On ne répètera jamais assez le rôle de Diaghilev dans l'évolution des Beaux-Arts au XXe siècle, non seulement dans l'art du ballet mais dans toutes les formes culturelles et artistiques. Bénéficiant de l'enthousiasme que suscitait en France l'alliance franco-russe, il avait eut pour dessein de faire découvrir aux parisiens l'art de son pays, par une exposition consacrée à "Deux siècles d'art russe" au Salon d'Automne de 1906 et l'année suivante une série de "Sept concerts historiques russes", suivie en mai 1908, pour la première fois hors de Russie, de l'opéra Boris Godounov de Modeste Moussorgsky.
Ce n'est qu'au cours de sa quatrième Saison Russe qu'il paracheva son œuvre, par une première saison de spectacles chorégraphiques. Leur succès ayant dépassé toutes les espérances, il dut désormais, pendant vingt ans, revenir à Paris chaque année avec le printemps, pour présenter de nouvelles chorégraphies alternées à des opéras, qu'il fit connaître à Monte-Carlo puis à tout l'Occident. Il innovait en utilisant des peintres de chevalet comme décorateurs, des danseurs masculins, parmi lesquelles brillèrent Fokine, Lifar, Dolin, et surtout Nijinsky. A côté d'eux rayonnèrent Karsavina, Rubinstein, Nijinska, et tant d'autres étoiles.
Diaghilev et ses Saisons russes, redonnèrent au public parisien le goût de l'art chorégraphique pour lui-même, en renouvelant la formule tout en restant fidèle à la vieille tradition française apportée en Russie en 1738 par Jean-Baptiste Landet, Jules Perrot, Arthur Saint-Léon et Marius Petipa. Ce qui dans les Ballets russes renouvelait la formule, c'était la mise en vedette d'étoiles masculines comme Fokine, Nijinsky, Bolm, Massine, Dolin, Balanchine, Lifar, mais aussi et surtout la place donnée à la décoration et à l'action.
Vingt ans après avoir fait appel à des musiciens russes, (Tcherepnine, Stravinsky, Prokofiev), il commanda des œuvres à des français, (Ravel, Debussy, Fauré, Auric, Poulenc, Sauguet), italiens, (Rieti) espagnols (Falla), allemands (Strauss).