Expérience inédite.
5/5 https://www.riposte-catholique.fr/
.----. Au printemps dernier, 14 écrivains sont allés en pèlerinages à l’abbaye de Lagrasse, où ils ont passé trois jours et trois nuits. Leur livre commun édité chez Fayard sur cette expérience inédite sort le 25 novembre prochain.
Il a donné lieu à un très bel article du Figaro, sous la plume de Pascal Bruckner, qui publie les bonnes feuilles et commence ainsi : “Que l’on soit croyant ou non, arriver à Lagrasse pour quelques jours, partager la vie des frères, c’est subir une immersion instantanée dans une société aux antipodes de la nôtre : le silence en lieu et place du bruit, la frugalité plutôt que l’abondance, la coupure plutôt que la connexion. Logé dans une cellule sobre mais vaste, la chambre de l’évêque, qui donne sur un jardin splendide, on s’endort le soir, fenêtres grandes ouvertes, au chant des crapauds et du rossignol, on se réveille avant 6 heures sur le pas menu des chanoines qui se rendent à matines“.
Il s’agit de Pascal Bruckner lui-même, Sylvain Tesson, Camille Pascal, Jean-René Van der Plaetsen, Frédéric Beigbeder, Jean-Paul Enthoven, Jean-Marie Rouart, Franz-Olivier Giesbert, Sébastien Lapaque, Thibault de Montaigu, Louis-Henri de La Rochefoucauld, Boualem Sansal, Simon Liberati, Xavier Darcos. Ils reversent leurs droits d’auteurs à l’abbaye, pour les travaux de restauration.
[ Signé : Rédaction Riposte Catholique le 21 novembre 2021 ]
P.S. : Riposte catholique est un portail catholique de réinformation qui produit quotidiennement un contenu original et chercher à (ré)informer ses lecteurs et les inviter à (ré)agir.
Pamphlet réactionnaire ?
5/5 Présent quotidien
.----. Divers médias, dont évidemment Libération, ont commenté la parution de textes de divers écrivains après un séjour à Lagrasse, dans les Corbières (voir Présent du 23 novembre 2021).
Qualifiant l'ouvrage de " pamphlet réactionnaire ", le quotidien capitalo-gauchiste, comme le qualifiait si justement Jean Madiran, insiste sur la cohabitation géographique "difficile" d'une communauté de chanoines traditionalistes avec une association accueillant un "festival philosophique annuel de gauche ".
Lagrasse serait ainsi devenu " le champ de bataille des crispations identitaires ". Intellos en col Mao contre chanoines célébrant " la messe en latin ".
[ Présent, numéro 10024 du mardi 28 décembre 2021 ]
Petit succès dans les journaux !
4/5 https://www.bvoltaire.fr/
.----. L’abbaye de Lagrasse a du succès… et la gauche a peur !
Le superbe livre Trois jours, trois nuits a eu son petit succès dans les journaux. Il est en train d’en connaître un autre auprès des lecteurs. Pour ceux qui auraient raté le début, plusieurs écrivains, catholiques ou non, sont venus passer trois jours (et trois nuits, donc) dans les murs de la magnifique abbaye de Lagrasse (Aude), dont les deux tiers appartiennent aux chanoines réguliers de la Mère de Dieu, qui vivent selon la règle de saint Augustin.
Ils ont raconté leur expérience, littéraire mais aussi, bien souvent, spirituelle. Sylvain Tesson, Frédéric Beigbeder, Boualem Sansal et plusieurs autres se sont prêtés au jeu (qui n’en est pas un) de la vie dans une communauté religieuse. Silence et lecture au réfectoire, offices réguliers, vie contemplative dans une austère cellule… Rien de dangereux, rien de méchant, certes – mais tout cela est désespérément catholique.
Les chanoines ont acheté Lagrasse en 2004 et ont quitté leur petit monastère de Gap pour aller vivre dans les Corbières, dans ce monument de grès flammé, remanié au XVIIIe siècle mais dont les premières traces remontent à Charlemagne. Il y a dix-huit ans, Lagrasse était la maison de vacances d’un original allemand, après avoir été une communauté crypto-orthodoxe. Les chanoines ont redonné à l’abbaye, patiemment et simplement, sa splendeur et sa destination. Quiconque les connaît un peu mesure leur excellence intellectuelle, leur joie rayonnante, leur émouvante douceur, la relation proprement bouleversante qu’ils entretiennent avec la Sainte Vierge. Ils sont également fidèles au rite de saint Pie V, dit « tridentin » (du concile de Trente), qui n’avait pas prévu la guitare sèche, les petites filles thuriféraires et le coup d’État permanent des dadames de sacristie. Bref, ils sont ce qu’on appelle – horresco referens – des tradis.
