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Une contre-histoire de la colonisation française

Référence : 127728
3 avis
Date de parution : 24 janvier 2023
Auteur : GHALI (Driss)
Collection : LE CERCLE ARIST
EAN 13 : 9782865533343
Nb de pages : 320
24.00
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Description
"Si vous croyez que la France s'est enrichie aux colonies, vous vous trompez, car la colonisation a été une très mauvaise affaire du point de vue économique et financier. Si vous croyez que les quelques milliers de kilomètres de route et de canaux d'irrigation légués par la France avaient de quoi assurer le décollage économique des colonies, vous vous trompez aussi, car la France a très peu investi dans son empire, par manque d'argent et de volonté politique.
Le problème est simple à énoncer, mais il est interdit d'en parler : l'histoire de la colonisation est la "propriété privée" de lobbies, français et étrangers, qui n'ont aucun intérêt à ce que la vérité soit connue des Français, des Maghrébins et des Africains.
C'est pour cela que j'ai écrit ce livre, véritable antidote contre la désinformation et la pensée unique. Il explose les cloisons mentales qui dissimulent la véritable histoire de la colonisation française. Et vous libèrera des mensonges institutionnels qui servent des intérêts qui ne sont pas les vôtres. Il vous permettra d'argumenter efficacement avec des gens de bonne et de mauvaise foi." indique Driss Ghali, auteur de ce livre.
TitreUne contre-histoire de la colonisation française
Auteur GHALI (Driss)
ÉditeurGODEFROY JEAN-CYRILLE (EDITIONS)
Date de parution24 janvier 2023
Nb de pages320
CollectionLE CERCLE ARIST
EAN 139782865533343
PrésentationBroché
Épaisseur (en mm)23
Largeur (en mm)155
Hauteur (en mm)240
Poids (en Kg)0.50
Les avis clients
Début d'un 2ème article de Causeur
5/5 https://www.causeur.fr/
.----. L’universitaire américain Bruce Gilley s’est lancé dans une entreprise périlleuse : la défense du colonialisme européen ! Il démontre les bienfaits de l’impérialisme en comparant le développement des pays qui ont renoncé aux legs de leurs anciens occupant à ceux qui les ont conservés. Dans son nouveau livre, notre contributeur et ami Driss Ghali construit, pour sa part, un récit dépassionné de la colonisation. « Ceux qui creusent des fondations profondes / Sur lesquelles des royaumes stables peuvent se construire / Récoltent peu d’honneurs… » Ces vers du poète impérialiste anglais Rudyard Kipling, écrits en 1905, présagent du sort des administrateurs coloniaux européens qui, à cette époque, œuvraient tant bien que mal pour introduire des méthodes de la bonne gouvernance moderne dans des sociétés n’ayant pas connu le développement accéléré des pays occidentaux. Aujourd’hui, ces fonctionnaires ne sont pas l’objet de reconnaissance, mais de condamnations sans appel. Dans nos universités et nos médias, le colonialisme incarne le Mal absolu. Il se réduit à quatre mots : déprédation, esclavage, racisme et génocide. Comment défendre un tel phénomène ? En France, on se souvient du tollé scandalisé qui, en 2005, a accueilli la loi préconisant, entre autres choses, la reconnaissance dans les programmes scolaires du « rôle positif de la présence française outre-mer ». L’alinéa en question a été supprimé l’année suivante. Ne désespérons pas. Un nouveau champion du colonialisme a surgi : Bruce Gilley, professeur de science politique à l’université de Portland aux États-Unis. En 2017, il a publié dans une revue universitaire une plaidoirie pour les empires européens, « The case for colonialism ». Dès sa parution en ligne, les réactions horrifiées se multiplient autour de la planète. Trois pétitions sont lancées contre Gilley, chacune par un professeur – de danse contemporaine, de littérature anglaise et enfin d’histoire. On exige qu’il soit déchu de son doctorat, « ostracisé » et « humilié publiquement ». On l’accuse d’encourager la violence contre les non-Blancs et d’être coupable de « déni d’holocauste ». Sur les 34 membres du conseil de rédaction, 15 démissionnent en guise de protestation. Quand le rédacteur en chef reçoit des menaces de mort de la part d’internautes indiens, Gilley retire volontairement son article qui sera republié par une autre revue défendant la liberté intellectuelle. [ Signé : Jeremy Stubbs le 31 mars 2023 ] P.S. : Causeur : Venez-nous voir, il ne vous sera fait aucun mal. Visitez le site, achetez ou abonnez-vous au magazine, faites-le connaître à vos amis et à vos ennemis. Vous risquez de vous énerver, pas de vous ennuyer. ( Elisabeth Lévy directrice de la rédaction )
L'épineuse question de la colonisation ?
