Un génocide vendéen ?
5/5 Famille Chrétienne.
.----. La question de la nature des crimes commis en Vendée sous la Terreur agite les historiens depuis plusieurs décennies.
La polémique est née peu de temps avant les célébrations du bicentenaire de la Révolution, déclenchée par la parution d'un ouvrage de Reynald Secher, La Vendée-Vengé. Le Génocide franco-français. Génocide, donc, pour le chercheur, Crime de guerre, lui répond l'historien Jean-Clément Martin. Crime contre l'humanité, défend Patrick Gueniffrey.
Mais les historiens sont-ils bien placés pour répondre à cette question ? , s'interroge le juriste Jacques Villemain. Un crime ne doit-il pas, en toute logique, se mesurer à l'aune de la norme juridique ? " L'historien cherche à décrire et à expliquer les faits et leur enchaînement. Le juge a pour rôle de les analyser, afin d'en déterminer la nature criminelle ou non. Les deux sciences ne sont pas dans un rapport d'opposition, mais de continuité. C'est à partir des conclusions de l'historien que commence le travail du juriste ", explique-t-il en effet. S'appuyant sur le droit et la jurisprudence des tribunaux pénaux internationaux institués dans les années 1990 à la suite des violences perpétrées en ex-Yougoslavie et au Rwanda, Jacques Villemain se livre à une analyse juridique méthodique des faits qui se sont produits en Vendée en 1793 et 1794.
La démonstration se déroule sur le modèle du procès pénal international. L'auteur démontre, définitions juridiques à l'appui, que ces atrocités sont à la fois crime de guerre, crimes contre l'humanité, mais aussi génocide. Il s'attache ensuite à établir la responsabilité pénale des principaux accusés : Turreau, Carrier et Robespierre, dont les noms, note-t-il, ornent nos monuments et plaques de rue. Une grille de lecture inédite et argumentée de l'Histoire qui rend hommage, trente ans après, aux travaux si décriés de Reynald Secher.
[ Signé Elisabeth Caillemer dans " Famille Chrétienne ", numéro 2047 du 8 au 14 avril 2017. Voir www.famillechrétienne.fr ]