Le dandysme, un masque ?
4/5 Réseau Regain .
.----. Voici le livre d’un mousquetaire
amoureux de son père spirituel. L’auteur
fait redécouvrir Nimier et, avec
lui, une certaine conception de la vie
et des êtres, le culte de l’amitié et de
la littérature, et enfin la politique
comme une esthétique. .******.
La légende d’un Nimier dandy est
tenace. N’a-t-il pas contribué, lui même,
à alimenter sa réputation
d’amateur de jeunes femmes, de voitures
rapides, d’alcools? Ce dandysme
vécu permet-il de traquer un
éventuel dandysme dans son œuvre? .******. Nimier s’est donné beaucoup de mal
pour donner l’impression, qu’il écrivait
du bout des doigts, beaucoup de
mal aussi pour cacher sous une apparente
facilité un travail consciencieux
et un souci du bel ouvrage. Pour
Michel de Saint-Pierre, qui fut son
ami, «plus que de tout dandysme,
s’agissant de Roger, je parlerais de
panache. Il n’avait peur de rien, et
sous des douceurs apparentes, il possédait
une fierté ombrageuse. (…)
Roger Nimier était une sorte de
mousquetaire empanaché qui ne
méprisait pas la dentelle, mais qui lui
préférait son épée». Un panache,
allié à une «fantaisie étoilée» qui lui
aura permis de passer avec légèreté
au milieu des catastrophes et des bassesses
d’une époque de plomb, un
sourire narquois et désabusé sur les lèvres, et faisant un pied de nez irrévérencieux
à cette société mercantile
«vouée à la production de masse»
qu’il n’aimait pas. .******.
Solitaire entouré d’une foule de
gens, homme de plaisir fasciné par
l’ascèse, paresseux et oisif qui n’arrête
pas de travailler, désespéré joyeux
qui professe l’ennui chic, Nimier ne
fut pas heureux. Le personnage que
fut Nimier est ici restitué dans l’histoire
du dandysme et dans ses heures
et heurts de l’après-guerre. .******.
Cette fête du dandysme qu’il illustra
un temps se brisera tragiquement.
Car il n’y a pas de dandy heureux, il
n’y a que des dandysmes tragiques.
Le dandysme n’aura été en définitive
chez Roger Nimier qu’un masque
parmi bien d’autres pour dissimuler la
pudeur d’une âme trop bien née…
Tel apparaît l’auteur du «Grand d’Espagne
».
Sanders, quant à lui, n’est-il pas le
héros du «Hussard bleu» et des
«Epées»? [ Notes de lectures de Georges Leroy
du mois de juillet 2007 sur le site " Réseau Regain " ]