Cette œuvre, importante mais peu connue
5/5 L’Algérianiste .
.----. Cette œuvre de Louis Bertrand, publiée en 1913, connut un grand succès. Pour le centenaire de sa parution, les éditions Via Romana l’ont rééditée, avec une préface du cardinal Paul Poupard, président émérite du Conseil pontifical de la culture.
Une première partie, basée sur une étude approfondie des Confessions, évoque la vie d’Augustin à Thagaste, Carthage, Rome, Milan : existence agitée, vie errante d’un étudiant, rhéteur manichéen dans les plaisirs et le tumulte des grandes villes. Sa mère, catholique fervente qui sera sainte Monique, le suit, le conseille, s’inquiète de ses excès, de ses erreurs, de ses péchés mais demeure confiante dans son devenir. Ce sont alors de très bonnes pages, riches d’une analyse précise des comportements des personnages, replacés dans leur époque, leurs origines africaines et religieuses, retraçant les déceptions et déboires d’Augustin, sa crise d’âme et de conscience. Ce sont aussi des descriptions des paysages africains, des couleurs et de la lumière qui ont ébloui Louis Bertrand venu travailler en Algérie, des paysages milanais « aux vergers perpétuels, aux odeurs de menthe et d’anis, aux murmures d’eaux courantes », « autre terre promise », ou encore d’Hippone-la-Royale.
Le seconde partie s’intéresse à l’Augustin converti et l’auteur ne cache pas son admiration pour l’homme sage, modeste, qui n’a rien d’un fanatique, pour l’Augustin qui va passer sa vie à lutter, de toute son érudition, contre les imposteurs, hérétiques, et surtout contre les manichéens et les donatistes. C’est l’occasion, pour Louis Bertrand, de reconstituer la vie quotidienne et les soubresauts de l’histoire troublée de Rome. Alors qu’Augustin souhaitait se vouer à une vie monastique à Thagaste, le voilà prêtre d’Hippone, puis évêque « à la foi lumineuse et confiante » qui livre, « en face des barbares », un combat harassant et sans fin contre le renouveau du paganisme, des sacrifices et des orgies, de la luxure et de l’obscénité, dans la décadence de l’empire romain. Saint Augustin, apôtre de la paix, est aussi serviteur de Rome. Louis Bertrand se base sur les sermons, lettres et écrits divers, sur La Cité de Dieu surtout.
Cette œuvre, importante mais peu connue de nos jours, mérite, autant que Le sang des races, d’être lue de nos contemporains et compatriotes. [Jacqueline Sarthe dans : L’Algérianiste, n°146, juin 2014 ]
Un ouvrage de qualité
5/5 Catholica N°121 Automne 2013
Réédition d'une belle biographie (publiée en 1913) de l'évêque africain et Père de l'Eglise d'Occident. "Le visage hiératique du vieil évêque s'anime, devient étrangement vivant, presque moderne d'expression", indique dans son prologue l'académicien Louis Bertrand qui, tout au long des pages, ne cesse de décrire l'atmosphère et le contexte dans lequel vit Augustin, faisant revivre les villes qu'il traverse, les passions, les états d'âme, la quête de la Beauté et de Dieu, accordant toujours une large place à ce qui entoure le (futur) saint, qu'il s'agisse des coutumes, des lieux, du climat, des personnes. Thagaste, Madaure, Carthage, Ostie, villes marquées par le génie constructeur des Romains, mais aussi par les fêtes et coutumes païennes et ayant chacune leur spécificité. Rome l'orgueilleuse, emplie d'or et de statues, où règne une débauche extraordinaire, Milan où il rencontre saint Ambroise... On y suit en particulier son cheminement vers la conversion, sous l'oeil lointain et si proche de sa mère sainte Monique. "A mesure qu'il se rapproche du but, Augustin semble au contraire s'en éloigner. Telles sont les démarches secrètes du Dieu qui prend les âmes comme un
voleur : il fond sur elle, à l'improviste. Jusqu'à la veille du jour où le Christ viendra le prendre, Augustin est obsédé par le monde et le souci d'y être en bonne place". Nous parvenons enfin à Hippone : "Essayons de voir Augustin dans sa chaire et dans sa ville épiscopale [...] Ecoutons-le dans cette basilique de la Paix où pendant trente-cinq ans il n'a pas cessé d'annoncer la parole de Dieu. Le chant des psaumes vient d'expirer. A l'extrémité de l'abside, de son siège adossé au mur, Augustin se lève. [...] D'avance l'auditoire est frémissant de sympathie et de curiosité. De toute sa foi, de toute sa passion, il collabore avec l'orateur. Il est turbulent aussi... Louis Bertrand souligne en particulier le caractère et la douceur du saint. Celui qui aurait bien voulu passer sa vie dans l'étude de l'écriture et la méditation des dogmes catéchise, baptise, discute avec ceux qui menacent le christianisme, reprenant les démonstrations interminables sans relâche et toujours avec une extrême charité du moment que la vérité est en jeu : Augustin "n'est pas seulement le plus humain de tous les saints, c'est aussi l'un des plus aimables, dans tous les sens de ce mot banalisé - aimable selon le monde, aimable selon le Christ". Aperçu succinct d'un ouvrage de qualité qui mérite vivement d'être lu.
