Voici une hagiographie d'un intérêt durable et de bonne tenue littéraire, par un auteur qualifié par sa formation théologique, historique et critique.
Vincent est un paysan, de race paysanne, qui a pris le temps de s'enraciner dans sa race et dans sa terre. C'est ce qui fait son originalité. Les grands réformateurs religieux du début du XVIIe siècle, les Bérulle, les Condren, les Olier, sont des aristocrates. Lui est paysan, non pas peuple, comme on le dit d'habitude, mais paysan, ce qui est une autre manière d'être de l'aristocratie, de la plus ancienne et de la plus authentique. Faire de lui une nouvelle édition de Savonarole est absurde ; il a le sens de la hiérarchie sociale et le respect des grands, mais à sa place, à son rang, il parlera aux grands, aux Rois et aux Reines avec une claire liberté et une aisance simple, que les bourgeois ne rencontrent pas d'arrivée. En toutes choses, il réagira en paysan, sans se laisser éblouir par le faux éclat, écartant les apparences pour toucher le réel courant, jugeant avec son bon sens, un peu court aux yeux des audacieux, mais toujours sûr, attendant que les choses soient mûres pour les cueillir, et comptant sur le temps qui est le grand facteur des affaires humaines. Il saura que toute la vie n'est pas concentrée à Paris, à la Cour, à l'Université, aux cercles mondains, mais qu'il ya les champs, les blés, les troupeaux, et les gens des champs qui peinent, des âmes simples, très dignes de connaître Dieu et de L'aimer.