Est-il possible ? A-t-on vu souvent un penseur, un historien, voire même un théologien, essayer de dresser, en peu de pages, une synthèse totale de l'aventure humaine et divine, par son ultime accomplissement surtout, pour en marquer le contenu, la cohérence, l'évidence ? C'est pourtant là une condition sine qua non pour en révéler l'intelligibilité, lui rendre son essence métaphysique, sa raison d'être.
Telle est le type de gageure auquel s'est attaqué Maurice Conat, auteur et exégète connu des milieux traditionnels. Mais il n'a pas eu la prétention stupide, assure-t-il, de recréer à lui tout seul, la Révélation, l'Ecriture, le dogme, la morale, la politique, le Monde, ni même seulement d'y mettre un peu plus d'ordre ou de cohérence.
A mille lieues de là il a eu la sagesse d'aller chercher dans la Tradition primitive de la Chrétienté celui des Pères qui aurait marqué le plus visiblement ce genre de démarche. Qui, mieux que tout autre, aurait saisi l'importance capitale, pour l'intelligibilité de la chose, du prophétisme eschatologique, celui des anciens sages d'Israël, du Christ en personne évidemment, des apôtres enfin. Saint Irénée, grec, évêque de Lyon, martyr du début du troisième siècle. En redécouvrant cette voie royale, il eut la stupeur de remarquer qu'elle n'avait pas fait recette longtemps dans les milieux ecclésiastiques les plus distingués, et tout simplement parce que trop millénariste à leur gré. Pour Maurice Conat, au contraire, surgissait-là un monde de lumières, de raisons d'une espérance suprême, qu'il vous livre tout simplement ici, comme "de la part" du grand Apôtre des Gaules. Il s'agit là, rien de moins, que du Règne millénaire du Christ sur terre lors de son deuxième avènement.