Seul pape d’Avignon qui fut béatifié !
5/5 Politique magazine.
.----. Il n’est guère d’époque plus affreuse que le milieu du XIVe siècle : guerres, brigandages, famines, peste, avaient réduit la population d’Europe occidentale à près de sa moitié. Les Turcs avançaient. Les papes avaient fui Rome, en proie aux émeutes populacières et aux ambitions tyranniques. Guillaume Grimoard, né en Gévaudan il y a juste sept siècles, fut élu Souverain Pontife en 1362, quoique n’étant ni évêque ni cardinal, et prit le nom d’Urbain, manifestant ainsi son désir de rejoindre l’Urbs, mais il ne put se maintenir dans la Ville Éternelle. Ce bénédictin, juriste, diplomate, réformateur, fondateur et bâtisseur, est le seul pape d’Avignon qui fut béatifié, tardivement certes, grâce au souvenir qui persistait de lui entre Mende, Montpellier et Marseille.
Yves Chiron nous le fait vivre presque au jour le jour, avec une érudition et un luxe de détails qui peuvent paraître parfois fastidieux, mais qui donnent au récit les couleurs du réel, tantôt éclatantes, tantôt ternes, tantôt sombres. Il rectifie au passage bien des inexactitudes et des idées préconçues, tant sur les événements que sur les mentalités du temps.
Notons tout particulièrement le souci d’Urbain V de l’unité de l’Église (malheureusement, le Grand schisme menaçait) : rapprochement avec les orientaux, souhait de faire reprendre les croisades par l’ensemble des princes chrétiens, missions lointaines, ses tentatives jamais découragées de pacification entre adversaires : potentats italiens, Français et Anglais. Le Vatican – qu’il fut le premier à habiter – n’a pas oublié ses intentions ni ses méthodes.
[ Yves Henri Allard dans Politique magazine, n° 89, octobre 2010 ]
Rigueur et minutie .
4/5 Homme Nouveau .
.----. Un pape français : Considéré par Michelet comme le meilleur pape d’Avignon, béatifié par Pie IX en 1870, Guillaume Grimoard nous est mal connu malgré une destinée exceptionnelle. Bénédictin, père abbé entreprenant, il sera aussi un serviteur du pape Innocent VI avant d’être élu au siège de Pierre en 1362. Il entreprend alors une vaste réforme du clergé, lutte notamment contre le népotisme et la simonie et installe l’université de Cracovie en 1364. Il meurt en Avignon le 19 décembre 1370.
Pourquoi évoquer aujourd’hui ce pape bienheureux ? Tout simplement parce que l’on célèbre cette année le septième centenaire de la naissance de ce grand arbitre des rois, soucieux d’une véritable paix chrétienne. Comme l’écrit Mgr François Jacolin, évêque de Mende, dans sa préface, Yves Chiron a accompli avec cet ouvrage « un véritable travail de… bénédictin » qui « par sa rigueur et sa minutie » pourra « être un jalon utile – qui sait ? – vers la canonisation du bienheureux Urbain V ». À découvrir d’urgence. [ Philippe Maxence dans le numéro 1476 - 11 septembre 2010 de " L'Homme Nouveau ( 10 rue Rosenwald - 75015 - Paris ) ].