5/5 https://www.causeur.fr/
.----. En juillet 1830, à peine vingt-et-un jours suffisent à Charles X pour chasser les Turcs d'Alger. Une victoire éclair qui place la France dans un bourbier dont elle ne parvient toujours pas à s'extirper. Alors que les relations entre la France et l'Algérie sont pour le moins difficiles, entre quatre et six millions d'Algériens vivraient actuellement sur le sol français, selon les autorités algériennes. Régénérer une France dépressive Quels ont été les ressorts de la colonisation française ? C'est la tâche ardue que s'est donnée Driss Ghali. « C'est bien ici, pour notre race, ce qu'est le Far West pour l'Amérique, c'est-à-dire le champ par excellence de l'énergie, du rajeunissement et de la fécondité. [.] La plante qui pousse sur cette terre, ce n'est pas qu'un Français diminué, mais si j'ose m'exprimer ainsi, un Français majoré ». Ainsi s'adresse le maréchal Hubert Lyautey aux colons de la région de Tiaret, en Algérie en 1897. À travers les colonies, il s'agit donc de créer un « homme nouveau », et à travers celui-ci, de régénérer une France dépressive. Privée de la Savoie pendant un an de 1859 à 1860, la France se voit amputée de l'Alsace et de la Lorraine en 1871, annexées par l'Allemagne. À cette grande frustration s'ajoute le poids de la révolution et de Napoléon Ier. Aux yeux de l'Europe, la France est coupable d'avoir guillotiné son roi et d'avoir fait germer l'épopée napoléonienne, qui a failli engloutir tout le continent. D.R. La France du XIXème est donc « une puissance empêchée », estime Driss Ghali, et elle trouvera dans la colonisation un exutoire. Il faut dire que tant dans l'industrie, la science, la médecine que les arts, tout sourit à l'homme européen du XIXème siècle. Déjà au XVIème siècle, les Ibériques colonisaient l'Amérique sans ménagement. Trois siècles plus tard, les Américains déciment les Amérindiens avant d'envahir les Philippines. Quant aux Russes, ils rêvent de dominer ces steppes gelées que sont la Sibérie, l'Asie Centrale et la Sibérie. Pourquoi ne pas tenter nous aussi l'aventure ? L'Histoire indique la marche à suivre. Deux siècles auparavant, les expéditions au Canada et aux Antilles se sont révélées fructueuses. En 1608, Samuel de Champlain fondait la ville de Québec et trois décennies plus tard, la France s'implantait aux Antilles. En juillet 1830, la France intervient donc en Algérie. On ne sait rien de cette contrée mais peu importe, on explore, on tâtonne, on ne pense pas au futur car on vit au jour le jour. On avance au coup par coup, guidé par une politique d'opportunités qui ne se conçoit qu'à court terme. Ainsi démarre l'aventure coloniale. La mission civilisatrice, une légende Qu'en est-il alors de la fameuse « mission civilisatrice » de la France, moteur de la colonisation selon l'histoire officielle ? Une légende, s'attelle à démontrer Driss Ghali, qui rappelle que si la France a interdit l'esclavage et a mis fin aux guerres civiles, elle a immédiatement « tourné le dos au colonisés » : « pas d'instruction, peu ou pas de soins, pas de transferts de technologie. Les choses n'ont commencé à changer qu'au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, soit dix ou quinze ans avant la décolonisation ». Certes, mais la France s'est enrichie sur le dos de ses colonies, entend-on régulièrement. Cela est faux, s'attelle aussi à démontrer Driss Ghali. « La colonisation à été une dilapidation des deniers publics et des ressources humaines. D'un point de vue strictement financier, la France aurait mieux fait d'investir ses capitaux et ses talents en métropole ou bien en Europe », écrit-il. Quant aux fameux sous-sols de l'Algérie, ils n'arriveraient pas à la cheville des sous-sols sud-africains ou australiens. Donc la colonisation française, finalement, un détail de l'Histoire ? Ce n'est pas du tout la thèse du livre, qui s'attache à prouver en quoi elle fut une absurdité, « une idée tordue ». Apartheid au sein des