Incroyable
5/5 Fideliter N° 214 Juillet-Août 2013
Hospitalisée le 14 juillet 2009 pour de fortes migraines, Angèle Lieby se trouve plongée dans un coma artificiel. Loin de se réveiller elle s'enfonce dans une profonde léthargie : le corps médical la considère d'abord comme inconsciente, puis comme morte. Son mari est invité par un réanimateur à préparer ses obsèques et la possibilité d'un don d'organe est évoquée, puisque la comateuse est en passe d'être débranchée de son respirateur.
Or, chose incroyable, alors qu'elle ne voit rien et qu'elle ne peut absolument pas bouger, Angèle est parfaitement consciente et entend tout. En réalité, elle est victime du syndrome de Bickerstaff.
Son système immunitaire, en répondant de disproportionnée à un refroidissement a détruit la myéline, c'est-à-dire la substance blanche qui protège les fibres nerveuses, la rendant incapable de réagir aux stimulations même les plus douloureuses.
Ce n'est qu'après dix jours qu'elle pourra se manifester à ses proches en pleurant à l'évocation de son anniversaire de mariage. Commence alors une longue rééducation à la respiration autonome, à la parole, à l'alimentation naturelle et à la marche. Tout ce qui paraît naturel pour un adulte doit être réappris, et à quel prix, dans ce qui ressemble plus à un long chemin de croix qu'à une marche triomphale où la vie reprendrait ses droits.
Aux procédures standard que suivent les médecin s et les infirmières, Angèle oppose le point de vue du malade soumis à toutes sortes de tortures sans pouvoir réagir : lavage de sinus
trachéotomie, dysfonctionnement de l'inhalateur, station assise inconfortable, ablation de la sonde stomacale. Sans accuser personne, elle en appelle à un sursaut d'humanité de la part
d'un personnel médical souvent débordé.
Les délicates questions du débranchement des malades et de la donation d'organe sont bien sûr, évoquées. Favorable aux dons d'organes, Angèle craint qu'on profite de son corps encore chaud pour y prélever un rein ou un cœur. Certes, la procédure légale et les examens médicaux obligatoires n'ont pas été mis en œuvre dans son cas, mais les réflexes conditionnés du corps médical en vue d'un don d'organe ne l'ont pas rassurée. Nous non plus.
<p align="right">Abbé François Knittel N° 214 Juillet-Août 2013 de Fideliter (BP 118 - 92153 Suresnes Cedex)</a>