Sida-business, Jo-business. Une épidémie en bandes dessinées

A quoi sert réellement la bande dessinée Jo ? Voilà bien une question qu'il est incongru de se poser à propos d'un ouvrage patronné par les autorités politiques d'un canton suisse, cautionné par des personnalités médiatiques, distribué gratuitement aux écoliers dans le cadre d'une campagne anti-sida, et en passe d'accéder à une diffusion européenne.
Le Dr Truffer, médecin et esprit libre, n'a pas eu peur de l'unanimité régnante. A partir du "cas Jo" il a fait le procès d'une mystification aux conséquences incalculables :
Répudiant la morale traditionnelle, ignorant les prescriptions sécuritaires des scientifiques, écartant même les classiques mesures d'hygiène qui, depuis le siècle dernier, ont permis d'enrayer toutes les grandes épidémies, les initiateurs de Jo n'ont rien de mieux à proposer aux jeunes générations qu'une sexualité vagabonde, où le préservatif constitue l'unique et très mince garde-fou contre le sida. En présentant mensongèrement la membrane en latex comme la seule protection absolue contre le virus HIV, ils les exposent, au nom de l'intouchable liberté sexuelle, à une véritable " roulette russe"...
Mais au-delà du manuel scolaire douteux, au-delà de l'opération commerciale particulièrement juteuse dont on dévoile ici le mécanisme, Jo est avant tout le manifeste du nouveau romantisme moralisant, qui a fait de la mythologie des adolescents l'alliée de la maladie. Un simulacre de compassion qui laisse les parents et les éducateurs désarmés face au mal. 
Le Dr Ernest Truffer est l'auteur de nombreux essais et articles consacrés à divers thèmes de société, et notamment aux problèmes de l'assurance maladie, de l'éthique médicale et de la prévention du sida.