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Une contre-révolution catholique - Aux origines de La Manif pour tous

Référence : 107724
2 avis
Date de parution : 7 mars 2019
Collection : SCIEN HUM (H.C)
EAN 13 : 9782021371932
Nb de pages : 384
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Description
Un grand renversement s'opère dans le catholicisme français. Le renouveau attendu des avant-gardes des années 1960 n'est pas arrivé. Alors que la pratique religieuse s'effondre, l'avenir de l'Eglise dépend maintenant de ceux qui restent. Refusant l'alternative de l'intégrisme et du progressisme, ces catholiques ont accepté le concile Vatican II mais compensent ses effets déstabilisateurs par un surcroît de fidélité au magistère romain.
Ancrés dans la théologie de Jean-Paul II puis de Benoît XVI, ils considèrent que la démocratie ne doit pas s'affranchir de l'ordre naturel. Depuis l'opposition à la loi Veil qui a légalisé l'avortement, leur savoir-faire militant n'a cessé de s'enrichir. L'ampleur des Manifs pour tous a dévoilé leur force. Mais cette capacité de mobilisation ne peut être comprise en dehors des évolutions de la vie politique.
Instrumentalisé comme frontière de l'identité nationale, renfort moral de la République ou levier d'une prise de conscience écologique, le catholicisme est redevenu une ressource politique légitime et la conquête de son électorat un enjeu disputé à droite. Ce livre vif et passionnant retrace l'histoire politique du catholicisme conservateur depuis la fin du XXe siècle. Il apporte un éclairage inédit sur la genèse de La Manif pour tous et les transformations de la société française qui l'accompagnent. 
Yann Raison du Cleuziou est maître de conférences en science politique à l'université de Bordeaux et chercheur au Centre Emile-Durkheim (CNRS). Il a déjà publié Qui sont les cathos aujourd'hui ? Sociologie d'un monde divisé (Desclée de Brouwer, 2014).
TitreUne contre-révolution catholique - Aux origines de La Manif pour tous
Auteur RAISON DU CLEUZIOU (Yann)
ÉditeurSEUIL (EDITIONS DU)
Date de parution7 mars 2019
Nb de pages384
CollectionSCIEN HUM (H.C)
EAN 139782021371932
PrésentationBroché
Épaisseur (en mm)28
Largeur (en mm)147
Hauteur (en mm)221
Poids (en Kg)0.42
Critique du libraire
Entretien Jeudi 7 mars paraissent deux ouvrages, L'Archipel français et Une contre-révolution catholique, qui évoquent la place et l'avenir du catholicisme français. La Croix a organisé un débat avec les deux auteurs, le sondeur Jérôme Fourquet et l'historien et sociologue Yann Raison du Cleuziou. Elle montre la montée en puissance d'un catholicisme qualifié de conservateur. Extraits : Y. R. d. C. : Pour cette raison j'ai voulu travailler, non pas sur ceux qui partent mais sur ceux qui restent pour penser le devenir de l'Église. Je me suis concentré sur une portion très militante que j'appelle les catholiques observants, que nous pouvons qualifier de conservateurs. Ces derniers possèdent une capacité de perpétuation, de transmission de la foi, supérieure aux autres catholiques. En raison du contexte de déclin, ils deviennent donc, mécaniquement, de plus en plus visibles. Car la fin de la matrice catholique ne signifie pas pour autant la fin du catholicisme. J. F. : Non, évidemment. Il demeure des catholiques en France. Les pratiquants du dimanche oscillent entre 2 à 6 % de la population. Lorsqu'on demande aux gens s'ils sont pratiquants, le chiffre grimpe autour de 10 %. Très minoritaires, les catholiques restent encore actifs et présents. Mais, ils ne constituent plus une force structurante de la société. Y. R. d. C. : Paradoxalement, j'observe que malgré le déclin de la pratique, les catholiques sont revenus au centre du jeu politique. Avec La Manif pour tous ou François-Xavier Bellamy par exemple. Majoritaires, les catholiques géraient leur rente de situation assez passivement, minoritaires ils s'engagent et se structurent en un contre-pouvoir puissant. Mais ces catholiques observants ne représentent pas tous les catholiques français. Y. R. d. C. : Bien sûr, ils ne représentent que 30 % des pratiquants hebdomadaires mais possèdent des ressources militantes que n'ont pas les autres catholiques. Depuis les années 1970, ces observants ont pratiqué une sécession à l'égard, non pas de l'Église, mais des institutions diocésaines, en reprenant le contrôle de la transmission de la foi à leurs enfants