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Sur les chemins noirs

Référence : 88132
3 avis
Date de parution : 13 octobre 2016
Auteur : TESSON (Sylvain)
Collection : BLANCHE
EAN 13 : 9782070146376
Nb de pages : 146
15.50
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Description
"Il m'aura fallu courir le monde et tomber d'un toit pour saisir que je disposais là, sous mes yeux, dans un pays si proche dont j'ignorais les replis, d'un réseau de chemins campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vides.
La vie me laissait une chance, il était donc grand temps de traverser la France à pied sur mes chemins noirs.
Là, personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre."
Sylvain Tesson. 
Sylvain Tesson est né en 1972. Aventurier et écrivain, président de la Guilde européenne du Raid, il est l'auteur de nombreux essais et récits de voyage, dont L'axe du loup . Son recueil de nouvelles Une vie à coucher dehors, s'inspirant de ses pérégrinations, reportages et documentaires, a reçu le prix Goncourt de la nouvelle 2009. Dans les forêts de Sibérie a été couronné par le prix Médicis essai 2011 et Berezina par le prix des Hussards 2015.
TitreSur les chemins noirs
Auteur TESSON (Sylvain)
ÉditeurGALLIMARD (EDITIONS)
Date de parution13 octobre 2016
Nb de pages146
CollectionBLANCHE
EAN 139782070146376
PrésentationBroché
Épaisseur (en mm)13
Largeur (en mm)140
Hauteur (en mm)205
Poids (en Kg)0.19
Les avis clients
Peut-être son meilleur livre !
5/5 Les livres d'Antoine .
.----. Sylvain Tesson boit trop. Et quand il a vraiment exagéré il se promène nuitamment sur les toits. Une chute de huit mètres en aurait tué plus d’un mais le lac Baïkal et la Bérézina ont endurci l’homme qui, très abîmé tout de même, a passé de longs moments à l’hôpital. On lui suggère un centre de rééducation. Il préfère « demander aux chemins ce que les tapis roulants étaient censés me rendre : des forces. » Le voilà parti, pour plusieurs mois, sur les chemins noirs, ainsi nommés grâce aux cartes de l’IGN, au 25000e tout de même. Des petits chemins ruraux, des appuis de lisières, des voies antiques délaissées seront ses chemins, en noir sur la carte, oubliés si possible : « Certains hommes espéraient entrer dans l’histoire. Nous étions quelques uns à préférer disparaître dans la géographie. » ***Les chemins noirs . Depuis le Mercantour jusqu’au Cotentin Sylvain Tesson marche (en essayant d’éviter routes et ronds-points) et observe. Sa plume, brillante, sait être acerbe : « Un des lointains premiers ministres de la Vè République (Jean-Marc Ayrault, période Anatole France) avait commandé un rapport sur l’aménagement des campagnes françaises. Une batterie d’experts, c’est-à-dire de spécialistes de l’invérifiable, y jugeait qu’une trentaine de départements français appartenait à l’hyper-ruralité. Pour eux la ruralité n’était pas une grâce, mais une malédiction. Le rapport se faisait rassurant : bientôt, grâce à l’Etat, la modernité ruissellerait sur les jachères. Le wifi ramènerait les bouseux à la norme. Au lieu d’écrire « Par les champs et par les grèves » le futur Flaubert se fendrait d’un « Par les ZUP et par les ZAC ». Les bénéficiaires de ces aménagements feraient de bons soldats, des hommes remplaçables, prémunis contre ce que le rapport appelait « les votes radicaux ». Car c’était l’arrière-pensée : assurer une conformité psychique de ce peuple impossible. » On pourrait ainsi multiplier les extraits savoureux car Sylvain Tesson a le sens de la formule. Il a rejoint avec brio la sympathique cohorte des écrivains voyageurs et Sur les chemins noirs est peut-être son meilleur livre. Il faut le respirer à pleins poumons. [ Publié le 16 septembre 2018 ]
Un vrai plaisir ( découverte de la France )
5/5 Réseau Regain
.----. Il se casse la figure, la tête et le reste, un soir de beuverie, après avoir escaladé un toit à Chamonix. Se relève par miracle, est sauvé, garde la gueule cassée, décide, plutôt que se livrer à une rééducation classique, de partir à la découverte de la France, empruntant du sud au nord des chemins écartés (les traits noirs des cartes IGN), marqués par l’hyper-ruralité. Ces fameux chemins noirs, qui traversent le Mercantour, le Verdon, abordant le Comtat-Venaissin, l’Aubrac, les monts du Cantal, le Limousin, la Touraine, la Champagne mancelle, la Mayenne, le Cotentin. Il est parfois rejoint par des amis, écrivains voyageurs (Cédric Gras, Arnaud Humann) ou photographe complice (Thomas Goisque), dort à la belle étoile ou dans des gîtes, commande une tasse de Viandox au comptoir, note ses rencontres, jette ici et là ses remarques sur la France immobile, cite Bernanos : « il n’y a plus beaucoup de liberté dans le monde, mais il y a encore de l’espace ». L’auteur marque ici joliment son territoire. Il a l’élégance du trait, reconstitue sa démarche avec légèreté,ne s’appesantit guère sur ses bobos, même si son dos est moulu, si ses douleurs au crâne se précisent, s’il doit faire halte à l’hôpital d’Aurillac. Cette traversée de la France en deux mois et demi (de fin août à début novembre) et moins de 150 pages se moque des ampoules au pied, du matériel à emporter, comme des intempéries. On ne met pas en doute la véracité de ce voyage. Même si on lui trouve un goût d’essai philosophique davantage que l’incitation (poétique ou pratique) à l’aventure. Reste que, tel quel, il se lit avec un vrai plaisir.
