Déterminisme aveugle d’une idéologie .
5/5 Revue du Souvenir Vendéen .
.----. Notre adhérent Bernard Chupin n’apprécie pas l’historiquement correct et il le malmène
vigoureusement lorsqu’il s’intéresse à la Vendée militaire comparée au Rwanda.
Son nouveau livre Vendée 1794 – Rwanda 1994 : Deux génocides qui se ressemblent
commence pianissimo par le thème courant de l’inopportunité pour la France de
s’embarquer dans la galère rwandaise, pour finalement nous faire haïr des Rwandais au
profit des Anglo-Saxons.
Le ton monte en abordant le constat, de plus en plus évident à l’opinion française et
mondiale, des catastrophes sanglantes résultant de l’imposition brutale, sans transitions,
du modèle démocratique occidental à des populations de mœurs, histoire, ethnies,
géographie, différentes du modèle que nous avons mis deux mille ans à construire.
Bernard Lugan et Pierre Péan ont brillamment traité de ce déterminisme aveugle d’une
idéologie pourtant généreuse, mais génératrice de catastrophes atteignant parfois
l’intolérable : le génocide.
De fait, l’auteur embraye logiquement sur ce sujet en débutant par un état des lieux des
deux pays avant l’orage. Au Rwanda (1), où le pouvoir de l’Église était temporel, la foi un
art de vivre animant la vie quotidienne de 95 % de convertis. En Vendée, l’identité
sociale et religieuse était d’abord spirituelle, soutenue par la proximité du clergé avec la
population, animée par la même « foi, art de vivre » ravivée par le Père Grignion de
Montfort.
Survient l’intrusion brutale de l’idéologie dans cet univers paisible et uni. Extérieure
dans les deux cas : en Vendée, volonté radicale de Paris de détruire la société cléricale
chère aux populations de l’Ouest pour instaurer l’homme nouveau flou et abstrait ; au
Rwanda, influence progressive, plus sournoise, de Paris, de Bruxelles et de
l’internationale démocratie chrétienne.
Dans les deux cas, l’explosion soudaine est particulièrement sanglante. Au Rwanda, la
Révolution de 1959 provoqua des milliers de morts et l’expatriation de milliers de
Tutsis. En 1990, une revanche des Tutsis, à partir de leurs bases en Ouganda déclenche
une guerre civile cruellement meurtrière qui ne s’achèvera qu’en 1994. En Vendée, les
chiffres de morts sont toujours en discussion et les colonnes infernales ne peuvent être
oubliées.
Dans les deux cas, le pays se coupe férocement en deux. Coupures contaminantes pour
les églises locales apparemment si solides. En Vendée, prêtres schismatiques intrus
opposés aux réfractaires ; au Rwanda, prêtres pro-Twas et pro-Tutsis opposés aux prêtres
pro-Hutus. Certains, hélas, seront génocidaires.(2)
Dans les deux cas, la révolte est une réaction identitaire et existentielle. Dans les deux
cas, le progrès légal exige la destruction par la démocratie idéologique de la démocratie,
de terrain.
Bien d’autres similitudes : l’arme blanche de l’assassin privilégiée, « l’amusement avec les
corps, pantelants qui ne demandent qu’à mourir », largement pratiqué surtout à
l’encontre des femme. Jusqu’aux églises transformées en moyens d’extermination : celles
de Nyamata et Ntaranna, par exemple, font pendant à nos Lucs-sur-Boulogne.
La suite de ces deux génocides est la même : le mémoricide. Une différence toutefois. En
France, les crimes légaux de 1793-1794 sont officiellement des détails de l’histoire de la
Révolution. Toutefois, le silence d’État est rompu par le Souvenir Vendéen, les
associations sœurs et le Puy du Fou. Il s’agit d’initiatives privées de plus en plus efficaces.
Au Rwanda, c’est le président de la République lui-même, Paul Kagamé, qui affirme
combattre pour la mémoire au nom de l’unité nationale « gagnée dans le feu des
massacres ». Pour d’autres analystes, cette mémoire de Kagamé permet aussi de
maintenir les Hutus dans une sorte de culpabilité collective.
Dans un cas comme dans l’autre, la mémoire doit surmonter de lourds obstacles pour
atteindre la vérité. Dans le cas vendéen, Bernard Chupin s’exprime ainsi : « La Vendée
détail de l’histoire est en réalité le grain de sable susceptible de mettre le doute dans
l’esprit des chercheurs, historiens, étudiants, sur le modèle moral mondial que prétend
être la Révolution française ». Dans le cas rwandais, Paul Kagamé est un Tutsi et pour
cette raison accusé de partialité au détriment des Hutus.
