Un des plus brillants faits d'armes qui se soient accomplis pendant les guerres de la Vendée a eu lieu devant Thouars le 5 mai 1793. La ville était occupée par le général Quetineau et des troupes républicaines avaient été placées partout où l'armée royaliste, venant de Bressuire, pouvait tenter de franchir le Thouet, c'est-à-dire au pont Saint-Jean, au port du bac du Château, au pont de Vrine, situé à une demi-lieue au-dessous de Thouars, et au passage du Gué-aux-Riches, distant de ce demier d'un quart de lieue environ. Les Vendéens se divisèrent pour se porter sur ces quatre points à la fois. MM. de Donnissan et de Marigny attaquèrent le pont Saint-Jean ; d'Elbée, Cathelineau et Stofflet eurent la mission de s'emparer du second poste ; le troisième fut assigné à Lescure et à La Rochejaquelein ; enfin la division de Bonchamps se dirigea vers le Gué-aux-Riches. Après une demi-journée de combat, les républicains furent repoussés de toutes les positions qu'ils défendaient. Mais au pont de Vrine que gardaient, avec une artillerie bien établie et derrière une forle barricade, les bataillons de la Nièvre et du Var, l'action fut plus vive et le passage plus disputé qu'ailleurs. Depuis six heures déjà les Vendéens soutenaient avec intrépidité le feu de l'ennemi, lorsqu'ils s'aperçurent que leur provision de poudre s'épuisait. La Rochejaquelein quitte précipitamment le champ de bataille pour aller la renouveler. A peine est-il parti que Lescure voit les républicains s'ébranler en désordre. Il ne veut pas laisser échapper un moment qui peut décider de la victoire, et saisissant un fusil, il s'élance sur le pont, à travers la mitraille, en criant à ses soldats de le suivre. Cet audacieux mouvement ne trouve pas d'imitateurs. Lescure revient sur ses pas, appelle de nouveau les Vendéens, regagne le pont, malgré les balles qui pleuvent autour de lui, revient encore en voyant que personne ne l'accompagne, et pour la troisième fois, se jette sur l'arche de Vrine, suivi d'un seul des siens. Tout-à-coup Henri de La Rochejaquelein reparaît. Le vaillant jeune homme n'hésite pas à aller rejoindre son frère d'armes, et Forest se précipite avec lui. Toute la division se sent alors invinciblement entraînée, atteint la rive gauche du Thouet, poursuit les républicains débandés et pénètre dans Thouars par une brèche que La Rochejaquelein ouvre lui-même. Quelques instants après les quatre détachements de l'armée vendéenne étaient réunis dans cette ville.
Au mois de juin 1815, les royalistes commandés par MM. Auguste de La Rochejaquelein, Duperat et Canuel, occupèrent Thouars pendant quelques heures. Mais l'arrivée du général Delaage, qui amena six mille hommes au secours de la ville, les força de s'éloigner. Leur retraite ne s'effectua pas sans coup férir, et un combat sanglant fut encore livré à cette époque sur le pont si intrépidement franchi en 1793 par Lescure et Henri de La Rochejaquelein.
Un célèbre complot, suscité contre le gouvernement de la Restauration par le carbonarisme parisien, et dont l'exécution avait été confiée au général Berton , éclata à Thouars le 24 février 1822. On connaît l'issue de celle vaine conspiration, qui alla expirer aux portes de Saumur et ne valut à ses chefs qu'un supplice sans gloire.
(Extrait de l'Album Vendéen, de Thomas Drake et Albert Lemarchand)