Réflexion sur la France d’aujourd’hui. 
4/5 https://www.jesuisfrancais.blog/
.----. Peu importe qui il est. Désireux d’accomplir la promesse qu’il s’était faite sur son lit d’hôpital (« si je m’en sors, je traverse la France à pied »), un jour, il s’est mis en marche. Pas façon Macron, façon chemineau, comme un personnage de Giono. A pied donc, de Tende à La Hague, une belle diagonale du Mercantour au Cotentin, du 24 août au 8 novembre 2015, en empruntant au maximum les chemins les plus improbables, les plus délaissés, les plus retirés de la vraie France profonde. En est résulté un petit livre qui, en contrepoint du récit de cette pérégrination, propose une véritable réflexion sur la France d’aujourd’hui.  Fuyant le « clignotement des villes » et méprisant les « sommations de l’époque » (en anglais, comme il se doit à l’ère de la globalisation : « Enjoy ! Take care ! Be safe ! Be connected ! »),, le voyageur met en pratique une stratégie de « l’évitement ». Eviter quoi ? Ce qu’il appelle « le dispositif ». D’abord visible à l’œil nu : c’est la France des agglomérations telle que l’ont voulue les « équarrisseurs du vieil espace français », ZAC et ZUP des années soixante ayant enfanté les interminables zones pavillonnaires et les hideuses zones commerciales. Laideur partout.  Ce réquisitoire implacable contre le saccage du territoire rejoint la dénonciation de la mondialisation, cette « foire mondiale » qui ruine un terroir « cultivé pendant deux mille ans ». Aux « temps immobiles » a succédé un « âge du flux » dont le « catéchisme » (« diversité », « échange », « communication ») est véhiculé par l’arrivée d’internet et la connexion généralisée. Temps immobiles : une nuit passée au monastère de Ganagobie (« Les hommes en noir […] tenaient bon dans le cours du fleuve. En bas, dans la vallée, les modernes trépidaient ») ; ou la vision du Mont-Saint-Michel (« C’était le mont des quatre éléments. A l’eau, à l’air et à la terre s’ajoutait le feu de ceux qui avaient la foi »).  Faisant sienne la vision de Braudel selon laquelle la France procède d’un « extravagant morcellement » humain et paysager, l’auteur dénonce ensuite le « droit d’inventaire » que s’arrogent « les gouvernants contemporains », notamment « les admirateurs de Robespierre » qui, favorables à « une extension radicale de la laïcité », veulent « la disparition des crèches de Noël dans les espaces publics » (et pourquoi pas des milliers de calvaires ?) pour les remplacer par … rien du tout, le néant, la mort.  Ce n’est certes pas un livre de propagande, ni un bréviaire idéologique mais bien l’œuvre d’un loup solitaire. Un livre qui peut sembler défaitiste, voire nihiliste (« je me fous de l’avenir »), au mieux nostalgique. Voir dans l’auteur un énième avatar du « bon sauvage » serait pourtant bien réducteur. On l’imagine mieux prêt à « chouanner » (selon le mot de Barbey qu’il rapporte lui-même). C’est sans doute là sa véritable portée : « Sur les Chemins noirs » de Sylvain Tesson est l’œuvre d’un antimoderne de bonne race qui nous aide à retrouver le chemin de chez nous. ¦ [ Signé : Louis-Joseph Delanglade. Publié le 19.12.2016 – Actualisé le 19.12.2022. ] PS : JE SUIS FRANÇAIS, JSF Le quotidien royaliste sur la toile