<p align="right">M. R. <a href= http://www.catholica.presse.fr/ target=_blank>www.catholica.presse.fr</a>
Heureuse surprise !
5/5 Politique Magazine N°121 Septembre 2013
Heureuse surprise ! Louis Bertrand, écrivain bien oublié et qu'on imaginait un peu désuet, a publié, en 1913 - voilà donc 100 ans -, une biographie de Saint Augustin qui n'a pas pris une ride - à de très rares nuances près, d'ailleurs notées par le cardinal Poupard dans une remarquable préface. Après l'avoir lu, on comprend mieux comment ce livre a pu connaître plusieurs dizaines d'éditions. La plume vive et enlevée - et, on peut y insister, tout à fait actuelle - de Louis Bertrand est mise au service d'un récit biographique passionnant, aux analyses psychologiques fines et convaincantes. L'admiration qu'il a pour son sujet - il ne la marchande pas - est toujours lucide et sans complaisance. Il faut dire qu'Augustin d'Hippone est un monument, et Louis Bertrand a été littéralement porté, transporté par lui. Ce Berbère nord-africain - il faudra bien qu'un jour la population kabyle tout entière finisse par se reconnaître en lui ! - domine non seulement son époque, mais toute l'implantation du christianisme en Occident au tournant des IVè et Vè siècles, sous l'oeil des Barbares déjà dans la place à la veille de la chute de l'Empire. Cette fameuse décadence romaine, on la vit à travers le destin stupéfiant de ce dandy jouisseur appelé à devenir un Père de l'Église. Louis Bertrand n'analyse pas l'oeuvre de St Augustin, ce n'est pas son propos. Mais s'il l'ausculte scrupuleusement, c'est pour en tirer toute la substance d'une vie tumultueuse qu'il nous fait suivre quasi au jour le jour.
<p align="right">Christian Tarente <a href= http://www.politiquemagazine.fr/ target=_blank>www.politiquemagazine.fr</a>
Une réédition qui n'a pas pris une ride
5/5 Présent N°7899 Samedi 20 juillet 2013
La biographie de saint Augustin écrite par Louis Bertrand est parue en 1913, et le centenaire de cette parution nous vaut sa réédition. Un siècle écoulé, n'est-ce pas quelques décennies de trop pour une biographie ? Pas pour celle-là, en tout cas. Elle n'a pas pris une ride.
Un détour par la fiche que l'Académie consacre à Louis Bertrand, l'historien et le romancier, nous rappelle que, passé par Normal Sup, ce docteur ès lettres enseigna la rhétorique à Aix-en-Provence, à Bourg-en-Bresse, à Alger. Il fut élu en 1925 au fauteuil de Maurice Barrès, dont il prononça un éloge si mesuré qu'il fit polémique. Louis Bertrand mourut en 1941, à l'âge de 86 ans.
Son long séjour en Algérie (1891-1900) a marqué son oeuvre. La connaissance des paysages et des peuples inspire plusieurs passages de son Saint Augustin.
Une des caractéristiques des Pères de l'Eglise est d'avoir de sacrées personnalités dotées d'intelligences non moins remarquables. Louis Bertrand nous fait toucher cela de près. Augustin est un jeune professeur qui croit fermement que la vérité est à portée de main. Alors il tâtonne. Il essaye des systèmes philosophiques et étrenne des croyances. Il tourne autour du pot. Mais le jour où il met la main sur la Vérité, il ne la lâche plus. Son itinéraire humain, intellectuel et spirituel, il le racontera dans ses Confessions. Quand on pense que l'Education nationale, depuis vingt ou trente ans, inscrit à son programme celles de Rousseau... Un tout autre parcours. D'un côté un "philosophe" dilettante et errant, gyrovague, de l'autre cet évêque qui rêve de se reclure pour se consacrer à
l'étude et à la prière mais qui ne fuit aucune des tâches matérielles que lui impose sa charge.
