La vie et la personnalité de Pierre-Célestin Lou Tseng-Tsiang sont, à bien des égards, exceptionnelles. Né à Shanghai en 1871, il a parcouru une brillante carrière diplomatique qui l'a conduit à occuper, entre 1912 et 1920, de très hautes fonctions politiques : Premier ministre de la nouvelle République de Chine à deux occasions pour une courte période, et, plus longtemps, ministre des Affaires étrangères.
A la tête de la délégation chinoise, il a refusé de signer le traité de Versailles en 1919, qui transférait au Japon les concessions allemandes en Chine. Après la mort de son épouse, fille d'un officier belge, il est entré en 1927, à 56 ans, à l'abbaye Saint-André de Bruges. Il y est resté jusqu'à sa mort en janvier 1949. Tout en restant imprégné de la culture plus que millénaire de son pays, Dom Lou s'est engagé dans la vie chrétienne, jusqu'à la consécration religieuse.
Son témoignage présenté dans Souvenirs et pensées au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale connut un grand succès en librairie. Il a été traduit en plusieurs langues. L'ouvrage est réédité avec des compléments permettant au lecteur d'aujourd'hui de mieux apprécier le contexte dans lequel s'inscrit le parcours de son auteur, un chemin où la sagesse et l'esprit d'humanité des traditions confucéenne et chrétienne se rencontrent.
Dom Lou invite l'Occident et la Chine à suivre le même chemin, avec un discours qui reste d'une étonnante actualité aujourd'hui : "Le problème des relations internationales n'est pas, au premier chef d'ordre politique : il est, avant tout, de caractère intellectuel et moral. Au milieu du désordre mondial actuel, il est temps de songer à la rencontre des humanités. La Chine et l'Occident, tous deux humanistes, le confucianisme et le christianisme, pourraient-ils encore remettre de se rencontrer" ?