Recherches érudites !
5/5 Nouvelle Revue d’Histoire.
.----. Le RP Pierre Blet, s.j., est un historien de qualité. Il fut pressenti par le pape Jean-Paul II pour écrire une réfutation de la « culpabilité » de Pie XII durant la Seconde Guerre mondiale (Pie XII et la Seconde Guerre mondiale d’après les archives du Vatican, Perrin, 1997).
Il nous fait maintenant bénéficier de ses recherches érudites pour clarifier les relations de Richelieu avec l’Église catholique. Il démontre que le cardinal fut un homme d’Église à part entière, dans sa politique comme dans l’accomplissement de sa vocation sacerdotale. Recourant à des sources inédites, l’auteur se penche sur la position équilibrée adoptée sous l’impulsion du ministre par le gouvernement de Louis XIII face aux prétentions ultramontaines et aux revendications gallicanes. Il n’a pas de mal à démontrer que sa politique étrangère d’hostilité aux Habsbourg, parfois critiquée par le parti dévot (Marillac, Bérulle) rejoignait les demandes du pape Urbain VIII, qui souhaitait écarter l’Espagne des affaires italiennes. Cependant, avec honnêteté, l’auteur ne peut cacher les ambiguïtés de la politique française de ce temps, qui traduisent une certaine duplicité. Ainsi, les termes des traités d’alliance avec l’Angleterre de Charles Ier ou avec les Hollandais et les Suédois insistent sur la tolérance à respecter à l’égard des catholiques alors que le Cardinal ne pouvait ignorer que ces clauses ne seraient jamais respectées. Parmi bien d’autres faits, le Père Blet cite une lettre d’instructions à l’ambassadeur Ventolet, par laquelle il lui recommande d’encourager les Turcs à attaquer Naples, la Crète et la Sicile, tout en ajoutant que « l’intention du roi n’est pas que ces territoires tombent entre leurs mains ». Quand on sait que, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, aucune conquête ottomane ne fut rendue, on ne peut croire à la sincérité du Cardinal. Cependant, ces équivoques ne sont pas propres à Richelieu, mais au caractère toujours mouvant des frontières entre le temporel et le spirituel. [ Pierre de Meuse dans " Nouvelle Revue d’Histoire ", n°31, juillet-août 2007 ]
Clair, précis ...
5/5 Lecture et Tradition .
.----. La littérature romantique avait tracé de Richelieu un portrait qui s’était imposé. Alexandre Dumas avait pu, dans son roman Le sphinx rouge, montrer un Richelieu bienveillant, c’est le monstre des Trois mousquetaires et du Cinq Mars de Vigny que la postérité avait retenu car les légendes historiques frappent plus les imaginations que la réalité. L’homme rouge de Roland Mousnier (1992), le Richelieu de François Bluche, en 2003, contribuèrent à restaurer une image sérieuse du Cardinal, et si Roland Mousnier avait rappelé que la carrière de l’homme d’Église était indissociable de celle de l’homme d’État, il revenait au père Blet de montrer, avec des documents certains, que la politique du principal ministre de Louis XIII fut en parfaite harmonie avec ses responsabilités religieuses.
Premier évêque de France à recevoir les réformes du Concile de Trente, Richelieu mena une politique en accord avec la diplomatie romaine, même quand il s’opposa au parti dévot. Un Te Deum salua à Rome la chute de La Rochelle et l’intervention en Italie contre la Maison d’Autriche combla les vœux du pape qui souhaitait transférer la couronne impériale au duc de Bavière. Quand Richelieu s’oppose aux usurpations du Parlement de Paris dans le domaine ecclésiastique, il agit en prélat de la Réforme tridentine. Le retour à l’unité de l’Église par la conversion des protestants sera toute sa vie au centre de ses préoccupations et il avait parmi ses proches collaborateurs le père Joseph du Tremblay qui rêvait d’unir la chrétienté autour du roi de France pour chasser les turcs d’Europe. Clair, précis, parfaitement documenté, le livre du père Blet devrait être lu par tout Français catholique.
[ G. Bedel dans " Lecture et Tradition " numéro 367-368 de septembre-octobre 2007 ] Tous les numéros de notre revue sont présentés sur ce site par leur sommaire . Ils y sont même lorsqu'ils sont épuisés.