Pages réalistes et riches en espérance !
5/5 Plaisir de Lire .
.----. Une jeune agrégée de 29 ans nous livre ses réflexions sur l'absurde : est absurde tout ce qui n'est pas dans l'ordre, ce qui est disloqué du réel .
On cherche aujourd'hui à édifier un homme nouveau, éloigné de son passé, de sa famille, de la nature, etc. La pensée elle-même n'est plus fidèle au monde, elle est seulement fidèle à elle même . Un auteur comme Montaigne appuyait sa pensée sur celle des anciens, il n'en est pas de même aujourd'hui où l'on veut faire table rase du passé .
Les origines de cet état de choses remontent au romantisme . Mais le mal du siècle n'était qu'une forme de l'ennui, ce mal de vivre n'est devenu absurde que lorsqu'il est devenu accusation contre la société et contre Dieu . René se disait chrétien mais il n'était pas un chrétien authentique, il voulait que le ciel vienne à lui tout de suite .
Le mal de vivre a donc tourné à l'absurde lorsqu'il est devenu révolte . D'innombrables causes y ont contribué : accumulation de l'avoir dans le cadre de la civilisation de consommation, deuxième guerre mondiale, hitlérisme, communisme, disparition des responsabilités, progrès de la science .
Ainsi peu à peu, l'on s'est éloigné du réel et la philosophie traditionnelle qui éveillait en nous la raison, a laissé place peu à peu à une philosophie subjective qui fait appel à la sensibilité et permet souvent de "mêler mauvaise foi et bons sentiments."
L'absurde s'est introduit dans l'art et la littérature, moyen pour les penseurs, de limiter les contradictions et de faire passer plus facilement leurs idées . Dans cette marche vers l'absurde, l'auteur cite quelques écrivains au rôle prépondérant qui ont fait plus que constater l'absurdité, ils l'ont choisie : Camus, Sartre, Kafka, Boris Vian, à la différence des auteurs russes qui, de DostoÏevsky à Soljenitsyne ont "eu le sens et le désir de ce qui dure et déborde du temps !
En résumé, le mal vient du refus de Dieu, "l'acceptation du mystère implique que l'homme ne se complaît pas en lui-même". Et d'autre part, "pour écouter Dieu, il faut faire le silence en toi-même."
Et l'auteur montre alors avec raison et logique, tout ce que la religion catholique apporte de plus que les autres religions : "Dieu ne pouvait créer qu'un homme libre, libre de donner ou de refuser sa réponse d'amour". "L'originalité du christianisme c'est d'incarner la réponse à la souffrance dans une personne". "Par la notion d'un Dieu souffrant pour le salut du monde, toute souffrance humaine, si elle est consentie, offerte, s'apparente à la souffrance divine . Réciproquement, Dieu souffre en ceux qui souffrent et la douleur prend ainsi une exceptionnelle noblesse, puisque chaque être est le temple de Dieu." "Et même la mort devient réversible, on ne meurt pas chacun pour soi, mais les uns pour les autres... (Thème du Dialogue des Carmélites). "La croix, dans la perspective chrétienne, n'ôte rien à la souffrance humaine, elle lui donne un sens . Ainsi ce qui semblait absurde parce que détaché de l'ensemble, devient signifiant, parce que tout est grâce."
Ce petit livre profond, apporte le réconfort d'une pensée clairvoyante, saine et fort élevée . Inutile d'ajouter des commentaires à ces quelques pages réalistes et si riches en espérance . Le mieux est de les lire .
NOTA - L'auteur accuse le christianisme (pages 28 et 29) parmi les causes du mal du siècle, enseignant aux chrétiens que "le monde n'est qu'un lieu d'exil en attendant des plaisirs plus parfaits". Nous pensons que l'auteur a voulu parler ici seulement des chrétiens à la piété triste et étroite, auxquels échappait une dimension de notre religion : la joie que procure la foi et l'espérance . [ " Plaisir de Lire " , numéro 31 , grandes vacances 1975 ]
Fidélité au réel .
4/5 L'appel des pins .
.----. L'auteur, 29 ans, agrégée de l'Université, ne s'attache pas seulement à la crise du langage, mais fournit les éléments d'analyse susceptibles de stigmatiser un vice actuel de l'esprit : la pensée absurde qui puise ses sources dans le subjectivisme romantique... et précipite le chavirement des valeurs. Ces pages voudraient inviter à retrouver le goût des retrouvailles entre l'intelligence et les choses, le goût de cette fidélité au réel. [ Numéro 22 - janvier 1975 de " L'appel des pins " ; bulletin trimestriel des Amis de Garabandal - Directeur-gérant : Abbé Jehan de Bailliencourt ]