L’image d’Epinal !
5/5 Présent / Délit d'Images .
.----. Charles Patrick Weber est belge et ne le cache guère. Mais, bien qu’amoureux de son pays natal et de sa monarchie, il ne rechigne pas à s’intéresser à la France voisine. En témoigne son dernier ouvrage : Touchez pas à notre histoire ! « Notre histoire », c’est l’histoire de France dans ses gloires, ses misères et ses symboles. Weber rend hommage aux images d’Epinal, créées dans les Vosges à partir de 1796 et illustrant l’histoire française, celle des humbles et des rois, des batailles et des sacres. La scène est volontairement figée, naïve, caractéristique ; mais, derrière sa simplicité, l’image d’Epinal permet de rendre l’histoire accessible à tous. Berçant des générations d’écoliers, elle est indissociable de l’enseignement en France, celui des bons pères comme des hussards noirs. Pourtant, l’image d’Epinal est moquée, jugée cocardière et caricaturale.
Sublimé par de magnifiques illustrations d’Olivier Pâques, l’ouvrage de Weber, adapté à tous publics, nous fait redécouvrir les moments clefs d’une histoire mouvementée. « En gommant les images d’Epinal, c’est l’histoire qu’on assassine. » En tirant avec lui le fil d’Ariane, l’auteur nous propose de la faire revivre.
Patrick Weber nous emmène d’abord en Gaule, aux côtés d’un Vercingétorix vaincu, jetant ses armes aux pieds de César. Image célèbre entre toutes car fondatrice du roman national ; image aujourd’hui moquée. Pourtant, elle permet de comprendre la naissance d’une civilisation nouvelle, gallo-romaine, dont nous procédons.
Image fondatrice également, l’anecdote de Clovis et du vase de Soissons. Sa portée symbolique est forte : elle nous rappelle que Clovis a su s’affranchir de la coutume franque (le partage du butin à parts égales) pour protéger l’Eglise romaine (en l’occurrence, la sauvegarde d’un vase sacré). L’image n’est pas aussi naïve qu’il y paraît !
Weber déroule avec bonheur ces dizaines de « lieux communs » identitaires, jadis admis par tous et aujourd’hui au mieux ignorés, au pis honnis : Charles Martel à Poitiers, saint Louis en croisade, l’épopée johannique, Louis XIV en majesté… Mais l’auteur ne se contente pas d’égrener ce chapelet mémoriel. Il questionne volontiers les images d’Epinal, en particulier celles se rapportant aux événements révolutionnaires : prise de la Bastille ou canonnade de Valmy. Chaque camp, d’ailleurs, a ses clichés : la mort de Marat fait écho au martyre de l’Enfant du Temple. Le XIXe est fortement colonisé par l’imagerie des idées nouvelles : la « Liberté guidant le peuple », la figure de Jules Ferry… Mais c’est tout un peuple, c’est la France des deux rives qui se retrouve derrière l’image d’Epinal la plus attachante : celle du poilu de 14-18. Weber de conclure : « Grâce à ses images fortes, la Grande Guerre demeure un des épisodes les plus célèbres et les plus tragiques de notre histoire. Pour combattre cet autre ennemi aux préoccupations sélectives : l’oubli. »
[ Tugdual Fréhel dans : " Présent " repris par " Délit d'Images " le 20 décembre 2016 ]
Etudier les fondations !
4/5 https://jeune-nation.com/
L’histoire n’a jamais été aussi populaire qu’aujourd’hui. À la télévision, les émissions historiques font un tabac, les Américains réalisent des sagas télévisées autour de grands personnages de l’histoire. La BD s’est emparée du sujet à tel point que l’on peut trouver aujourd’hui des mangas racontant la vie de Marie-Antoinette. Les jeux vidéo s’inspirent librement d’épisodes historiques mémorables et des hebdomadaires d’information font un carton chaque fois qu’ils proposent un titre historique en couverture.
Quand un architecte entreprend de construire une maison, il étudie d’abord les questions liées aux fondations avant de songer au toit.
[ Maxime Sanial est le gérant de la librairie Arts Enracinés au Puy-en-Velay. Il propose à nos lecteurs ses chroniques littéraires et nouvelles parutions ]