Depuis plus de douze siècles, un même élan guide visiteurs et pèlerins vers l'abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert. Au coeur du Languedoc, c'est l'un des édifices romans les plus remarquables du Midi, avec des proportions tout en harmonie et un dépouillement propre à l'art monastique. Son fondateur, Guilhem d'Aquitaine, cousin de Charlemagne, guerrier devenu moine, s'installe, à l'aube du IXe siècle, dans le vallon de Gellone, "désert" des Causses propice à la méditation.
Dès le siècle suivant, ses reliques et un fragment de la Vraie Croix attirent fidèles et pénitents de toute l'Europe, et l'essor de la communauté bénédictine conduit, du XIe au XIVe siècle, à la construction d'une nouvelle abbaye. Si l'édifice est épargné lors de la Révolution française, son cloître est démantelé et ses splendides sculptures romanes éparpillées dans des collections, dont le musée des Cloisters à New York.
La Société archéologique de Montpellier sauve alors une partie du site et des sculptures, et l'administration des Monuments historiques entreprend, sans relâche depuis la fin du XIXe siècle, des restaurations lui conférant aujourd'hui une beauté pure et saisissante, au sein d'un village et d'un site classés depuis 1998 au Patrimoine mondial de l'Unesco. Etape sur le chemin de Compostelle, Saint-Guilhem-le-Désert vit toujours au rythme des pèlerins, accueillis dans l'abbaye par la prière et les chants des soeurs du carmel Saint-Joseph.
A ces "marcheurs de Dieu" s'ajoutent touristes, amateurs d'art et mélomanes séduits par les festivals culturels d'un haut lieu patrimonial et naturel.