La vie de sainte Geneviève est nimbée de légende. Encore enfant, elle aurait rendu la vue à sa propre mère. Vierge consacrée, elle guérissait les paralytiques et lisait dans les consciences. Les cierges s'allumaient dans sa main. Elle aurait même rendu la raison à des "énergumènes"... et aurait vécu près de 90 ans ! Ses vrais prodiges, pourtant, furent politiques. C'est elle qui dissuada les habitants de Lutèce, gros bourg de Gaule romaine menacé par les hordes d'Attila, de se déclarer "ville ouverte ".
Elle encore qui, vers l'an 465, brisa le siège imposé par les troupes franques de Childéric, organisant le ravitaillement en blé de la Cité. Elle enfin qui exhorta les Parisiens à préserver leur foi des hérésies barbares et fut, vraiment, leur premier maire. Mais son plus haut miracle reste d'avoir décidé Clovis, roi païen, à courber la tête devant l'évêque Rémi pour se faire chrétien. Par ce geste, elle contribuait à souder les Francs, les Gaulois, l'Eglise et les reliefs de la romanité.
Calcul génial qui contribua, dans la douleur, à l'émergence de la France moderne. Qui donc était cette fille d'un officier franc, dont l'audace, l'autorité et la foi inébranlable éloignèrent la guerre civile ? Une femme d'affaires, un leader politique, répond Geneviève Chauvel. Une authentique rebelle, aussi, qui sut imposer sa vision dans un monde dominé par le glaive et la toge.
Geneviève Chauvel ancien grand reporter, a consacré des biographies à des figures charismatiques telles Olympe de Gouges (Olivier Orban), Lucrèce Borgia, Marie Leczinska, Elisabeth Vigée Le Brun, Eugénie de Montijo (Pygmalion), ou encore Aïcha, la bien-aimée du Prophète (Télémaque). Les éditions de l'Archipel ont publié ses Cavaliers d'Allah (2016), récit de la conquête de l'Afrique du Nord par les Arabes.