Un somptueux ouvrage sur les édifices sacrés de Vendée
5/5 Vendéens & Chouans.
.----. Un somptueux ouvrage sur les édifices sacrés de Vendée :
La collection « La grâce d’une cathédrale » vient de s’enrichir d’un nouveau titre consacré à la Vendée, un livre d’art exceptionnel dédié à trois sites sacrés du département : les cathédrales de Luçon et de Maillezais, et la Ville sainte de Saint-Laurent-sur-Sèvre. Un cadeau de Noël idéal pour les amateurs d’art et d’histoire !
Vendee
Ces trois sites sacrés racontent la Vendée, terre de foi et de passions, champ de bataille de plusieurs guerres civiles et religieuses, mais se relevant toujours et affirmant sa fierté rayonnante, une des sources assurément du « miracle économique vendéen ».
La cathédrale de Luçon
À la cathédrale Notre-Dame de Luçon, tous les siècles sont représentés, depuis les traces du monastère fondé au VIIe siècle, jusqu’au mobilier liturgique que Goudji réalisa au XXe siècle pour le chœur. L’église mère du diocèse a connu une histoire d’une richesse exceptionnelle et a notamment vu l’émergence d’un très jeune évêque, reconstructeur déterminé, qui connaîtrait un destin national : Richelieu.
La cathédrale de Maillezais
Ancienne abbaye bénédictine au cœur du Marais poitevin, érigée en siège d'un diocèse en 1317, transformée en forteresse jusqu’à devenir un champ de ruines à la suite des guerres de Religion, la cathédrale de Maillezais a inspiré de nombreux artistes romantiques par ses impressionnants vestiges qui en font aujourd’hui un lieu unique et majestueux.
Saint-Laurent-sur-Sèvre
Édifiée à la finemblématique et maître spirituel du Pape Jean-Paul II, l'impressionnante basilique néobyzantine de Saint-Laurent-sur-Sèvre est un haut lieu de pèlerinage vendéen. Tout aussi spectaculaire, la chapelle de la Sagesse est un chef-d’œuvre de l’architecture néogothique, témoignant du rayonnement mondial de la congrégation des Filles de la Sagesse.
47 auteurs prestigieux ont collaboré à ce chef-d’œuvre préfacé par Mgr Alain Castet, dont de très grandes signatures bien connues comme Thierry Heckmann, Dominique Souchet, Pierre Legal, Carl Bassompierre, etc. Un jeune photographe vendéen, David Fugère, a fourni un reportage photographique inédit de plus de 500 clichés pour l’illustration de l’ouvrage. [ Le 07 novembre 2017 sur le site Vendéens & Chouans ]
" épreuves et renouveaux "
5/5 Politique Magazine .
.----. Que voici un curieux titre ! Car si elle évoque encore fréquemment une terre traditionnellement généreuse en prêtres, religieux et missionnaires, le nom de la Vendée n’est pas ordinairement associé à celui de cathédrale. Et encore moins à des cathédrales au pluriel ! Pourtant, voici que les éditions de La Nuée Bleue viennent de l’accueillir au sein de l’admirable collection « La grâce d’une cathédrale », en lui consacrant un volume qui ne présente pas moins de trois cathédrales vendéennes. Ce triptyque inclut naturellement l’église-mère du diocèse, la cathédrale de Luçon, mais aussi l’autre cathédrale érigée en Bas-Poitou par Jean XXII, par la même bulle, celle de Maillezais, qui sera dévastée par l’occupation protestante et dont le siège devra être transféré à La Rochelle. Une troisième « cathédrale » s’imposait, désignée par Jean Yole. Amalgamant les deux grands sanctuaires montfortains de Saint-Laurent-sur-Sèvre, la basilique et la chapelle de la Sagesse, réunissant « leurs deux flèches, l’une gothique, l’autre romane, élancées, puissantes », le grand écrivain vendéen y voyait les attributs d’une « nouvelle cathédrale » issue du tréfonds de la résistance à l’agression révolutionnaire.
L’histoire qui parle. Quelle histoire racontent donc ces trois cathédrales de Vendée ?
C’est celle d’une alternance d’épreuves si redoutables qu’elles paraissent devoir sceller une disparition inéluctable, et de renouveaux inattendus, improbables, inespérés, à la fécondité impressionnante. Mises en perspective, ces épreuves se révèlent comme autant de portes étroites, de déchirements vitaux, de baptêmes renouvelés, d’évangélisations successives.