pays colonisés, administration défaillante, coûts exorbitants des armements, manque d'infrastructures minières, mais aussi peur de la syphilis et frustration sexuelle etc. Au fil des pages, la colonisation s'apparente de plus en plus à un rocher de Sisyphe n'en finissant pas de redescendre sur le colon. Et tandis que le fardeau des conquêtes devient de plus en plus lourd, il semble évident que le piège s'est déjà refermé, que la France est prise à son propre jeu. Vient alors l'heure des crimes coloniaux. Guidé par un souci d'impartialité, Driss Ghali leur consacre un long chapitre. Passages à tabac d'indigènes saluant mal de hauts fonctionnaires au Gabon, bombardement de civils marchant pacifiquement en Indochine, torture généralisée dans les commissariats de cette même Indochine, main d'œuvre réduite à l'état de quasi esclaves en Afrique Australe, l'inventaire est glaçant. Pourtant, « par égard à la sensibilité du lecteur », Driss Ghali s'est refusé à citer les passages les plus atroces du pamphlet anticolonialiste Les Jauniers de Paul Monnet. D'Albert Londres, il est aussi question, ainsi que de Frantz Fanon. Si l'auteur des Damnés de la Terre n'est cité qu'une seule fois, son âme est présente, ce qui vaut à cet ouvrage quelques accents tiers-mondistes. Pas un bouquin pour Houria Bouteldja Les actuels autoproclamés indigénistes y trouveront-ils leur compte ? Sans doute pas. Les nostalgiques de l'Algérie française non plus, et c'est ce qui fait toute la force de cet ouvrage. À l'heure où la question algérienne est objet des crispations les plus malsaines, où la question de l'Empire colonial est sujette aux récupérations les plus fanatiques, Driss Ghali fait preuve d'un vrai sens de la nuance dans son analyse. Et quand il donne son avis au détour d'un paragraphe, c'est généralement pour mieux rebattre les cartes. Comme il le rappelle d'emblée dans le préambule, Driss Ghali n'a pas de formation d'historien. Par conséquent, Une contre-histoire de la colonisation française sera-t-elle ignorée par les Pascal Blanchard, Benjamin Stora ou autres historiens ayant leurs entrées dans les médias ? Ce serait une grande erreur. D'abord parce que le livre est richement documenté et ensuite, parce qu'il est guidé par la recherche de la vérité. Sans manichéisme, le livre nous amène à poser un regard dépassionné et apaisé sur ce que fut la colonisation française. La fin nous réserve toutefois des considérations plus personnelles. Le chapitre aux airs de pamphlet anti-multiculturel était-il vraiment nécessaire ? Les lecteurs en jugeront. Ce qui est certain, c'est qu'en se demandant si l'on peut parler de bienfaits de la colonisation, ou s'il ne vaut pas mieux « sourire à l'avenir » que « pleurer le passé », Driss Ghali pose de vraies questions. Les solutions préconisées pour la réconciliation, pour un avenir moins sombre que celui qui s'annonce, mériteraient d'être plus développées, bien plus. Mais est-ce à Driss Ghali de s'en charger ? Plutôt que de rester pétrie sur elle-même avec la crainte (ou l'espérance) d'être submergée par l'Afrique, la France ne devrait-elle cesser d'être sur la défensive pour renouer avec une véritable politique africaine ? Espérons sans trop y croire que Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères, se plonge sérieusement dans ce dossier. Il est déjà bien tard. En attendant, Une contre-histoire de la colonisation française est un ouvrage accompli, que devrait lire chaque personne s'intéressant, de près ou de loin, à l'épineuse question de la colonisation. [ Signé : Alexis Brunet - Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022) - texte publié le 24 février 2023 ] P.S. : Causeur : Venez-nous voir, il ne vous sera fait aucun mal. Visitez le site, achetez ou abonnez-vous au magazine, faites-le connaître à vos amis et à vos ennemis. Vous risquez de vous énerver, pas de vous ennuyer. ( Elisabeth Lévy directrice de la rédaction )
Des mensonges institutionnels ?
