Très nécessaire de le lire sans tarder .
5/5 Réseau Regain .
.----. En matière de renouvellement de sujet,
il faut admettre que l’auteur s’est peu
renouvelé. Le refus de toute prise sur le
réel, quoique très hussard et assez enivrant,
finit par lasser. En fait, faut-il
prendre le «Tout ce qui est humain m’est
étranger» de Nimier, repris par Raspail dans Septentrion, comme autre chose
qu’un défi lancé au sartrisme dans ses
versions successivement stalinienne et
humanitaire. D’un point de vue chrétien,
dans la mesure où nous adorons
un Dieu fait homme, se vouloir étranger
à l’humain est assez problématique,
c’est le moins que l’on puisse dire. Enfin,
d’une manière assez paradoxale, à
force de ressassement, le sérieux voire
l’ennui guette…Pourtant, ils roulent vers
le nord. .******. Ils ont quitté la ville juste à
temps, avant l’invasion sournoise venue
du sud, et dont ils ont été les seuls à percevoir
la nature. Trente-cinq compagnons
de hasard qu’un même instinct
a réunis dans cet antique train jaune et
or, superbe relique d’une époque glorieuse
de l’histoire du Septentrion. Autour
de Kandall, de la belle Clara de
Hutte et de Jean Rudeau, il y a des
femmes, des enfants, cinq dragons,
quatre hussards, deux mécaniciens,
un chiffonnier, un prêtre qui sent le
soufre, quelques autres encore. Trente cinq:
les hommes du refus, les derniers
hommes libres. Ils roulent vers le nord,
à travers forêts et steppes. À travers
l’espace et le temps qui s’étirent. Mais
ils comprennent qu’ils sont poursuivis.
Par qui? Et pourquoi? Jusqu’à quand
brillera au-dessus d’eux l’étoile qui
semble les protéger? Échappe-t-on à la
multitude anonyme vêtue de gris ?
Pourchassés par des ennemis implacables,
en plein hiver sibérien, les six
enfants de Septentrion s’en vont rejoindre
à travers la neige les Oumiâtes
dont on entend battre le tambour au
fond de la forêt. Si les Oumiâtes existent,
les enfants sont sauvés. Et s’ils
n’existent pas…alors la foi sera donnée. .******.
Il est donc toujours temps de lire Jean
Raspail. Il est même très nécessaire de
le lire sans tarder fût-ce au prix de cette
fuite dont Septentrion conte l’histoire.
Finalement, il n’est pas trop tard, à
la faveur de l’œuvre de Raspail, pour
s’inventer un royaume, à la manière
dont lui-même inscrit le Royaume de
Patagonie dans l’Histoire. Internet est
le dernier continent qui reste à explorer.
Quoiqu’il s’agisse d’une terre virtuelle,
il eût été agréable d’y rencontrer
l’auteur et son œuvre, en quelque "village
oublié" de la Toile. [ Notes de lectures de Georges Leroy
du mois de janvier 2008 sur le site " Réseau Regain " ]