Il n’en fallait pas plus pour que Le Monde et Libération volent au secours de la laïcité. Dans Le Monde, on apprend ainsi que les chanoines sont « de droite », selon Patrick Boucheron, professeur au Collège de France et habitué du « Marque-Page » – un festival culturel -, et que le livre qui les concerne ne peut donc pas être un livre de spiritualité. Pis, le maire, un certain René Ortega, est « de plus en plus agacé par l’attitude des chanoines ». Auraient-ils incendié un Abribus™ ? Agressé des passants aux cris de « Christus vincit » ? Vous n’y êtes pas : ils ont déroulé une banderole « Dieu vous sauvera » pendant l’épidémie de Covid (on ne sait pas de quelle vague il s’agit, mais on a compris l’esprit)… et les gendarmes (oui, les gendarmes) sont venus dans l’abbaye pour verbaliser les méchants paroissiens qui ne portaient pas de masque. Cerise sur le gâteau, ou plutôt « erasus super libum », puisque les chanoines « fachos » utilisent le latin : le village est « colonisé » par de bien inquiétantes familles, qui font trembler de peur les courageux organisateurs de festivals littéraires. Des familles « de la grande bourgeoisie » ainsi que des « noms à particule » qui apparaissent sur les listes d’émargement lors des scrutins. Il faut se rendre à l’évidence : les catholiques tradis achètent près des chanoines.
Libération, en pointe dans la lutte contre la bête immonde, dont le ventre, comme celui des mères de famille à serre-tête en velours, est toujours fécond, a poussé son enquête plus loin. Ces familles qui envahissent Lagrasse, ce sont plus précisément « des saint-cyriens, du genre sept enfants et patronyme à rallonge ». Merde, alors ! Ça, c’est pourtant des profils à remporter le concours de « La France a un incroyable talent ». Les Français semblent bien apprécier, en ce moment, cette France qui ne passe pas, dont on découvre qu’elle est imperméable aux moqueries stupides et qu’elle fait front en souriant, malgré l’ironie de Sarkozy, les lacrymogènes de Valls, le mépris de Macron et le racolage de Pécresse. Ce n’est pas le cas des Lagrassiens d’après-68, qui ont sans doute tous leurs quartiers de noblesse selon le gotha de Libé (gauche prolétarienne, éditions libertaires que personne ne lit…) mais n’ont pas de patronyme à rallonge. Le secrétaire de mairie, par exemple, rêve d’un droit de préemption. En un mot, que la mairie puisse empêcher les tradis d’acheter des maisons dans le village de Lagrasse. C’est ça, une dictature, Dolorès, comme dirait OSS 117. Il n’y manque que les chaussures à fermeture Éclair™.
Pour comble de malheur, ce sont les gauchistes qui « passent pour les méchants, face aux gentils moines guillerets ». Ils n’ont pas l’habitude : cinquante ans d’immunité, ça vous installe dans le confort. Les chanoines, eux, ont deux mille ans de persécution dans les pattes : la haine écumante des anticléricaux, ils connaissent. Ce ne sont pas des « journalistes retraités en polaire kaki », comme Jean-Michel Mariou, grand témoin maoïste de Libé, qui vont leur faire peur.
On comprendra peut-être mieux cette déferlante de bêtise et de méchanceté, si frénétique qu’elle en devient ridicule (le droit de préemption est ma mesure préférée), quand on saura que l’Aude compte un grand nombre de francs-maçons, que Lagrasse n’est pas épargnée, que le dernier tiers de l’abbaye appartient à la municipalité… et que le simple spectacle du Bien éblouit les insectes, qui se tordent ridiculement sous la lumière. Dans ce village (l’un des plus beaux de France), qui rejoue Don Camillo contre Peppone, un drame intime, que la France a admiré et honore de plus en plus (350 villes à ce jour), s’est également joué : le lieutenant-colonel Beltrame, qui a offert sa vie en 2018, pour sauver une jeune femme et d’autres innocents d’un islamiste à Trèbes, non loin de Lagrasse, était récemment converti au catholicisme. Sa préparation au mariage était accompagnée par le père Jean-Baptiste, auteur de Tactiques du diable et délivrance, un ouvrage dont on se dit qu’il doit être bien pratique pour comprendre qui a réellement la majorité au conseil municipal.