pour les faire échapper à la pastorale post-conciliaire qu'ils estimaient faible. J. F. : Ils se sont en effet beaucoup appuyés sur l'institution de la famille pour transmettre. Il existe un parallèle évident entre les phénomènes que décrit Yann Raison du Cleuziou et l'analyse que nous avons effectuée sur les prénoms dits « BCBG ». Ce choix de prénoms demeure résiduel - 4 % des nouveau-nées filles. Mais, il est intéressant de constater que le regain date du début des années 1980, au moment où ces familles prennent conscience qu'elles doivent, plus que jamais, investir la sphère familiale car l'influence du catholicisme au niveau de la société devient trop faible à leurs yeux. Le développement des écoles hors contrat participe du même phénomène. [...] Y. R. d. C. : Je pense que les catholiques ne seront jamais une minorité comme une autre. Ils disposent de ressources patrimoniales, organisationnelles qui leur donnent un atout incomparable. Parmi les catholiques observants, je constate aussi que tous ceux qui ont prôné le retrait de la société ont systématiquement été mis en minorité. Ce sont toujours les courants qui cherchent à reconquérir qui l'emportent. La Manif pour tous, oui, c'est un échec. Mais tout le redéploiement militant qui a suivi en investissant la politique ou la culture aura des effets de long terme. Et ça, c'est déjà un succès. Les catholiques conservateurs ne se désintéressent pas de la société. Au contraire, ils s'y sur-investissent afin d'échapper à un destin de minorité dominée. [...] Michel Janva le 8 mars 2019 www.lesalonbeige.fr
Les avis clients
Vers un catholicisme religieux ?
5/5 Renaissance catholique .
.----. À une semaine d’intervalle deux signaux, en apparence contradictoires, ont été émis par les catholiques de France. D’une part, le score électoral très modeste de François-Xavier Bellamy aux élections européennes, même dans les isolats catholiques votant traditionnellement à droite de l’ouest parisien, atteste qu’une part notable de la bourgeoisie catholique accorde plus d’importance à la défense de ses intérêts matériels qu’aux principes moraux défendus par l’Église. D’autre part, la nouvelle progression très sensible du nombre de participants au pèlerinage de Pentecôte Paris-Chartres (14 000 participants, moyenne d’âge : 21 ans), atteste qu’une part siginificative, et la plus jeune, du catholicisme contemporain est capable de sacrifier trois journées de vacances pour prier, souffrir, être enseignée, vivre en autarcie une micro-chrétienté itinérante, participer à une liturgie sublime et immémoriale et écouter les paroles de feu et de combat d’un évêque, Mgr Léonard, archevêque émérite de Malines-Bruxelles, : qu’il n’aurait été possible d’entendre, il y a quelques décennies, que dans la bouche de… Mgr Lefebvre. Les fidèles de ce dernier rassemblant de leur côté 4 000 marcheurs dont 1 600 pour la colonne enfants-adolescents, aux mêmes dates, mais en sens inverse. Deux catholicismes se font face Deux catholicismes se font face. Un catholicisme vieillissant, sociologiquement installé, bourgeois, résiduel qui a d’autant plus pris son parti du monde tel qu’il est qu’il y a, confortablement, trouvé sa place. C’est le catholicisme institutionnel, dominant, de la conférence des évêques de France, de l’enseignement catholique, de la direction de l’ICES. Là-contre, émerge, chaque jour plus puissant, un catholicisme que dans un passionnant essai, intitulé Une contre-révolution catholique. Aux origines de la Manif Pour Tous, le sociologue Yann Raison du Cleuziou a qualifié de « catholicisme observant ». Ce catholicisme observant, autrefois on aurait dit « intransigeant », se fixe comme objectif prioritaire la transmission intégrale de la foi catholique et n’a pas renoncé à féconder la société civile des valeurs de l’Evangile. Il est un fait que depuis une cinquantaine d’années les deux structures privilégiées de transmission de la foi qu’étaient l’Eglise et l’école catholique ont largement renoncé à leur mission. Le catéchisme n’est plus enseigné, une liturgie désacralisée fait l’impasse sur la transcendance de Dieu et ses mystères, etc. N’ont réussi à transmettre le dépôt sacré de la foi, sauf exceptions, que les familles qui ont trouvé en elles-mêmes les ressorts moraux, intellectuels et spirituels de la transmission. À l’aune de ce constat, le catholicisme s’est réduit à une partie de la bourgeoisie