Durant tout le XXe siècle, le Quai dOrsay a mis en œuvre une « politique arabe » destinée à assurer l"influence française" au Moyen-Orient. Quitte pour cela à trahir non seulement les valeurs fondamentales dont la France aime à se prévaloir, mais également ses citoyens juifs perçus, au mieux, comme partagés entre deux allégeances, au pire, comme traîtres en puissance.
Dans ce livre David Pryce-Jones met en lumière quelques constantes de laction du Quai dOrsay : préservation des intérêts matériels de la France, fascination pour la realpolitik, anglophobie qui deviendra de lantiaméricanisme. Pour lauteur, les positions politiques de la diplomatie française masquent souvent un antisémitisme replacé ici dans un contexte culturel, historique et religieux plus large, avec notamment lévocation de grandes figures dintellectuels (Paul Morand, Paul Claudel, Jean Giraudoux et Louis Massignon).
Logiquement, cet antisémitisme se doublera dun antisionisme à partir du moment où les Juifs entreprendront de déterminer eux-mêmes leur destin. De laffaire Dreyfus à la présidence de Jacques Chirac, le Quai dOrsay apparaît comme suranné et pétri dillusions, incapable daccepter les événements et a fortiori de les analyser, quil sagisse de la persécution des Juifs par lAllemagne nazie, du soutien apporté au grand mufti de Jérusalem, de la création et de la préservation de lÉtat dIsraël ou des compromissions du gouvernement français avec certains régimes arabes. David Pryce-Jones dresse un portrait implacable et parfois inquiétant de la diplomatie française que daucuns analyseront comme un réquisitoire. Le lecteur en jugera.
David Pryce-Jones, né à Vienne en 1936, est un écrivain anglais conservateur. Il étudie à Eton puis lHistoire à Oxford, avant de servir dans lArmée Britannique et de poursuivre une carrière de journaliste pour The Financial Times et The Spectator. Outre quelques romans, il est lauteur dune biographie dEvelyn Waugh : Evelyn Waugh & His World (1973).