit son regard du château de Versailles, tantôt celui d'un flâneur, tantôt celui d'un fin connaisseur des arts décoratifs. Il n'hésite pas à porter des jugements péremptoires parfois très personnels ! C'est le privilège d'un auteur consacré qui a ses préférences, ce qui donne un ton original à un ouvrage fouillé, bien éloigné d'un manuel classique, mais tout imprégné de la personnalité de celui qui tient la plume avec une immense érudition maîtrisée.
Pour lecteurs curieux et cultivés qui savent goûter le fond et la forme.
Préface de Franck Ferrand. "(...) le présent Versailles mérite et méritera longtemps d'être lu. D'être relu."
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Douze lectrices passionnées : Clémence, Sylvane, Hélène, Élisabeth, Gaëlle, Alexia, Isabelle, Stéphanie, Clotilde, Sybille, Aude, Alix et Claire sous la houlette de Valérie. Infirmières, enseignantes, bibliothécaires, éducatrices, elles mettent leurs compétences au service des lecteurs. De jeunes critiques lisent les livres en avant-première et donnent leur avis
Sa renommée a conquis toutes les nations !
5/5 https://plaisir-de-lire.fr/
.----. C'est " au plus noble, au plus convaincant des ambassadeurs de France ", Versailles, que La Varende applique son talent de Romancier. Avec son regard de peintre, son érudition artistique et historique, il conduit la visite, trace la vie du palais et des jardins au fil de ses transformations de 1624 à 1956.
Il cite les artistes, leur génie, place leurs travaux et les détails de leurs ouvrages ; c'est aussi un survol des variations, des exigences, des goûts et des modes à travers les différents régimes politiques et le constat que " la renommée de Versailles a conquis toutes les nations ".
POUR QUI CE LIVRE ? Ouvrage de référence pour tous les artistes et historiens, mais l'amateur profane ne peut que regretter la cruelle déficience d'illustrations d'un texte passionnant.
[ Plaisir de Lire, littérature et vie chrétienne, trimestriel qui parait depuis 1966 .Numéro 200, septembre 2022 . Pour en savoir plus, consulter : https://plaisir-de-lire.fr/ ou écrire de la part de chire.fr à : plaisirdelire75(x)gmail.com ou P.L. 57 route nationale - 80160 - Flers-sur-Noye ]
Le plus beau royaume sous le ciel
5/5 L'Homme Nouveau N° 1761
.----. C'était au milieu des années cinquante. À la demande d'un compatriote normand, Henri Lefèbvre, libraire à Versailles, Jean de La Varende se lança dans l'écriture d'un ouvrage consacré au château de la ville royale. L'Histoire a toujours été la matière de l'écrivain, non pas à la manière des doctes et des professeurs (ils ont leur mérite), mais comme celui qui sait en plus exprimer l'âme d'une époque ou d'un personnage. Mais d'un monument ?
La réédition de cet ouvrage apporte une réponse éclatante à cette question. Dans sa préface, Franck Ferrand le dit mieux que tout. Après une longue citation, il écrit ainsi : « C'est pour ce genre de fulgurances que le présent Versailles mérite et méritera longtemps d’être lu. » Comment ne pas donner raison au préfacier qui dit tout en peu de mots ? Citons-le encore : « Reste – et c'est le plus important - le style admirable d'un artisan de la phrase. Reste davantage encore les conceptions avancées d'un écrivain que passionne la psychologie collective. »
Derrière le château, l'écrivain ranime la France d'Ancien Régime, « le plus beau royaume sous le ciel». S'il revient au passé et à son éminent témoin, c'est pourtant bien l'avenir qu'il a en perspective.
Philippe Maxence dans L'Homme Nouveau n° 1761 du 4 juin 2022
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