catholique, accompagnée par quelques prêtres, qui avait les moyens intellectuels de résister à l’apostasie immanente des « nouveaux prêtres » selon l’expression de Michel de Saint-Pierre. Yann Raison du Cleuziou, comme avant lui Guillaume Cuchet dans Comment notre monde a cessé d’être chrétien, confirme que seules ces familles observantes ont transmis et transmettent encore la foi. Le catholicisme de gauche est mort, même si son cadavre bouge encore dans les officines épiscopales. Des lieux de rencontre La Manif pour Tous, comme le Pèlerinage de Chrétienté à la Pentecôte, a été le lieu de rencontre de ces différentes familles « observantes » soit : la mouvance charismatique (Emmanuel, Béatitudes), les néo-classiques (communautés Saint-Jean, Saint-Martin), les traditionalistes (communautés Ecclesia Dei et Fraternité Saint Pie X). Les uns et les autres acceptent de vivre en opposition avec les valeurs dominantes de la société post moderne, par fidélité à la loi de Dieu. Le point de clivage le plus apparent entre ces différentes mouvances est, bien sûr, la question liturgique. Les jeunes générations sont, d’un côté comme de l’autre, moins sensibles à cette ligne de fracture sans doute amenée à s’estomper au fil du temps au bénéfice d’une liturgie réformée resacralisée voire de la liturgie traditionnelle. Aujourd’hui 25% des ordinations sacerdotales en France sont effectuées selon la forme extraordinaire du rite romain alors que les traditionalistes ne représentent que 3 ou 4 % des catholiques. De nombreux évêques, que leur histoire ne prédisposait guère à célébrer cette forme du rite romain, s’y mettent peu à peu. Citons Mgr Cattenoz à Avignon, Mgr Rey (de la communauté de l’Emmanuel) à Toulon, Mgr Aillet (de la communauté Saint-Martin) à Bayonne. La fécondité « vocationnelle » de la messe traditionnelle est un fait qui n’est plus à démontrer, uniquement contredit par l’essor de la communauté Saint-Martin. Ce tableau des catholiques observants serait incomplet si n’était notée leur relation « décomplexée » avec l’épiscopat français, fruit d’une histoire tumultueuse. La communauté Saint-Martin trouve son origine à Gênes car son fondateur, l’abbé Guérin, était persona non grata en France malgré son acceptation de la réforme liturgique. Pendant plusieurs années, de 1983 à 1989, les pèlerins de la Pentecôte à Chartres n’ont pas eu le droit de faire célébrer la messe dans la cathédrale. Tout est « oublié, pardonné » mais… Inexorablement, pour des raisons simplement biologiques, le poids des catholiques observants est amené à croître dans l’Eglise de France. Qui sauvera le diocèse de Montauban dont l’évêque, Mgr Ginoux, vient de confier à l’Homme Nouveau que la moyenne d’âge de son clergé est de 78 ans et que sur les 30 prêtres actifs de son diocèse la moitié sont étrangers, essentiellement africains ? Quelle manifestation politique ? L’émergence politique des catholiques observants s’est faite à l’occasion des manifestations pour la défense du mariage naturel. Traditionnellement ces catholiques étaient la chasse gardée du Front national. Les catholiques traditionalistes étaient nombreux au bureau politique du FN, la fête annuelle des BBR commençait par la célébration de la messe traditionnelle, le programme était très inspiré de la doctrine sociale de l’Eglise rappelant le caractère sacré de la vie humaine innocente, refusant la banalisation de l’avortement, promouvant le chèque scolaire, favorisant la liberté d’enseignement, etc. Sous la conduite de Marine Le Pen ce programme a été sensiblement édulcoré, le Rassemblement national ayant, désormais, sur l’avortement, l’euthanasie, la loi Léonetti des positions très politiquement correctes. Comme l’ont montré ses entretiens avôec Samuel Pruvost, dans son livre 2017 Les candidats à confesse, la présidente du Rassemblement national semble entretenir un lourd contentieux non avec la foi, dit-elle, mais avec les chrétiens, ce qui ne simplifie pas les choses. François-Xavier Bellamy, figure nouvelle de la vie politique, vrai ou faux ingénu, l’avenir le dira, intellectuellement très supérieur à l’ensemble de ses rivaux a accepté une mission impossible : assumer des valeurs conservatrices et, disons sommairement, de droite à la tête d’une organisation politique qui depuis des décennies trompe ses électeurs. Signe patent de la confusion des esprits : le successeur, provisoire, de Laurent