Rapport Rudolf
3/5 DIONYSOS
"Aussi l'opinion de ce rapport,au mieux de ses connaissances techniques, est-elle que les chambres numéro 1 ou 2 n'ont jamais et ne pourraient jamais être utilisés comme chambres à gaz d’exécution" (copié par le même ouvrage ci-dessus par Dionysos ANDRONIS)
Rapport Rudolf
3/5 DIONYSOS
AU LIEU DE VOUS PRÉSENTER CE LIVRE, JE VAIS VOUS ECRIRE LE RÉSUMÉ D'UN DOCUMENTAIRE OU IL APPARAÎT LUI-MÊME :
"Mister Fred A. Leuchter Jr." (comme nous l'indique le sous-titre de ce documentaire) s'est fixé pour but d'améliorer la condition de la mise à mort des condamnés : chaise électrique, piqûre létale, etc. Quel "humaniste" ! Le tournant dans sa vie s'opéra quand Ernst Zündel, leader des néo-nazis canadiens, lui demanda d'aller faire une expertise à Auschwitz à l'issue de laquelle il conclut que les chambres à gaz n'avaient jamais existé. Le film se compose de deux parties distinctes : la première autour des "améliorations" que Leuchter a apportées à la peine de mort, et la seconde, autour de son "expertise" et ses conséquences pour sa vie. Le personnage montré est étonnant. On le voit faire une démonstration du fonctionnement de sa chaise électrique et parler de lui : son père travaillait dans les prisons... Il est progressivement devenu un expert reconnu, consulté par tous les Etats américains en matière d'exécution capitale et se proclame "humain" puisque "partisan de la peine de mort, il est cependant opposé à la torture". Il s'exprime posément, longuement, aimablement. C'est sur le même ton "normal" qu'il parle ensuite d'Auschwitz, où il part en conjuguant sa mission pour Zündel et... son voyage de noces ! On l'y voit prélever clandestinement des échantillons de terre : après analyse, il déduira de l'absence de cyanure sa conclusion négationniste. A partir de là, sa vie bascule : devenu la référence majeure de Zündel, ou d'Irving, négationniste anglais récemment condamné, la presse américaine s'intéresse à lui. Divers spécialistes réduisent à néant sa pseudo-expertise et ses contrats avec les prisons sont dénoncés. Il est ruiné, sa femme l'a quitté. Finalement, il déclare qu'il n'est en rien antisémite mais revendique le titre de "révisionniste".Le réalisateur, Errol Morris - auteur d'Une brève histoire du temps, documentaire sur la vie et l'oeuvre de Stephen Hawking - nous donne ici un film très intéressant et par ailleurs assez ambigu. On ne sait trop s'il a voulu montrer un exemple de cette fameuse "banalité du mal" définie par Hannah Arendt ou simplement une personnalité aux obsessions quelque peu étranges. Réalisé classiquement par insertion d'images ou d'extraits d'autres interviews à l'intérieur du discours de Leuchter, ce documentaire laisse sur sa faim. On aurait aimé que le réalisateur pousse plus loin ses interrogations sur la rationalité ou la folie de Leuchter et prenne plus ouvertement position dans le débat qu'il suscite : "comment des gens arrivent-ils à croire faux ce qui est bien vrai, et ce alors que tout le prouve ?"