Les Chartreux disent : Stat crux dum volvitur orbis (« La croix demeure pendant que le monde tourne »). Les chanoines pourraient dire la même chose de ces petites polémiques de vieux gauchos à qui le monde échappe, des crispations qui ressemblent à ces énervements séniles à propos de rien, signes avant-coureurs de la mort.
Bravo à eux !
[ Signé : Arnaud Florac le 25 décembre 2021 ]
15 de nos écrivains reclus avec des moines
4/5 https://www.causeur.fr/
.----. Au cours de l’été dernier, quinze de nos écrivains ont passé trois jours et trois nuits à l’abbaye de Lagrasse, entre Carcassonne et Narbonne. En adoptant dans un recueil chacun le registre que leurs lecteurs leur connaissent bien, ils témoignent de ces journées singulières faites de prières et de travail auprès des quarante moines vivant sur les lieux…
Trois jours et trois nuits dans une abbaye au rythme des offices, au son du chant grégorien et au milieu de quarante-deux chanoines aux personnalités colorées. C’est le pari qu’ont fait quelques-uns de nos écrivains, recrutés pour une immersion spirituelle dans l’abbaye de Lagrasse, au sein d’une communauté religieuse de chanoines de saint Augustin. À tour de rôle, ils ont partagé la vie des frères, et vient de paraître le très beau livre qui rassemble leurs impressions. Quatorze écrivains se sont prêtés au jeu : entre autres, Sylvain Tesson, Frédéric Beigbeder, Pascal Bruckner, Jean-Paul Enthoven, pour en citer quelques-uns des plus connus. Pas vraiment connus pour leur catholicisme fervent – euphémisme. Pourtant, ils ont rendu compte avec finesse de la beauté tranquille du mode de vie monastique, de ses rituels, de son dépouillement volontaire. Le décor était splendide : un majestueux édifice roman de la campagne de l’Aude, occupé depuis l’époque carolingienne. Rendez-vous avec l’éternité. Un petit B.A.-BA de la retraite spirituelle, somme toute.
Beigbeder livre un récit très drôle
La constance à dire la même chose en toute situation est probablement une des plus grandes forces de l’écrivain, et on voit avec amusement Bruckner faire du Bruckner, Beigbeder du Beigbeder, etc. Ce dernier livre un récit très drôle, à la légèreté nihiliste non dénuée de profondeur. Ailleurs, l’académicien Xavier Darcos s’offre avant tout l’occasion de doctes réflexions sur la transmission de la latinité païenne via le christianisme ; Franz-Olivier Giesbert polémique contre les bien-pensants. On se réjouit du texte de Camille Pascal, historien de formation, qui détonne dans le recueil puisqu’il est un excellent pastiche d’une hagiographie médiévale racontant la fondation de l’abbaye. Enfin, quand on en vient au récit de la descente en rappel du clocher de Lagrasse par Sylvain Tesson accompagné de trois chanoines enthousiastes, on sourit franchement de cette géniale aptitude à assumer d’être sa propre caricature.
Au-delà de cela cependant, accepter de participer à une telle entreprise, c’était accepter de se livrer, au moins un peu, sur sa foi – qui touche à l’intime de nos êtres. De ce point de vue, comme les voûtes d’une église, l’expérience de la retraite spirituelle est une caisse de résonance : on laisse les bruits du monde dehors pour écouter la musique intérieure. De là sont nées quelques pages bouleversantes, entre autres chez Simon Liberati – qui intitule son texte « Eli, Eli, lema sabachtani » – « Mon Père, mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné », et Boualem Sansal parlant tristement de son frère devenu témoin de Jéhovah.
Le christianisme passé de mode?
Au terme du livre, une constatation. L’air du temps n’est pas particulièrement favorable au christianisme – nouvel euphémisme. Surtout, la crainte qu’il soit en train de mourir n’a peut-être jamais été aussi forte. Or, au sein de ce qui pourrait, à première vue, apparaître comme une forme de publicité pour le mode de vie monastique destinée au grand public, on aurait pu s’attendre à ce que cette crainte soit plus présente. En réalité, cette crainte semble inversement proportionnelle à la proximité avec la foi chrétienne. Ce sont Bruckner, Enthoven, Sansal qui s’inquiètent, parce qu’ils ne croient pas. Au contraire du chrétien, qui a appris à « se confier dans le Seigneur ». Reste à savoir si on choisit d’y croire aussi.
[ Signé : Gabrielle Périer le 4 janvier 2022 ]