" étonnant roman " !
3/5 Présent .
.----. Nous avions eu trois biographies à contre-courant : Louis
Pasteur : la réalité après la légende (Editions de Paris) ; Louis Veuillot : soldat de Dieu
(Editions de Paris) ; Xavier Forneret : Le romantique bourguignon méconnu (Consep). Il
nous revient – et une fois de plus à contre-courant – avec un étonnant roman : Une
belle vie de chien.
Petit avertissement : si vous n'êtes pas persuadé que le chien est le meilleur ami de
l'homme (et pas forcément réciproquement...), passez votre chemin. Ce roman est
l'histoire d'une passion. Celle d'un homme pour un chien qui va littéralement
transformer sa vie. Au point de mettre en danger son couple.
Roger et Chantal Legoff mènent une vie sans histoires dans un petit pavillon de la
banlieue parisienne. Roger est comptable dans une entreprise de machines agricoles.
Chantal travaille à la Caisse d'épargne. Tous les deux cultivent un jardin où poussent
des légumes et quelques fleurs. Et ils ont reporté leur affection, eux qui n'ont pas pu
avoir d'enfant, sur cette production végétale...
Un jour, une petite fête est organisée pour remettre à Roger la médaille du travail
pour vingt ans de dévouement à son entreprise. Avec, en plus, un cadeau : un petit
chiot labrador de couleur sable. Le labrador, c'est le chien des présidents de la
République : Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac. Et le modeste Roger Legoff
mesure, avec un peu de crainte, l'importance d'un tel cadeau...
A partir de là, le chiot, baptisé « Boy », va devenir l'objet d'une véritable guerre
intestine entre Roger et Chantal. Par petites touches, sournoisement, inéluctablement,
cette petite boule de poils va être le révélateur de non-dits que le couple avait, plus ou
moins consciemment, enfouis. On ne pourra s'empêcher de penser au roman de
Georges Simenon, Le Chat, adapté au cinéma par Pierre Granier-Deferre avec Jean
Gabin et Simone Signoret. Et Pierre-Yves Laurioz excelle à montrer comment, à
travers des petits faits de la vie quotidienne, une sourde hostilité s'installe dans le
couple. Sous le regard de Boy à qui Roger accorde toute son affection et Chantal
toute sa détestation...
Bientôt viendra l'ultimatum : donner le chien, s'en débarrasser, le confier à la SPA,
ou... Abandonner Boy ? Impensable ! Roger pense qu'il est devenu un spécialiste des
labradors, que Boy le comprend mieux que personne ne l'a jamais compris, que sa vie
a enfin pris un sens. Plus rien ne compte : « Je termine ma première semaine de travail par une presque troisième semaine de vacances en arrivant au bureau
tardivement et en repartant précocement avant l'heure. Qu'est devenu le comptable
modèle décoré de la médaille du il travail ? » De jour en jour, Boy s'améliore et Roger
se détériore. Jusqu'où ?
Il y a eu quelques romans animaliers célèbres. Celui de Pierre-Yves Laurioz ne
ressemble à aucun d'entre eux tant il est profondément atypique.
[ Signé : Olivier Malentraide dans " Présent ", n° 6639 du samedi 26 juillet 2008 ]