Sous le signe de la roue solaire
3/5 DIONYSOS
Comme nous sommes devenus des fans inconditionnels de Saint Loup, nous allons vous présenter sa collection de nouvelles (pas roman) "La mer n'a pas voulu" qui a été publiée pour la première fois douze ans avant sa mort. Ce recueil nous a enthousiasmé pour plusieurs raisons. Nous laissons les mots d'Olier Mordrel, père de notre ami FB Trystan Mordrel, vous ouvrir l'appétit avec un article publié en 1967 : "Pour le lecteur d'Ouest France et les cinéastes américains, la SS était un ramassis d'assassins dont l'acrivité essentielle tournait autour des fours crématoires. Pour les bonnes-sœurs de Pléchâtel, qui en logèrent une compagnie, c'étaient des païens sacrilèges qui avaient démoli à coups de pierres la statue de plâtre de la vierge dans leur jardin. Pour la plupart de gens, après vingt années de propagande, ces deux lettres restent un épouvantail" (voir l'article "Waffen SS d'Occident" in "Bretagne Réelle" numéro 237, automne 1967, Rennes, page 5). Ayant traité Saint Loup comme païen dans un articles plus ancien à nous (sur son roman "Les Nostalgiques"), ces phrases anciennes de Mordrel nous remplissent d'une grande satisfaction puisque nous avons enfin localisé la source de notre bonheur par la lecture de Saint Loup.
Il y a douze nouvelles de fiction à travers les pages du recueil. Puisque Esope est un des nos anciens auteurs grecs préférés et que nous avions transféré en film, nous allons reproduire un conte à lui retravaillé par Saint Loup : "Parmi les marins se maintenait une antique coutume, celle de conserver à bord des chiens maltais ou des singes pour les distraire pendant leurs voyages. Un certain jour, un matelot emmena un singe sur son bâtiment. Au large du cap Sounion, fameux prémonitoire d'Attique, assailli par une tempête, le vaisseau chavira et tous furent jetés à la mer. Ils tentèrent de gagner la côte à la nage. Parmi eux se trouvait le singe. Un dauphin le vit se débattre, se porta à son secours en le prenant pour un homme, le chargea sur son échine, nagea vers le continent. En vue du Pirée, port d'Athènes, le dauphin demanda au singe s'il était athénien. "Bien sûr" rétorqua celui-ci et "de l'une des premières familles de la ville". Le dauphin répliqua "Dans ce cas, vous devez connaître le Pirée?" "Bien sûr" confirma le singe et croyant qu'il s'agissait là d'un citoyen distingué, il ajouta "c'est l'un de mes amis intimes". Indigné par tant d'ignorance et d'aplomb, le dauphin plongea et laissa le singe se noyer" (op.cit.pages 238-239). C'est bien évident que Saint Loup a choisi le singe comme héros pour que nous fassions le parallèle avec les noirs, cette fois les "hommes".
Et comme constatation à la citation ci-dessus de Mordrel, nous allons terminer avec cette référence à ce boxeur sudafricain mais blanc sur la page 157 : "Il s'agit cette fois d'embarquer un certain Robbey Leibbrandt, champion de boxe sudafricain mais qui depuis les Jeux Olympiques de 1936 s'est laissé conquérir par le national-socialisme. Il doit être déposé clandestinement sur la côte de l'ancien Sud-Ouest africain allemand d'où il gagnera Pretoria pour y faire éclater une révolution prohitlerienne" (op.cit.page 157). "L'affaire rhodésienne va constituer un test pour notre pays. Si les Français se sont endormis dans le climat de facilité créé par les religions de l'amour, ils ne bougeront pas" (citation de Saint Loup reproduite dans "Sous le signe de la roue solaire" de Jérôme Moreau, ( éditions Aencre, Paris, 2002) . Et ainsi l'exemple de ce boxeur sudafricain sera le meilleur pour envisager un retour au passé glorieux du pays voisin (de l'Afrique du Sud) : celui de l'apartheid (séparation). [ "La mer n'a pas voulu" de SAINT LOUP éditions Arthaud, Paris, 1978 ]