4/5 https://www.breizh-info.com/
.----. Driss Ghali, que nous avions interrogé il y a quelques semaines au sujet d’un autre livre évoquant notamment la question de l’immigration en France, sort un autre ouvrage, aux éditions Cyrille Godefroy, intitulé « Une contre histoire de la colonisation française ». Un livre présenté ainsi. « Si vous croyez que la France s’est enrichie aux colonies, vous vous trompez, car la colonisation a été une très mauvaise affaire du point de vue économique et financier. Si vous croyez que les quelques milliers de kilomètres de route et de canaux d’irrigation légués par la France avaient de quoi assurer le décollage économique des colonies, vous vous trompez aussi, car la France a très peu investi dans son empire, par manque d’argent et de volonté politique. Le problème est simple à énoncer, mais il est interdit d’en parler : l’histoire de la colonisation est la «?propriété privée?» de lobbies, français et étrangers, qui n’ont aucun intérêt à ce que la vérité soit connue des Français, des Maghrébins et des Africains. C’est pour cela que j’ai écrit ce livre, véritable antidote contre la désinformation et la pensée unique. Il explose les cloisons mentales qui dissimulent la véritable histoire de la colonisation française. Et vous libèrera des mensonges institutionnels qui servent des intérêts qui ne sont pas les vôtres. Il vous permettra d’argumenter efficacement avec des gens de bonne et de mauvaise foi » Pour l’évoquer – l’avantage de l’auteur étant qu’il ne manie pas la langue de bois – nous avons interrogé Driss Ghali. Breizh-info.com : Comment est-ce que l’on s’y prend pour écrire une histoire de la colonisation française qui se veut dépassionnée ? Driss Ghali : Il est très facile de haïr, d’accuser et de juger. Mais, il est difficile de comprendre ce qui s’est passé réellement sur le terrain aux colonies, de découvrir les motivations des uns et des autres, de dessiner leurs parts d’ombre et de lumière. J’ai choisi le chemin le plus difficile car le lecteur mérite d’accéder à la complexité de l’histoire coloniale et à la richesse des personnages qui ont fait la colonisation ou qui l’ont combattue. Pour mener à bien cet exercice, il faut du travail, un travail acharné et patient. J’ai mis deux ans à recenser les mensonges officiels de gauche comme de droite, et à les démonter un par un pour que le lecteur sorte de la lecture de ce livre avec toutes les clefs pour comprendre le phénomène et se faire sa propre opinion. Il faut bien sûr beaucoup d’humilité pour ne pas plaquer ses propres opinions sur les faits. De l’humilité aussi pour rester à sa place et ne pas se retrouver à donner des leçons de morale à des immenses personnages comme Lyautey ou Abdelkader. De l’humilité bien sûr pour reconnaître ses propres limites intellectuelles et essayer de les repousser c’est-à-dire accepter d’apprendre : prendre le risque de changer d’avis. Nous vivons une époque égocentrique, pleine de certitudes creuses et arrogantes, un peu d’humilité nous ferait du bien. Et puis, j’allais l’oublier : il faut une énorme dose d’amour de la France. C’est par amour que l’on se creuse les méninges et que l’on épluche les rapports d’exploration du XIX° siècle sachant que l’on se fera attaquer par la bien-pensance. Breizh-info.com : Quelles sont les racines et les origines de la colonisation française ? Driss Ghali : En un mot, dans la folie ! Il n’y a aucune explication rationnelle qui suffise à expliquer la colonisation française. Les raisons objectives que l’on nous enseigne à l’école n’ont aucune prise sur la réalité. On nous a dit que la France a voulu s’enrichir aux colonies, c’est faux car le capitalisme français n’a pas voulu investir outre-mer. Il n’a pas placé ses hommes et ses capitaux car il avait plus d’argent à faire en Russie, aux Etats-Unis et en Argentine. On nous a dit aussi que la France voulait civiliser les indigènes, or elle les a largement ignorés tout au long de la colonisation. Enfin, on nous dit que la France a colonisé pour des raisons de prestige, mais il faut se rendre à l’évidence que les Européens que la France voulait impressionner n’avaient