Un homme sincère et attachant .
4/5 Réseau Regain.
.----. En 1935, à 50 ans, Sacha Guitry
eut envie de se raconter. Raconter est
le terme juste car il n’est pas sûr que
tout soit toujours vrai. Fils du grand
Lucien Guitry, acteur célébrissime au
tournant du XXe s, il eut avec lui des
relations difficiles après une enfance
tiraillée entre des parents divorcés,
une adolescence heurtée (renvoyé de
12 pensions), ses débuts au théâtre,
ses rencontres avec Alphonse Allais, Alfred Jarry, l'amitié avec Sarah Bernhardt….
Que l’auteur de ces souvenirs ait
eu «bonne mémoire», tout le prouve
dans ce livre, véritable feu d’artifice,
qui raconte sa jeunesse. Nul autre
que lui ne s’est fait renvoyer de tant
d’écoles. Nul autre ne s’en est si bien
justifié: «Pourquoi apprendre ce qui
est dans les livres, puisque c’est dans
les livres?» C’est de souvenirs dont il
s’agit dans ces mémoires. Pas d’introspection,
ni de «pacte autobiographique
» pour tenter de cibler les
fameux critères essentiels ; pas de
rachat par l’écriture ou encore d’auto
rédemption littéraire dans ce livre
savoureux, mais une succession plus
ou moins chronologique de faits
essentiels qui ont marqué sa jeunesse
et qu’il relate de façon directe et
comique. L’intelligence, la simplicité,
la méchanceté douce-amère ainsi
que les hommages qu’il rend aux
grands esprits de ce début de siècle
traversent l’ouvrage. D’une lecture
plaisante, voici les confessions d’un
homme sincère et attachant.
L’année
2007 marque le 50° anniversaire de
sa disparition. ( Signalons également la publication d’une
anthologie du théâtre de Guitry chez Perrin.) [ Notes de lectures de Georges Leroy du mois de août 2007 ]
Le monde de Sacha : des tricheurs !
3/5 Plaisir de Lire .
.----. Certes Sacha Guitry a bon cœur . Il devait être compagnon fort agréable et bienveillant . Les souvenirs qu'il relate dans " Si j'ai bonne mémoire " sur les acteurs, ses collègues, et sur les auteurs qu'il a connus le prouvent . D'autre part le livre est facile, le ton en est gentiment familier . Il abonde en anecdotes sur Alphonse Allais, Porto-Riche, Alfred Jarry et consorts... On assiste évidemment à de nombreuses répétitions et aux palliatifs de dernière minute . Voilà tout, parce que sorti du théâtre, il n'y a plus rien . Ou plutôt, cet ouvrage, vu du côté de la vie réelle, se solde par un bilan lourdement négatif .
Nous avons du mal à avaler que l'auteur parle du divorce de ses parents sans aucune indignation, alors que ce divorce explique son enfance et sa jeunesse errantes, bohèmes et paresseuses . Il faisait le désespoir des éducateurs car il n'a jamais travaillé, dans les nombreuses "boîtes privées" qu'il a traversées, et il ose parler de ses maîtres avec une pitié si méprisante que l'un d'entre eux, qui avait survécu, crut bon de l'attaquer en justice . Enfin il ne cherche même pas à relever la mémoire de sa mère . En effet que penser de cette femme qui interrompt à chaque instant la prière de son fils pour le questionner sur les potins de Paris ? Et tous ces vestiges d'une jeunesse dissipée, d'une vie errante et facile semblent faire croire aux adolescents qu'il n'est pas nécessaire de travailler sérieusement pour réussir, qu'il suffit d'avoir bonne mine, du bagout et des relations .
Petit garçon, Sacha aurait pu jouer le rôle de Jeannot, si la nouvelle de Voltaire avait été adaptée au théâtre . "Qu'allons-nous apprendre au petit marquis ? - A danser et à être aimable !" Cela peut servir, mais c'est plutôt insuffisant, non ? Le pire, c'est que cela prenait dans le Paris, frelaté du début du siècle . Aussi n'est-il pas étonnant qu'il fasse un éloge très appuyé d'Anatole France : le monde de Sacha est celui qui s'agite dans " Histoire comique ", sans suicide ni fantômes, je l'accorde . De toute façon monde frivole, écervelé, ne vivant que par procuration ! Bref, des tricheurs !
Bon pour ceux qui ont aimé Sacha Guitry et les coulisses de ses exploits . [ " Plaisir de Lire " , conseils pour les lectures des jeunes , numéro 50 , grandes vacances 1980 ]