"On ne connaissait pas ça, nous, le verglas. Ni la neige, d'ailleurs. En fait, on ne connaissait pas le froid. Le vrai froid. Celui qui te gèle les os, t'engourdit les mains, te brille les oreilles, te fait claquer les dents. A Alger en dessous de dix degrés, on mettait un manteau. Ici, à Rouen, en ce mois de décembre 1962, il fait moins quinze !". Dans une France peu concernée par le dramatique exode d'un million de Français d'Algérie, un adolescent pied-noir, aguerri par des années de violence, se fraye un chemin dans un univers souvent hostile.
Il vient d'avoir dix-huit ans. Il sort de prison politique et porte sa douleur en bandoulière. C'est le temps du rejet, des centres d'accueil improvisés, des repas de la soupe populaire, des poches vides, des fripes trop grandes et des regards blessants. Jean-Pax Méfret relate son itinéraire, balisé d'humiliations, de rancoeurs et d'illusions perdues, qui constituaient, à l'époque, le quotidien du monde parallèle de ces immigrés malgré eux.
Un récit sans concession sur les années brutales vécues par les déracinés de l'Algérie française qui avaient cru aux grandes promesses du général de Gaulle.
Né à Alger Jean-Pax Méfret est journaliste depuis 1970. Il a été notamment grand reporter puis rédacteur en chef, pendant vingt ans, au Figaro Magazine dont il a dirigé les grands dossiers. Il est l'auteur de deux livres sur l'affaire algérienne : une biographie de Bastien-Thiry, l'organisateur de l'attentat du Petit-Clamart, et un récit sur son enfance dans un pays livré au terrorisme et à la guerre : 1962, L'Eté du malheur.