La fin d'un monde
La sainteté d'Augustin se développe dans une époque difficile qui voit se côtoyer et s'affronter les païens, les barbares et les chrétiens. On se prend à feuilleter, la lecture du Bertrand achevée, La toge et la mitre (Peter Brown), Les chrétiens dans l'Empire romain (Anne Bernet). Cet âge troublé où des mondes se métamorphosent et se heurtent, voire disparaissent, n'est-il pas aussi le nôtre ?
La deuxième moitié de la vie d'Augustin est contristée et bousculée par le péril barbare. En 403, Alaric et ses troupes mettent Rome à feu et à sang. En 429, les Vandales et les Alain, menés par leur roi Genséric, passent le détroit de Gibraltar. "Une armée de 80 000 hommes se mit à saccager méthodiquement les provinces africaines." Une année de fanatiques, rappelle Louis Bertrand : "Ces ariens en voulaient particulièrement aux catholiques qui, d'ailleurs, représentaient pour eux la religion et la domination romaines. C'est pourquoi ils s'attaquaient surtout aux basiliques, aux couvents, aux hospices, à tous les biens d'Eglise. Partout, le culte public était suspendu." Le siège est mis devant Hippone. Le troisième mois, saint Augustin, 76 ans, tombe malade et entre en agonie.
L'évêque d'Hippone, lorsqu'il a appris le sac de Rome, n'est pas allé s'ouvrir les veines à Stonehenge. Il a plutôt écrit La Cité de Dieu. Lorsque les Barbares sont arrivés devant Hippone, il ne s'est pas transpercé d'un glaive dans le sanctuaire de Baal-Saturne, il a préparé la défense de sa ville, traitant avec le général Boniface, exhortant ses ouailles. Il a organisé la bataille intellectuelle, spirituelle et militaire. Qui a dit que le christianisme était un germe de faiblesse ?
<p align="right">Martin Schwa <a href= http://www.present.fr/ target=_blank>www.present.fr</a>
L'âme de feu d'Augustin !
5/5 Minute 5 juin 2013
Quelle bonne idée ont eue les éditions Via Romana de rééditer le Saint Augustin de l'écrivain Louis Bertrand. Ce dernier, Lorrain d'origine, était devenu littéralement amoureux des terres françaises d'Afrique du Nord.
Son livre vaut d'abord pour les descriptions somptueuses des paysages et de la vie des populations. Au moment où écrivait ce disciple de Flaubert, dans les années 1930, la vie des indigènes n'avait sans doute pas encore beaucoup changé. Les pages qu'il consacre à ce que j'appellerais l'invariant géographique peuvent rappeler par leur lyrisme de bon aloi le "Salammbô" de Flaubert Loin de plomber le récit ou de le figer dans le soleil africain, ces descriptions donnent de la chair aux personnages évoqués qui vivaient il y a déjà plus de quinze siècles. La maniére, dont Louis Bertrand saisit le personnage de sainte Monique doit beaucoup à son expérience des femmes africaines.
-Reste l'âme de feu d'Augustin lui-même et ce que Bertrand appelle avec justesse son romantisme passionné. Il le montre étudiant à Madaure et à Carthage, en quête de
bonne fortune amoureuse, il le voit aussi conceptualisant ses expériences, lecteur d'Ovide et de son "Ars amatoria", qu'il cite abondamment dans "la Cité de Dieu", dévorant sans doute aussi les poètes érotiques latins comme Catulle.
Sa recherche fiévreuse de l'amour se trouve inscrite pour toujours dans ses fameuses Confessions. En voici, au hasard une citation, traduite par Louis Bertrand : "La délectation du coeur humain dans la lumière de la vérité est unique.Vous ne trouverez rien dans aucune volupté qui puisse lui être comparé. Ne dites pas que cette volupté est moindre, car ce "moindre" n'aurait qu'à croître pour devenir "égal". Non, je ne dirais pas : toute autre volupté est moindre.Cela ne peut se comparer. Cest d'un autre ordre, c'est d'une tout autre réalité.»