Wauquiez à la tête des Républicains est Jean Léonetti, promoteur de la loi portant son nom rendant possible l’arrêt de l’hydratation et de l’alimentation de Vincent Lambert contre laquelle s’est élevé… François-Xavier Bellamy. Le fait est que le résultat des élections européennes n’a en aucune façon constitué un frein aux « avancées sociétales » puisque l’extension de la PMA est au menu de la rentrée parlementaire et que la GPA suivra inéluctablement. Politiquement, ou plutôt électoralement, les catholiques observants se sentent un peu orphelins. Les sujets de société qui leur tiennent à cœur, car ce sont eux qui assurent la pérennité et la stabilité d’une société et d’une civilisation, ne leur semblent réellement portés par personne. Vers un catholicisme religieux ? Ces catholiques ont également conscience d’être une toute petite minorité (2% de pratique religieuse). Cependant l’émoi suscité par l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris a révélé qu’il existait encore, enfoui au fond de l’âme de bien des Français, un catholicisme latent, historique, identitaire et patrimonial. Est-ce que le défi de la contre-Révolution catholique pour les années à venir ne serait pas de faire évoluer cette religiosité d’inspiration catholique, somme toute essentiellement sociologique et affective, vers un catholicisme personnel et religieux. Voilà, peut-être, un bon sujet pour la prochaine réunion des évêques de France ? [ Signé : ; Jean-Pierre Maugendre dans un communiqué de Renaissance Catholique ]
Somme extrêmement fouillée et fort intéressante
4/5 https://lanef.net/
.----. Yann Raison du Cleuziou s’est fait connaître par son intéressante étude Qui sont les cathos aujourd’hui ? Sociologie d’un monde divisé (Desclée de Brouwer, 2014). Ce nouvel essai s’inscrit dans la même veine et dans le même esprit. Il s’agit maintenant de passer en revue l’histoire récente du réveil de ce que l’auteur nomme les catholiques « observants » qui sont les plus conservateurs des pratiquants, les seuls aussi qui « parviennent mieux que les autres catholiques à perpétuer la foi d’une génération à une autre » (p. 17) et dont le groupe monte en puissance dans l’Église de France. Pour ce faire, Yann Raison du Cleuziou, sans a priori idéologique marqué et avec des sources riches et variées, brosse un panorama de cette mouvance, des événements qui l’ont touchée et des débats qui l’ont agitée. Il remonte rapidement à la période qui suivit Humanae vitae (1968) pour arriver à la fin du siècle avec le combat contre le Pacs (1999), puis aux années 2000 qui forment le cœur de l’ouvrage, et ce afin d’expliquer les origines du succès de La Manif pour tous (LMPT). Il montre la vigueur des échanges dans ce monde catholique, aussi bien à propos de « l’affaire Vanneste » que des débats sur le « communautarisme chrétien », sur les écoles hors contrat, sur la Note politique de 2002 de la Congrégation pour la Doctrine de la foi et les « trois points non négociables », etc. Tout cela a préparé le terrain et les attaques contre Benoît XVI (affaire du préservatif…), ainsi que les événements culturels comme l’exposition du Piss Christ ou les pièces Golgota Picnic et Sur le concept du visage du fils de Dieu (Castellucci) ont créé un sentiment de « cathophobie » : « La Manif pour tous est l’aboutissement d’une entreprise de déconstruction de l’image que les médias construisent du catholicisme » (p. 191). LMPT est sorti de ce contexte quand il a fallu s’opposer au « mariage pour tous », même si ce n’était pas une mobilisation catholique au départ. L’auteur enchaîne avec la primaire qui a vu la large victoire de Fillon et la présidentielle de 2017, les débats sur l’identité et la place du christianisme, sur la menace de l’islam, pour conclure à un renouveau conservateur dont la dimension chrétienne est la matrice. Il y a là une somme extrêmement fouillée et fort intéressante, bien qu’un peu décevante car trop sociologique et pas suffisamment analytique, des points discutables aussi mais que nous ne pouvons pas développer ici, il faudra bien trouver le temps d’y revenir. [ Signé :Christophe Geffroy - juin 2019 dans La Nef ] PS : Qu'est-ce que La Nef ? : La Nef a été créée en décembre 1990, c'est un magazine mensuel, catholique et indépendant. Ce faisant, La Nef s'inscrit clairement et sans complexe dans une ligne de totale fidélité à l'Église et au pape qui la gouverne.