Finalement, en exprimant un point de vue qui n’est pas dominant actuellement, Bernard
Chupin suscite la réflexion et la discussion. Il a ainsi le mérite d’attirer notre attention
sur les obstacles que nous devons surmonter pour que notre chère Vendée militaire cesse
d’être officiellement un détail de l’histoire de la Révolution française.
Jehan de Dreuzy
(1)
Actuellement, 15 % d’entre eux sont passés à l’islam, écœurés par l’attitude de certains prêtres et de
certains démocrates chrétiens.
(2)
« Aux religieux qui usaient du colt 45 au Rwanda, peut-on comparer les prêtres jureurs qui se
compromirent dans la pseudo-justice révolutionnaire en Vendée militaire ? Une étude reste à faire à cesujet. »
[ Revue du Souvenir Vendéen, n° 272, novembre 2015 ]
Un ouvrage à ne pas manquer !
5/5 La Lettre de Vérité pour la Vendée .
.----. Il y a un peu plus d’un an (en août 1994), l’Atelier Fol’fer publiait un essai original de
Bernard Chupin intitulé Vendée 1794 – Rwanda 1994, deux génocides qui se ressemblent.
La démonstration de l’auteur est en effet très convaincante. Familier du bocage vendéen
autant que des collines rwandaises, Bernard Chupin a mené une analyse décoiffante qui
lui a permis d’établir de nombreuses similitudes dans le déroulement de ces « deux
génocides qui se ressemblent » à deux cents ans d’intervalle. Le parallèle est
particulièrement troublant en ce qui concerne la mémoire, l’oubli et la repentance.
Il en ressort que la France républicaine a accumulé des dettes morales tout autant à
l’égard du Rwanda que de la Vendée. En 1965, Bernard Chupin découvrait le Rwanda,
le « pays des mille collines et des cent volcans », la « Suisse de l’Afrique ». Un pays déjà
marqué deux ans plus tôt, en 1963, par des massacres de masse de Tutsi. Ce fut, comme
il le dira dans un de ses ouvrages, Coups de foudre sur le Rwanda, plus qu’une découverte,
une rencontre.
Parallèlement, en Vendée, il fut l’un des premiers acteurs du spectacle du Puy du Fou
entièrement dévolu (à l’origine) au martyre des populations fidèles à leur Dieu et à leur
Roi. Piques, sabres, guillotines d’un côté ; haches, machettes, coupe-coupe de l’autre.
Mais une même haine. Vendée 1794. Rwanda 1994. Dans le bocage vendéen, dans les
collines rwandaises, à deux siècles d’intervalle, ce qui n’est rien au regard du temps, deux
génocides idéologiques.
Ce dossier du génocide rwandais est loin d’être refermé. Le
régime actuel, et le président du Rwanda, Paul Kagamé, en tête, reproche en effet
régulièrement à la France d’avoir soutenu le régime génocidaire, et protégé ses
responsables dans la fuite. L’opération «Turquoise » lancée en juin 1994 par François
Mitterrand, ainsi que les maigres forces de l’ONU, en présence ont été totalement
incapables de stopper un génocide qui fera plus de 800000 morts.
Un prêtre vendéen, le père Gabriel Maindron, fut même condamné par contumace à la
prison à perpétuité en 2010. En 1994, il officiait dans une paroisse de l’ouest du
Rwanda, région où environ 300 000 Tutsis furent massacrés en l’espace de quatre mois!
il est pourtant bien évident que le Père Maindron n’avait aucun moyen de s’opposer aux
génocidaires, quelles qu’aient pu être ses sympathies pour un camp ou pour l’autre ! À
aucun moment, l’auteur n’attaque l’armée française, qui n’a fait qu’obéir aux ordres d’un
gouvernement malheureusement irresponsable, qui n’a pas su évaluer à temps le côté
impitoyable du plan génocidaire.
Bernard Chupin, qui séjourne régulièrement en Vendée et tout aussi régulièrement au
Rwanda, nous livre, avec cet essai, la toute première histoire vraie, sans doute, de ce
génocide en Afrique de l’Est avec le supplément d’âme d’un Vendéen fidèle. Un ouvrage
en tout point remarquable à ne pas manquer. [ La Lettre de Vérité pour la Vendée , n° 45, janvier 2016 ]