En cela, je dis qu'il y a eu mensonge et tromperie sur la marchandise !
5/5 Le Salon Beige
.----. A l'occasion de la sortie de son ouvrage " tu-n'es-pas-des-notres", le député Agnès Thill a accepté de répondre à quelques questions pour les lecteurs du Salon beige :
Dans votre ouvrage "Tu n'es pas des nôtres ", vous évoquez votre déception au sein du Parti socialiste à la fin des années 80, avant de raconter ce que vous ont fait subir les élus de LREM. Ne pensez-vous pas que ces difficultés sont intrinsèques au système des partis : soit on suit la ligne, soit on démissionne ?
Effectivement, mais le candidat Emmanuel Macron nous avait "vendu" autre chose : nous devions faire "de la politique autrement", c'est à cela que nous avons adhéré. Nous devions écouter et prendre en compte tout le monde, c'est à cela que nous avons signé. En cela, je dis qu'il y a eu mensonge et tromperie sur la marchandise !
Pierre Person, député de Paris et délégué général adjoint de LREM, vient de démissionner, dénonçant notamment un parti "replié sur lui-même". Savez-vous si ce constat sur LREM, associé à votre témoignage, est partagé au sein des adhérents de LREM ?
Nombreux sont ceux qui sont partis, déçus, effectivement. Il ne reste plus un des premiers marcheurs qui tractaient de villages en villages avec enthousiasme avec moi en 2017 ! Mais il n'y a pas de ligne de conduite à ce parti : il y a un homme, seul, soutenu par quelques autres, qui ont lancé l'affaire et sont partis dans cette aventure. Adrien Taquet, actuel ministre, suggérait qu'il y ait les initiales d'Emmanuel Macron dans le nom du mouvement pour que celui-ci y existe de manière subliminale. Quelques uns ils étaient, un peu comme on s'amuse, comme on refait le monde à vingt ans, et c'est cela qui a marché et dirigé notre pays dans la voie actuelle. Les Français allaient si mal, ne savaient plus à quel saint se vouer, qu'ils ont adhéré aux belles paroles. Celles qui disent "en même temps", c'est à dire tout et son exact contraire, de sorte que chacun s'y retrouve. Tout tient sur cette magie des mots. Aujourd'hui, on se rend compte de la tromperie.
J'étais pour le dépassement de ce clivage gauche/droite, mais si c'est pour le remplacer par un clivage progrès/populistes, ce n'est pas un progrès, ce n'est pas rassembler, c'est recréer une lutte des classes qu'on avait réussi à anéantir. Ils ont tellement échoué à réduire la fracture sociale qu'ils placent les gens dans des cases : race, religion, genres, orientation sexuelle etc. Ils créent eux-mêmes les murs contre lesquels ils prétendent lutter.
Vous dénoncez dans votre ouvrage cet "étrange totalitarisme qui ne dit pas son nom". Pensez-vous que la France n'est plus un pays libre ?
Je pense que nous avons un vrai problème de démocratie, un vrai problème d'état de droit dans notre démocratie.
Regardez ce qui s'est passé pour Louis de Raguenel, François de Rugy, Mila, moi : on cède à la pression et non plus à ce qui fait droit.
Une "gauche bien pensante" prétend détenir la pensée juste, la vérité, et l'impose, par pression, hors l'état de droit.
Ces quelques exemples devraient nous alerter car nous sommes sur une pente dangereuse et l'actuelle majorité ne la redresse pas, au contraire, nombre d'entre eux l'approuvent. "Redresser le bâton tordu, telle est l'exigence permanente des sages" Christian Jacq. Notre démocratie est bien loin de la sagesse !
[ Signé : Michel Janva le 24 septembre 2020 ]