L'histoire de Robert Poulet est celle d'un écrivain, originaire de Belgique, dont la qualité a été jugée à l'aune de ses convictions politiques. En ce sens, son cas est exemplaire : il a été ostracisé, exclu de la Cité pour avoir voulu la servir, alors qu'il eût pu se contenter de vivre, avec bonheur, pour l'art et la beauté...
A l'été 1940, Robert Poulet, alors brillant journaliste et romancier réputé, choisit de prôner le moindre mal : une collaboration modérée, d'esprit national, avec l'occupant allemand, dont il pensait, erronément mais de bonne foi, qu'il gagnerait la guerre. Son retrait de la mêlée, en 1943, ne l'empêche pas d'être condamné à mort à la Libération. Mais ses révélations au sujet de contacts avec un des conseillers du roi Léopold III vont lui sauver la vie, de justesse : il affirme avoir mené la politique que le monarque souhaitait qu'il menât. L'affaire, pleine de zones d'ombre, fait grand bruit. En 1951, contraint de s'exiler, il s'installe près de Paris. Là, il repart de zéro et reconstruit peu à peu sa réputation littéraire, à coups d'essais, de pamphlets, de romans et de critiques. Son talent, reconnu par les Chardonne, Morand ou autres Céline, ne laisse pas indifférent. Sur proposition de l'Académie française, l'ensemble de son œuvre sera couronné. Les Belges continueront pourtant de l'ignorer cordialement en raison de son passé politique.
Dans ce "Qui suis je ?" Poulet, derrière l'écrivain, témoin privilégié de son temps, l'auteur a cherché l'homme et nous livre, à travers cette étude d'un destin particulier, une exploration sensible des drames intellectuels de l'entre-deux-guerres et de l'Occupation.