d’yeux que pour l’Europe, la Russie, l’Amérique du Nord voire l’Empire Ottoman. S’emparer de Bamako ou d’Alger n’a jamais fait briller d’admiration les yeux de l’opinion publique britannique ni des diplomates russes ! En réalité, la colonisation est le fruit d’un processus largement habité par l’émotion voire par la déraison. Tout s’est joué en deux dates majeures. En 1815, la France a été confinée dans ses frontières naturelles et empêché de créer des alliances avec d’autres pays européens, en vertu du Congrès de Vienne. En 1870, la France perd l’Alsace-Lorraine au profit des Prussiens. Quand on « somme » ces deux dates, on obtient un pays puissant, industriel, dynamique mais qui est empêché d’exercer son influence en Europe et qui est humilié aux yeux de ses voisins. Cette douleur, cette frustration sont saisies par la Troisième République, la gauche donc, qui propose l’outre-mer comme un horizon au peuple français. Ça s’est passé autour de 1880-1885. L’indigène n’a jamais été au centre de l’équation. L’on a décidé de coloniser pour soigner une « maladie » franco-française et non pour piller les uns ou pour civiliser les autres. Breizh-info.com : Plusieurs décennies après la décolonisation, que peut-on souligner en matière de conséquences pour les pays décolonisés ? Pourquoi les pays d’Asie colonisés semblent avoir pris un essor certain, ce qui n’est pas le cas en Afrique par exemple ? Driss Ghali : La colonisation française n’a pas pu toucher l’essentiel à savoir les mœurs, les mentalités et les valeurs. Elle a changé certains paysages (comme la plaine de la Mitidja en Algérie), mais elle n’a pas changé la civilisation. Or, c’est la civilisation qui détermine le développement. Soit on a le bon « programme mental et moral » pour devenir un pays développé, soit on ne l’a pas. L’Afrique et le monde arabe ne l’ont jamais eu, c’était le cas avant la colonisation, et c’est resté le cas durant et après. En Indochine, la civilisation locale était mûre pour passer à l’étape industrielle. Elle avait réussi à insuffler l’esprit de discipline au sein de la population, à sacraliser le travail et le sacrifice au profit d’un bien supérieur. La colonisation française n’a rien rajouté, elle a juste accouché d’un pays nommé Vietnam et fixé ses limites, car avant le Vietnam se répandait sur trois régions disparates et étaient sur le point d’absorber le Cambodge. Je pense que, colonisation ou pas, l’Indochine allait rejoindre le monde moderne, à l’exemple du Japon qui a pu se moderniser sans être occupé par qui que ce soit. Breizh-info.com : L’exemple algérien témoigne d’un formidable gâchis économique. Comment l’expliquez-vous ? Driss Ghali : Cela s’explique aisément par la civilisation. La civilisation en place en Algérie n’est pas du tout compatible avec le développement économique. Elle ne fomente pas le Sérieux, or sans rigueur, discipline et sens du sacrifice on ne s’arrache pas au sous-développement. Tout le pétrole du monde ne peut rien contre une civilisation qui a tiré le frein à main ! Il en va de même au Maroc et en Tunisie, en dépit des apparences et de la propagande de quelques journalistes français qui confondent les ronds-points flambant neufs avec le développement. Sauf qu’au Maroc et en Tunisie, les régimes en place ont eu la sagesse de ne pas empêcher les forces vives de s’enrichir et d’investir. Cela a rendu la vie des Marocains et des Tunisiens moins intolérable que celles des Algériens. Breizh-info.com : Quel regard portez-vous sur les nombreux travaux de Bernard Lugan sur la question ? Driss Ghali : C’est un maître, il a tout mon respect. Il est « Marocain » comme moi, car né à Meknès je crois. Je suis tout de même moins enthousiaste que lui sur les apports de la colonisation. Toutes les routes construites, tous les canaux d’irrigation posés ne compensent pas l’immense abandon des populations indigènes durant la colonisation, privées d’éducation et de santé. Au Maroc, les musulmans n’avaient pas le droit d’aller au collège ! Cela a commencé à changer après 1945. En Côte d’Ivoire, en 1916, il y avait à peine 46 lits d’hôpitaux réservés aux indigènes : 46 ! Breizh-info.com : Au final, quel bilan synthétique de la colonisation française tirez-vous ? Et quel bilan de la décolonisation ? Driss Ghali : La colonisation a été une idée tordue qui a eu des résultats inespérés. Certains sont de véritables bienfaits qu’il faut célébrer et dont les Français peuvent être fiers. Vos aïeux qui nous ont colonisés nous ont libérés de l’esclavage, des razzias, de la loi des seigneurs et des chefs de guerre, de la peste et de la maladie du sommeil. En dépit du manque de moyens mis à disposition des colonies, des hommes exceptionnels, civils et militaires, laïcs ou religieux, ont inventé des solutions ingénieuses pour alléger le fardeau de l’existence des indigènes. Ainsi, le vaccin contre la peste a été inventé à Madagascar en 1932. Plus important encore peut-être est le réveil de nos civilisations suite à l’électrochoc colonial. Vous avez démontré aux Algériens qu’il est possible de tirer quelque chose de la Mitidja, réputée insalubre à cause des marais ; aux Marocains qu’il est possible de vaincre les obstacles naturels posés par l’Atlas, aux Ivoiriens qu’il est possible d’obtenir d’énormes rendements agricoles en dépit des parasites et des insectes. Vous nous avez redonné confiance en nous-mêmes. Et puis, j’allais l’oublier : vous avez contribué à libérer les femmes de leur servitude et fait émerger le statut de l’enfant qui bien souvent n’existaient pas outre-mer. Les juifs d’Afrique du Nord ont eu dans la colonisation une chance historique d’échapper à la servitude millénaire qui leur était imposée par les musulmans. La décolonisation, on l’oublie souvent, a été plus une formalité qu’autre chose. A part l’Indochine, le Cameroun et l’Algérie, la France a « donné » l’indépendance à ses colonies. D’ailleurs, une grande partie des pays africains ne voulaient pas de l’indépendance, en tout cas pas tout de suite. Ils voulaient une relation plus équilibrée et non la séparation (je pense à Houphouët Boigny de Côte d’Ivoire ou à Senghor du Sénégal notamment). Ce petit détail a échappé à nos « amis » indigénistes et décoloniaux. Une fois l’indépendance acquise, les civilisations locales ont repris la vedette. D’où le naufrage de la plupart des anciennes colonies françaises, plus ou moins total, plus ou moins absolu. D’ailleurs, les colonies britanniques n’ont pas eu un sort meilleur, voyez les catastrophes en chaîne survenues au Libéria, en Sierra Leone ou même au Nigéria après la libération : guerres civiles, présidents assassinés, destruction des infrastructures. Je ne vois pas pourquoi on dit que les anciennes colonies britanniques se portent mieux que les anciennes colonies françaises. Breizh-info.com : Comment expliquez-vous que le débat historique en France sur la question soit quasi totalement monopolisé (y compris dans l’éducation nationale) par les décoloniaux ? Driss Ghali : La France est elle-même colonisée en ce moment. Il est donc essentiel pour le pouvoir en place et pour les petits malins qui le servent de cacher cela, en brouillant les pistes et en détournant l’attention du public. D’où le délire victimaire et l’inflation des études sur la colonisation française. On vous parle à longueur de journée de la guerre d’Algérie pour vous faire oublier la colonisation en cours du territoire français par l’immigration de masse. Nous vivons une véritable situation coloniale en 2023 avec deux peuples face à face et une concurrence territoriale évidente. Je vous rappelle que nous avons plus de 700 zones urbaines sensibles selon le Ministère de l’Intérieur c’est-à-dire 700 zones où la France est mise entre parenthèses. Des zones où des populations étrangères supplantent les Français, où des gangs étrangers ou d’origine étrangères évincent la police français et la pègre française elle-même ! [ Propos recueillis par YV le 2 mars 2023 ] P.S. : BREIZH-INFO est un webmédia quotidien défendant une ligne éditoriale indépendante. Ancré en Bretagne, il est un média généraliste proposant une actualité locale, régionale, nationale et internationale. Il propose également des sujets autour des loisirs, de la culture, du sport ou encore de la santé et des sciences...