Un pan de la mémoire nationale.
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.----. Si de nos jours, au nord de l’Europe (Benelux et Scandinavie), survivent encore quelques pâles royautés asservies à des régimes parlementaires qui les altèrent et même les nient, partout ailleurs sur le continent, soit après la Première Guerre mondiale, soit après la Seconde, ont chaviré les dynasties et poussé les républiques.
Quant à la France, séparée de sa famille régnante dès la fin du XVIIIe siècle, elle n’allait la retrouver, pour une assez courte durée, qu’au XIXe. Et la retrouver, à partir de 1830, date où Louis-Philippe d’Orléans, chef de la branche cadette des Bourbons, accède irrégulièrement au trône, dans une situation conflictuelle : Charles X renversé et exilé avec son fils et son petit-fils ; le cousin se substituant à lui et, fort d’une nombreuse progéniture, inaugurant un nouvel établissement dynastique… arrêté en 1848.
La suite ? Bref retour de la République puis, beaucoup moins bref, retour de l’Empire. Celui-ci effondré, l’élection en 1871 d’une Assemblée nationale dont la majorité semble favorable à la monarchie et la reconnaissance (ambiguë ?) par les princes d’Orléans du droit d’aînesse du Comte de Chambord auraient pu conduire à son avènement sous le nom d’Henri V. Mais l’affaire échoua, Chambord s’éteignit sans enfants en 1883 et le gros des royalistes fit allégeance au Comte de Paris, qui était le petit-fils de Louis-Philippe. À juste titre ? Voilà la question.
D’abord parue en 1979, l’étude de Guy Augé (duquel le professeur Harouel, dans sa préface, nous dit combien, travailleur intrépide et infatigable, étaient grands, presque héroïques, son désintéressement et sa générosité) la clarifie avec brio. Aussi avec sévérité pour la « contre-tradition orléaniste », dépourvue de légitimité juridique et prolongée « jusqu’à ses ultimes conséquences » par l’homme peu regrettable qui l’a incarnée entre 1940 et 1999. Car, selon Guy Augé, un autre Bourbon, débarrassé de l’hypothèque espagnole, qu’il nommait et qu’il saluait, représentait de manière infiniment plus adéquate l’avenir du royalisme français.
Cependant plusieurs décennies ont passé et la mort a opéré. Faute d’une restauration que l’état déliquescent de notre pays rendrait infructueuse et inutile, la faible minorité qui continue de l’appeler en est réduite à sauvegarder (avant naufrage complet) un pan de la mémoire nationale.
[ Signé : Michel Toda numéro de juillet-août 2021 de La Nef ]
PS : Qu'est-ce que La Nef ? : La Nef a été créée en décembre 1990, c'est un magazine mensuel, catholique et indépendant. Ce faisant, La Nef s'inscrit clairement et sans complexe dans une ligne de totale fidélité à l'Église et au pape qui la gouverne.
Passionnant !
5/5 Action Familiale et Scolaire (AFS).
.----. La guerre de succession au trône de France n'est pas éteinte et suscite un intérêt certain chez nos contemporains. Est-ce un effet de la décrépitude de l'idéologie démocratique ? Toujours est-il que pour répondre à un correspondant, Libération n'hésitait pas, il y a peu, à reprendre la question : Comte de Paris ou Duc d'Anjou ? (1) En fait, cette question est celle que posait l'universitaire Guy Augé, dans la postface de son livre Succession de France et règle de nationalité . Paru e 1979, la réédition de ce maître-ouvrage est bien le signe d'un nouvel intérêt pour la cause royaliste.
Disons-le tout net, c'est un travail d'expert que livre l'éditeur. L'auteur, juriste certes, ne mène son étude qu'au travers d'une profonde réflexion politique, spirituelle et même théologique avec le support de saint Thomas d'Aquin. C'est dire qu'elle s'enracine dans l'histoire de la monarchie française, dans l'examen des lois fondamentales du royaume et dans le catholicisme qui irriguait les institutions et le régime monarchique ; l'analyse ne néglige pas pour autant les aspects psychologiques et sentimentaux animant les camps opposés.
Défenseur pied à pied de la cause légitimiste supportée par les "Blancs d'Espagne" (2), il argumente avec précision les objections qu'il oppose aux orléanistes, les "Blancs d'Eu", contestant notamment une règle de nationalité qui, selon la cause orléaniste, interdirait à un souverain étranger de régner en France. Faits historiques à l'appui, il démontre l'inexistence de ce principe dans les lois fondamentales et met en avant un principe de "sanguinité".
L'étude porte aussi sur les conséquences des traités d'Utrecht de 1713, mettant fin à la guerre de succession d'Espagne, et notamment sur la renonciation au trône de France de Philippe V (petit-fils de Louis XIV), devenu roi d'Espagne.
Ce livre, d'abord passionnant pour les férus d'histoire, de droit, d'histoire du droit... et de la cause royaliste, doit intéresser aussi ceux qui sont attachés aux traditions nationales et catholiques de notre pays ; la préface (du Pr JL. Harouel) et la postface (du Pr J. Bouscau) sont un excellent support pour ceux qui ne sont pas des experts de la cause défendue par l'auteur.
(1) Libération le 08/07/2019 " qui serait l'héritier au trône de France.
(2) "Blancs d'Espagne" : jeu de mots des orléanistes à l'égard des légitimistes ; lesquels traitaient les orléanistes de "Blancs d'Eu", du nom d'une propriété du comte de Paris.
[ Signé JH dans le numéro 277 - octobre 2021 de l'AFS. Vous pouvez demander une documentation de la part de Chiré à l'adresse : BP 80833 - 75828 Paris Cedex 17 ]