Adieu « Humanae vitae ». Son fossoyeur arrive
5/5 https://www.leforumcatholique.org/
.----. Sandro Magister a publié un texte du Professeur Thibaud Collin critiquant la nomination de Mgr Philippe Bordeyne en tant que nouveau président de l’Institut théologique pontifical « Jean-Paul II » pour les Sciences du mariage et de la famille.
Un article publié par Diakonos : Adieu « Humanae vitae ». Son fossoyeur
Mais alors qu’on l’appelle Institut « Amoris Laetitia »
''La nomination annoncée de Mgr Philippe Bordeyne, actuel recteur de l’Institut Catholique de Paris, au poste de président de l’Institut Jean-Paul II est la dernière étape de la refondation opérée par Mgr Paglia et par le Pape François de cette institution explicitement voulue par saint Jean-Paul II et fondée par Carlo Caffarra. Cela confirme que cette refondation est bien une révolution.
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Or la refondation de l’Institut Jean-Paul II entreprise depuis quelques années par Mgr Paglia, passant par le limogeage d’une bonne partie de ses professeurs et la nomination de théologiens comme Maurizio Chiodi et Gilfredo Marengo, ne prend clairement plus “Humanae vitae” comme pierre de touche. Ce texte est désormais vu comme trop « abstrait » et « théorique » ; le statut qu’il lui est accordé en fait un idéal, quand bien même on le qualifierait de « prophétique »… autant dire un bibelot que l’on pose sur la cheminée pour la décoration et auquel on ne touche plus. La nomination de Philippe Bordeyne confirme ce changement de paradigme. Qu’on en juge sur pièces. Voici ce que Mgr Bordeyne dit dans un texte écrit à l’occasion des synodes de la famille de 2014 et 2015 :
« L’encyclique ‘Humanae vitae’ enseigne que les méthodes naturelles de maîtrise de la fécondité sont seules licites. Il faut toutefois reconnaître que la distance entre la pratique des fidèles et l’enseignement magistériel s’est creusée. Est-ce pure surdité aux appels de l’Esprit ou le fruit d’un travail de discernement et de responsabilité chez les couples chrétiens soumis à la pression de nouveaux modes de vie ? Les sciences humaines et l’expérience des couples nous enseignent que les rapports entre désir et plaisir sont complexes, éminemment personnels et donc variables selon les couples, et qu’ils évoluent dans le temps au sein du couple. Devant le devoir moral impérieux de lutter contre les tentations de l’avortement, du divorce et du manque de générosité face à la procréation, il serait raisonnable de renvoyer le discernement sur les méthodes de régulation des naissances à la sagesse des couples, en mettant l’accent sur l’éducation morale et spirituelle permettant de lutter plus efficacement contre les tentations dans un environnement souvent hostile à l’anthropologie chrétienne. »
« Dans cette perspective, l’Église pourrait admettre une pluralité de chemins pour répondre à l’appel général à maintenir l’ouverture de la sexualité à la transcendance et au don de la vie. (…) La voie des méthodes naturelles impliquant la continence et la chasteté pourrait être recommandée comme un conseil évangélique, pratiquée par des couples chrétiens ou non, requérant la maîtrise de soi dans l’abstinence périodique. L’autre voie, dont la licéité morale pourrait être admise et le choix confié à la sagesse des époux, consisterait à user des méthodes contraceptives non abortives. S’ils décident d’introduire cette médecine-là dans l’intimité de leur vie sexuelle, les époux seraient conviés à redoubler d’amour mutuel. Celui-ci est seul à pouvoir humaniser l’usage de la technique, au service d’une écologie humaine de l’engendrement ». (“Synode sur la vocation et la mission de la famille dans l’Eglise et monde contemporain 26 théologiens répondent”, Bayard, 2015, p. 197-198). »
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Désormais la boucle est bouclée : " l’esprit ecclésial des années 70 " a fini par gagner Rome ! Mais pourquoi la « distance » s’est-elle « creusée » si ce n’est parce que la plupart des pasteurs n’ayant pas pris à bras le corps cette bonne nouvelle sur la régulation des naissances identifiée à un fardeau insupportable ne l’ont jamais vraiment transmise à ceux qui leur étaient confiés ? Dès lors, pourquoi parler de « surdité » aux appels de l’Esprit comme si effectivement la voix de Celui-ci avait rejoint les oreilles des fidèles ?
La réalité est que la plupart de ceux-ci n’ont eu vent de la doctrine de l’Église sur ce sujet que par les media mainstream. Le travail de transmission n’ayant pas été fait, il n’est pas étonnant que l’appropriation n’ait pas eu lieu.
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Il est enfin étonnant de penser la contraception comme une sorte de rempart à l’avortement ; toutes les études montrent au contraire que le progrès de la mentalité contraceptive encourage de facto l’avortement, sans compter qu’aujourd’hui nombre de pilules sont aussi abortives.
