Sept leçons de politique

À retenir.

5/5 AFS, n°249, février 2017

Voilà un excellent livre qui peut faire l'objet d'une étude en petits groupes, ou à travailler seul crayon en main, ou mieux, les deux en parallèle. Saisir la quintessence des principes de l'art politique, qui consiste à organiser et faire vivre la cité, est l'objet des leçons que nous livre le Père Jean-Dominique. Ces propos intéressent toute personne qui, par la place, les fonctions et les responsabilités occupées, exerce un rôle de direction ou même de simple influence sur l'organisation et la vie de la communauté à laquelle il appartient, famille, entreprise, association, collectivité locale... Il s'agit effectivement de leçons, d'enseignement. La pédagogie dominicaine et l'art de la prédication aidant, l'ensemble est d'une grande clarté, tant et si bien que le lecteur peu familiarisé avec la philosophie politique s'y retrouve facilement. S'appuyant sur des maîtres, et notamment St Thomas d'Aquin, l'auteur a recours à la théologie, lumière qui éclaire par la foi et la grâce toutes les réalités et activités humaines et sociales. Quatre leçons sont ainsi consacrées aux principes. Les cent premières pages analysent les acteurs et les éléments constitutifs de toute organisation sociale : individu et société, bien commun et ordre, unité du corps social et autorité. Ces réflexions permettent de retrouver la notion de "corps social", familles, corps professionnels, villages et cités... Une synthèse de ce qu'est la chrétienté est présentée dans la cinquième leçon Ordre politique et social naturel inspiré par l'esprit de l'Évangile : la chrétienté est le fruit de l'attraction de l'ordre naturel par le surnaturel, la nature est fécondée par la foi et la grâce. Le recours à l'histoire illustrant le propos est permanent. C'est un point fort de l'ouvrage, qui permet de constater comment s'incarnent ces principes ou plutôt comment à partir des réalités se justifient les principes énoncés. Il ne peut y avoir de politique sans recours à l'histoire. Par ailleurs, il était impossible d'évoquer la chrétienté sans évoquer l'esprit révolutionnaire, caractérisé par l'exclusion de Dieu de la vie publique et, par voie de conséquence, peu à peu de la vie privée. Quelques pages expliquent, toujours avec l'appui de l'histoire, des penseurs de la Révolution et des maîtres contre-révolutionnaires, les caractéristiques de la Révolution ; elle n'est que destructrice de tout ce qui est de l'ordre naturel, pour empêcher que ne s'y greffe le surnaturel, selon la formule maçonnique « solve et coagula » ; et créer ainsi une société artificiellement construite et maintenue en vie. La dernière leçon est une invitation à la réflexion en vue de l'action. En ces temps de délitement du corps social, la tentation pourrait être de croire que la restauration d'une société conformément aux desseins de Dieu est imminente. Avec bon sens, le Père Jean-Dominique souligne, après Aristote, que les « oeuvres de la politique sont lentes » ; ce peut être un utile rappel pour ceux qui espèrent une régénérescence venue des partis politiques — et des prochaines élections - qui ne sont rien d'autre que la substitution de magmas idéologiques aux corps sociaux naturels neutralisés et dissous par la Révolution. Mener une action contre-révolutionnaire c'est faire le contraire de la Révolution ; d'où l'intérêt d'en connaître les ressorts et les méthodes, et d'agir là où Dieu nous a placé, à notre niveau, dans notre domaine, selon les talents reçus, de façon à retisser les liens de l'ordre naturel brisés. C'est en cela que consiste l'espérance politique, la force appartenant à Dieu. <p align="right">YLC <a href= http://afs.viabloga.com/ target=_blank>afs.viabloga.com</a>/