La pénétration initiale du christianisme s’accomplit, en ces terres du Bas-Poitou, sous l’égide du grand saint Hilaire, dont l’action a laissé fortement sa marque dans la toponymie communale. Pourtant les destructions normandes auront bientôt raison d’une première floraison monastique qui s’est implantée dès l’époque mérovingienne. La dynamique monastique n’est pas brisée pour autant. Au contraire, elle s’amplifie. Prieurés et abbayes se relèvent et se créent. À partir du XIe siècle, ils fondent d’innombrables paroisses et aménagent, à partir du XIIIe, le Marais Poitevin. La décision du second pape d’Avignon de transformer en 1317 les abbayes bénédictines de Luçon et Maillezais en sièges d’évêchés nouveaux vient sanctionner cette vitalité. Mais voici que se profilent déjà les désastres de la guerre de Cent ans et les ravages de la peste noire. Cette nouvelle épreuve sera traversée, comme le sera celle, encore plus redoutable et destructrice, des guerres de Religion.
La période de la Réforme catholique, lancée en Bas-Poitou par un jeune évêque de 22 ans, Richelieu, va être celle d’une nouvelle renaissance. L’esprit du concile de Trente souffle sur la Vendée, qui en sera un laboratoire exemplaire. Séminaire, catéchisme, missions, visites pastorales, synodes, conférences ecclésiastiques, tous les instruments proposés par le concile y sont mis en œuvre par une longue lignée d’évêques remarquables, qui prennent à cœur leur tâche de reconstructeurs, jusqu’à Mgr de Lescure qui attirera dans son diocèse le génial Montfort, rejeté ailleurs.
Si bien que, lorsque survient la grande épreuve révolutionnaire, les nombreuses paroisses qui se soulèvent face au schisme instauré par l’État, témoignent d’une étonnante maturité spirituelle, sachant leur combat aussi nécessaire que désespéré. La force intérieure qui anime les combattants de 1793 étonnera les troupes rameutées de partout contre eux. Cette densité spirituelle ne vient pas de nulle part. Elle s’est tramée au fil des ans et des générations à travers ces vagues de missions populaires qui ont labouré presque sans interruption la Vendée, à l’appel de pasteurs qu’anime une haute idée de leur mission : capucins et carmes, lazaristes et filles de la charité, missionnaires de la compagnie de Marie et filles de la Sagesse… Et quand viendra, une fois la guerre achevée, le temps de l’extermination, alors ce capital spirituel jouera pleinement en évitant l’enfermement dans l’esprit de vengeance. Dans le feu de l’épreuve existentielle se manifestera une ascèse radicale de la fidélité à l’essentiel, qui sera le fondement d’une nouvelle et incroyable renaissance, transformant la Vendée martyrisée en foyer rayonnant du catholicisme, avant de donner naissance au « miracle économique vendéen ».
On retrouvera un écho de cette profonde intériorisation de l’ascèse chrétienne dans les journaux et correspondances des combattants vendéens de 1914-18. La résistance de la Vendée se manifestera encore face aux persécutions de la IIIe et de la IVe Républiques, en ayant pour effet d’y jeter les bases d’un enseignement catholique qui attire toujours aujourd’hui la majorité des élèves vendéens. Mgr Cazaux, évêque de Luçon de 1941 à 1967, n’hésita pas à menacer le gouvernement d’une grève de l’impôt pour obtenir justice en faveur des écoles catholiques privées de tout subside, en prenant la tête d’une fronde régionale qui permit d’aboutir à des lois accordant un statut officiel à l’enseignement catholique.
Un hommage aux « hommes qui construisent l’espace de l’âme »
Ainsi apparaît l’histoire spirituelle d’une terre singulière, au fil des pages de ce beau livre qui porte le nom d’un territoire et non d’une ville, manifestant ainsi que la vitalité vendéenne n’est pas issue du rayonnement d’une grande métropole aux origines antiques. Elle émane d’un puissant socle monastique qui se constitue dès le VIIe siècle, mais ne perdurera pas au-delà de la Révolution et surtout d’un tissu paroissial particulièrement dense, qui commence à se mettre en place au XIe siècle. La vitalité de la Vendée vient du pays tout entier. Un seul lieu ne pouvait donc en rendre compte. C’est pourquoi l’éditeur a souhaité réunir trois lieux emblématiques, où se sont particulièrement incarnés les épreuves et les renouveaux qui ont modelé l’identité vendéenne. Jacques Bainville, qui ne croyait ni au progrès continu, ni aux décadences éternelles, invitait ses lecteurs à être plus attentifs aux « renaissances » dont l’histoire offre le spectacle. C’est aussi ce à quoi veut contribuer ce livre, en proposant au lecteur de partir à la découverte de tous ceux qui, sur cette terre de Vendée, au long de quatorze siècles, se sont faits constructeurs « d’espaces de l’âme ». « La cathédrale comme simple bâtiment ne serait rien, un musée ou bien un grand bureau », écrivait en 1982, dans Les principes de la théologie catholique, le cardinal Ratzinger, « elle ne devient cathédrale que par les hommes qui construisent l’espace de l’âme ».
[ Dominique Souchet - Président des Amis de la cathédrale de Luçon dans " Politique Magazine ]