Bref, la nomination de cette figure managériale qu’est Philippe Bordeyne confirme que l’Institut Jean-Paul II, en pleine hémorragie d’étudiants, devrait par honnêteté intellectuelle changer de nom. On pourrait l’appeler, par exemple, l’Institut « Amoris laetitia ».'' [ Thibaud Collin le 16/03/2021 ]
Demande un acte de pleine adhésion
3/5 https://srp-presse.fr/
.----. Extrait d'un long article " HUMANAE VITAE REMISE EN QUESTION " signé : Aline LIZOTTE le 22 Nov 2022
Paul VI qui avait instruit une commission composé de 77 personnes pour étudier tous les aspects de cette question, n’était pas sans connaître les courants des « théories personnalistes » que l’on trouvait bien vivantes dans plusieurs universités catholiques !. Au cours de leur séance commune, la commission se divisa, un grand groupe composé de la grande majorité se déclara favorable à l’autorisation morale de la pilule. Un tout petit groupe composé d’un cardinal, de deux évêques, de quatre théologiens dont le père Serge de Lestapis étaient contre. Selon eux, il était moralement nécessaire que l’application de la loi naturelle exigeait que l’acte conjugal demeure ouvert à la vie. Paul VI prit un an pour réfléchir. Sa réflexion terminée, il l’a livra « en vertu du mandat que le Christ lui a confié ».
Son argumentation s’appuie en premier sur la nature de l’amour conjugal quand on le considère « comme une sage institution du Créateur pour réaliser dans l’humanité son dessein d’amour » et « entraine les époux à un mutuel perfectionnement pour collaborer avec Dieu à la génération et à l’éducation de nouvelles vies (7) » C’est un amour pleinement humain, c’est-à-dire a la fois sensible et spirituel. Ce n’est ni un transport d’instinct et de sentiment , mais surtout un acte de la volonté libre et de la raison qui fait que les époux deviennent un seul cœur et une seule âme et atteignent ensemble leur perfection humaine (8). C’est un amour humain, total, fidèle et exclusif jusqu’à la mort, fécond, ordonné par leur nature à la procréation et l’éducation des enfants. Il engage une pleine conscience de cette mission et une paternité responsable.
Cet acte d’amour responsable ne peut pas être imposé et de même porter atteinte à la disponibilité de transmettre la vie. Vouloir le changer est en contradiction avec le dessein constitutif du mariage et avec l’auteur de la vie (9).
En conformité avec ces points fondamentaux de la conception humaine et chrétienne du mariage, nous devons encore une fois déclarer qu’est absolument à exclure, comme moyen licite de régulation des naissances, l’interruption directe du processus de génération déjà engagé, et surtout l’avortement directement voulu et procuré, même pour des raisons thérapeutiques .
Est pareillement à exclure, comme le Magistère de l’Eglise l’a plusieurs fois déclaré, la stérilisation directe, qu’elle soit perpétuelle ou temporaire, tant chez l’homme que chez la femme .
Est exclue également toute action qui, soit en prévision de l’acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation .
Et on ne peut invoquer comme raisons valables, pour justifier des actes conjugaux rendus intentionnellement inféconds, le moindre mal ou le fait que ces actes constitueraient un tout avec les actes féconds qui ont précédé ou qui suivront, et dont ils partageraient l’unique et identique bonté morale. En vérité, s’il est parfois licite de tolérer un moindre mal moral afin d’éviter un mal plus grand ou de promouvoir un bien plus grand il n’est pas permis, même pour de très graves raisons, de faire le mal afin qu’il en résulte un bien (10)
La déclaration du Pape Paul VI qui condamne à la fois l’avortement et la contraception est claire. On ne peut tuer un fœtus, pour quelque raison que ce soit ; on ne peut pour quelque raison attenter à la l’intégrité de l’acte sexuel qui unit l’homme et la femme. Ne pas attenter à l’intégrité de l’acte sexuel signifie ne pas le rendre infécond par des instrument mécaniques, chimiques ou biologiques. Cela ne signifie pas que l’acte sexuel doit toujours être fécond et qu’il ne faut en user que pour donner la vie. Mais « s’il existe de sérieux motifs pour espacer les naissances de tenir compte des rythmes naturels, inhérents aux fonctions de la génération, pour user du mariage dans les seules périodes infécondes et régler ainsi la natalité sans porter atteinte aux principes moraux (11) cet acte est permis.
L’enseignement donné par Paul VI était celui du magistère authentique, il engageait la responsabilité du Souverain Pontife en tant que Chef de l’Eglise et Docteur universel. Il exigeait, plus qu’un profond respect de la part des fidèles. Au contraire, il demandait un acte de pleine adhésion et une volonté d’action conforme à l’orientation qu’il donnait (12) .
7 Humanae Vitae, n°8
8 Ibid n° 9
9 Ibid, n°13
10 Ibid, n° 14
11 Ibid, n° 16
12 Cf, Lumen Gentium, n° 25
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