Sans beauté

Tant que Gabrielle était restée dans la maison de sa grand'tante qui l'avait élevée, elle ne se doutait pas qu'elle était laide. Une méchante belle-mère, et plus tard de petites compagnes sans pitié, se sont chargées de le lui apprendre. Des qualités solides ont racheté ce défaut ; et l'ont rendue bien plus digne d'estime et d'affection que la belle personne sans coeur qui porte le nom de son père. Ce n'est plus seulement le lecteur qui en juge ainsi : un ancien camarade d'enfance désire faire d'elle la compagne de sa vie et obtient son consentement. René n'est pas homme du monde ; son coeur l'entraîne vers Gabrielle dont il apprécie le mérite ; mais il ne l'a jamais comparée avec d'autres jeunes filles, quand tout à coup une autre fort séduisante, dont la beauté le subjugue et change toutes ses dispositions, se rencontre dans son chemin. Gabrielle renonce à la parole reçue et au bonheur rêvé. Sa belle-mère, après avoir ruiné par ses prodigalités le bonheur et la fortune du père de Gabrielle et compromis la fortune de celle-ci, quitte le toit conjugal pour finir plus tard misérablement, et son mari devient fou en acquérant la conviction de son malheur. Pourquoi, au lieu de se dévouer à lui, Gabrielle se retire-t-elle chez sa tante et laisse-t-elle son père mourir loin d'elle dans une maison de santé ? Mais tout le monde n'est pas doué d'un esprit de dévouement qui aille jusqu'au sacrifice complet de soi-même. - Après avoir été le bon ange de la famille en détresse de René, Gabrielle finit par retrouver son ancien prétendu devenu veuf, et lui accorde sa main par amour pour l'orpheline qui lui avait été léguée, et aussi un peu sans doute pour lui-même, qu'elle n'avait pu à tout jamais bannir de sa pensée.
Ce livre plaira et attendrira, fera rire et pleurer ; il charmera la jeune fille et la femme du monde.