Sans intention - Autobiographie, janvier 1928-septembre 1933

"C'est l'un des derniers témoins de la saga célinienne. Lorsqu'avec son complice Jacques d'Arribehaude il recontre Céline à Meudon, il a une trentaine d'années. C'est cet entretien qui donnera la matière d'un livre, Céline damné par l'écriture, que Jean Guenot se proposera d'éditer lui-même douze ans plus tard. Cette initiative suscita la désapprobation de son père, admirateur éperdu de Léon Blum. "Empêche-le !" dira-t-il à l'épouse de Guenot. En vain.
Aujourd'hui, Jean Guenot entreprend une vaste autobiographie en six volumes dont le premier vient de paraître. Il y évoque sa petite enfance dans un milieu ouvrier passionné par la politique : "Tonton Léon lisait Gringoire, papa lisait L'Oeuvre. Henri Béraud écrivait dans l'un et l'autre journal, c'était l'écrivain préféré de notre grand-mère. lieu de réconciliation de la famille. Béraud restait unique".
La force de Guenot écrivain c'est de ne pas avoir été victime de son admiration pour Céline. Son style s'apparente plutôt à du Jules Renard mâtiné de Vallès. On pense aussi à Guy Verdot, l'auteur méconnu de On te dressera ! (1955). En revanche, on trouve sous sa plume des aphorismes qui pourraient provenir de Voyage au bout de la nuit : "Les enfants mettent du temps à sortir du ventre de leur mère. Elles font en sorte qu'ils leur restent en appartenance. Elles les traitent comme des organes à elles, pas détachés totalement, qu'on attende encore un peu, et jamais adultes avant longtemps". C'est tout un monde, aujourd'hui englouti, qu'il fait revivre, celui d'un milieu parigot attaché aux choses simples. Le petit Guenot a tout observé, tout enregistré pour nous restituer cela quatre-vingts ans plus tard. Avec sensibilité, sobriété et talent". Extrait du Bulletin Célinien N)342, juin2012.