<p align="right"> Joël Prieur <a href= http://www.minute-hebdo.fr target=_blank> www.minute-hebdo.fr </a>
Une existence mouvementée .
3/5 Lecture et Tradition .
.----. [...] Injustement oublié, Louis Bertrand fut d'abord un professeur de Lettres qui estimait peu son administration : il démissionna pour se consacrer à la littérature. Ses succès lui valurent de succéder à Maurice Barrès en 1925 au quatrième fauteuil de l'Académie française. [...]
Originaire de la Meuse, Louis Bertrand découvrit le monde méditerranéen lorsqu'il fut nommé professeur en Algérie et s'attacha passionnément à l'Afrique du nord, à l'Espagne et à l'Italie. [...] L'attachement à la terre d'Afrique poussa naturellement Louis Bertrand à s'intéresser au plus grand homme qu'elle porta, saint Augustin. Il parle dans Les Ambassades des voyages qu'il effectua sur les pas d'Augustin, à Milan, à Rome, à Ostie. Il replace toujours ses personnages dans un cadre précis, il les voit agir et penser.
« De petites rues toutes blanches, qui montent vers des buttes argileuses, profondément ravinées par les pluies torrentielles de l'hiver ; entre la double file des maisons, éblouissantes au soleil matinal, des échappées de ciel d'un bleu très doux ; et, ça et là, dans la frange d'ombre épaisse qui borde les seuils, des formes blanches accroupies sur des nattes, des silhouettes indolentes, drapées de couleurs claires, ou engoncées dans des lainages sombres et bourrus ; un cavalier qui passe, à demi plié sur sa selle, le grand chapeau du sud rejeté derrière les épaules, et pressant du talon l'amble élégant de sa monture, telle nous voyons aujourd'hui, Thagaste, telle elle apparaissait sans doute au voyageur du temps d'Augustin. »
Cette première page du livre donne le ton de l'ouvrage, et, d'une certaine manière, le résume. En effet, cette description pittoresque de la ville natale de saint Augustin n'est pas un simple hors-d'œuvre, à la manière d'un tableau de Zola, inutile morceau de bravoure, elle révèle l'âme de l'Afrique du nord, tout en contrastes, modèle de l'âme ardente, farouche, qui se débattit si longtemps au milieu de ses palpitations intellectuelles et charnelles avant de trouver la certitude qui l'illumina. Nous avons là une belle plume au service de l'histoire d'une âme. -....- .********. -....- Fils d'un petit notable païen et d'une mère chrétienne qui deviendra sainte Monique, le jeune Augustin fut un enfant brillant et turbulent. Devenu professeur de rhétorique, il enseigna neuf ans à Carthage, partit chercher le succès en Italie où il resta quatre ans, à Rome puis à Milan, où il retrouva auprès de saint Ambroise la foi qu'il avait abandonnée au sortir de l'enfance. Rentré à Thagaste pour pleurer ses péchés dans un monastère, le voici arraché à sa retraite, ordonné prêtre et bientôt sacré évêque. Il consacrera sa vie à l'administration de son diocèse, à l'édification de ses fidèles, à la lutte contre les hérésies et à la défense de l'Église contre les païens. L'auteur de La Cité de Dieu, livre de référence pendant tout le Moyen Age, fut le plus fécond des écrivains latins, plus que Cicéron. .----. .********. .----. Louis Bertrand montre par des exemples précis appuyés sur des citations combien la pensée de saint Augustin diffère de l'image que le Jansénisme en donna. Ce beau livre évoque la riche chrétienté d'Afrique, la plus brillante de l'Occident ancien, qui nous donna aussi saint Cyprien, Tertullien et tant d'autres auteurs. En détruisant l'Église d'Afrique les Barbares facilitèrent la future implantation musulmane. Saint Augustin mourut pendant le siège de sa ville épiscopale par ces Vandales ariens. Ce livre nous raconte son existence mouvementée en mêlant heureusement aux analyses et aux réflexions anecdotes et descriptions.
Une lecture agréable pour approfondir sa culture chrétienne pendant les vacances ! [ G. Bedel dans " Lecture et Tradition " numéro 26-NS juin 2013 ] - ( Vous trouverez sur ce site tous les sommaires des numéros de notre revue, très nombreux sont ceux qui ne sont pas épuisés ! )