Le rachat des chrétiens.
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.----. Titulaire d'un doctorat en histoire pour sa thèse " L'ordre de la Merci en France 1574-1792 ", Hugues Cocard présente ici les biographies de trois Français membres de cet institut religieux, fondé à Barcelone en 1218 par saint Pierre Nolasque à la demande de la Vierge Marie puis établi en France à partir de 1232 .Notre-Dame de la Merci est alors dédié au rachat des chrétiens, prisonniers ou otages des royaumes musulmans d'Espagne puis captifs des Sarrasins ou des Turcs dans les territoires d'Afrique du Nord. Lors de leur profession religieuse, les mercédaires s'engagent par un quatrième vœu : le don joyeux de leur vie dans le cadre des œuvres de " rédemption " qu'ils sont appelés à accomplir.
Les Pères Sébastien Brugière, Antoine Quartier et Gabriel Blandinières, choisis par l'auteur, se distinguent par leurs origines, leurs charismes et leurs parcours, mais ils ont en commun d'avoir vécu au temps du rayonnement de leur ordre, sous le règne de Louis XIV. La régente Anne d'Autriche puis le roi se sont d'ailleurs impliqués personnellement pour soutenir la Merci. En 1646, le roi demanda aux évêques d'organiser " une quête extraordinaire dans le royaume ".
Le premier, otage pendant huit ans à Alger où il exerça héroïquement son apostolat auprès des autres captifs, veillant à ce qu'ils ne renient pas la foi chrétienne, en a lui-même bénéficié. Le deuxième, amateur de voyages, enlevé alors qu'il se rendait à Constantinople puis vendu comme esclave à Tripoli, deviendra mercédaire après sa libération, obtenue grâce à sa famille mobilisée par l'action d'un franciscain lui-même racheté. Quant au troisième, docteur en théologie, investi des plus hautes charges de sa province, prédicateur recherché, y compris à la cour de France, il servit la Merci par des missions diplomatiques. Dans la préface qu'il donna à la thèse d'Hugues Cocard, reproduite ici, le professeur Jean de Viguerie souligne la qualité de son travail qui met en valeur la résistance de la Merci à l'esprit séculier des Lumières et à la tentation janséniste.
[ Signé Annie Laurent dans L'HOMME NOUVEAU , numéro 1737 du 5 juin 2021 ]