Le Vénérable Père François Gaschon, missionnaire d'Auvergne (1732-1815)
Lorsque le saint Curé d'Ars recevait la visite d'un pèlerin du Livradois, il avait coutume de lui dire : "Quel besoin avez-vous de venir me voir ? Vous avez à Ambert le Père Gaschon !" Et l'on raconte que Pie X, lorsqu'il eut béatifié Jean-Marie Vianney, "modèle et patron des curés", aurait affirmé vouloir béatifier François Gaschon comme "modèle et patron des missionnaires".
François Gaschon est l'un des innombrables prêtres qui ont œuvré depuis vingt siècles avec zèle à l'évangélisation du peuple de France. Il a vécu pendant l'une des périodes les plus mouvementées de notre histoire. Né en 1732 sous le règne de Louis XV, il mourra en 1815 sous le règne de Louis XVIII. Entre temps, il aura connu le règne de Louis XVI, la Révolution, l'Empire, la première Restauration et les Cent-Jours. Durant ces temps troublés, il aura tenu dans son pays le rôle reconnu d'un artisan de paix évangélique, évitant à ses compatriotes bien de ces drames que causent les passions humaines.
Son influence missionnaire aura rayonné en Auvergne, des confins du Bourbonnais à ceux du Velay, c'est-à-dire sur toute la partie Est de l'actuelle région "Auvergne". Profondément enraciné dans son terroir, envoyé en mission auprès de ses frères auvergnats qui le vénèrent, il sait trouver le chemin de leur âme pour y semer la parole évangélique de la paix apportée par Dieu. Dévoué au Sacré-Cœur et à la Sainte Vierge, il était très assidu au ministère de l'autel et du confessionnal. Son amour des pauvres et de la pauvreté s'exerçait sur un fond de saine jovialité paysanne qui gagnait les cœurs. Il avait une confiance inébranlable envers la Providence divine.
Tout cet ensemble a donné à François Gaschon une personnalité spirituelle très équilibrée, favorisée par une santé physique robuste, et des dons naturels d'orateur populaire remarqués. En notre temps où il y a urgence de la nouvelle évangélisation et de la mission, le père Gaschon apparaît comme un véritable modèle en ce domaine.
Alors que nous sommes tout juste deux cents ans après la mort de François Gaschon, est-il opportun de présenter en exemple au peuple chrétien, en ce début du XXIe siècle, un prêtre formé sous l'Ancien Régime et mort à la fin du Premier Empire ?
Et pourtant, François Gaschon peut bien être présenté comme modèle pour les prêtres de notre époque. Il a été en effet un prêtre missionnaire. C'est le seul titre dont il s'est glorifié jusqu'à la fin de sa vie. Son exemple peut facilement être présenté, à notre époque où le Pape François recommande vivement aux prêtres de se préoccuper de la Mission aux frontières du Peuple de Dieu.
François Gaschon peut aussi être présenté comme modèle pour le peuple chrétien tout entier. Il est un modèle d'attachement à la foi et à l'Église que des forces contraires venaient ébranler. Il est un modèle d'espérance dans les situations les plus critiques. Il est un modèle de charité, dans une attitude toute donnée à Dieu et à ses frères. Il rappelle aux chrétiens le souci que chacun doit avoir de correspondre à l'amour de Dieu pour nous, amour symbolisé par le Cœur du Christ, de faire passer sa prière par l'intermédiaire de la Vierge Marie, pour laquelle il a toujours eu une dévotion filiale. Il vient rappeler aussi l'attention que nous devons porter à nos frères, spécialement aux plus pauvres, aux plus abandonnés.
Aux descendants de ceux pour qui François Gaschon s'est dévoué, il est donc bon de le présenter comme modèle. En le regardant, ils peuvent trouver un encouragement à vivre selon les exigences de leur foi.
Le Père Bruno Samson, moine bénédictin de l'Abbaye Notre-Dame de Randol (Congrégation de Solesmes) à Cournols (Puy-de-Dôme), est postulateur diocésain de la cause du Père Gaschon.
Son procès de béatification est actuellement en cours. 2015 est le 200e anniversaire de sa mort.