Au XVIIe et au XVIIIe siècle, la sculpture sur bois a connu une vogue immense. Il n'est pas une église d'Italie, d'Espagne ou de France qui n'ait été décorée de boiseries à cette époque.
De ces oeuvres innombrables, taillées dans le chêne ou le châtaignier, une grande partie n'existe plus, soit qu'elle ait disparu au XIXe siècle pour être remplacée par des ensembles exécutés dans des matériaux plus riches, soit qu'elle ait survécu dans des pays pauvres comme la Creuse jusqu'au milieu du XXe siècle, moment où les dispositions liturgiques de l'Eglise catholique ont conduit au nouvel emplacement de l'autel face aux fidèles.
Lorsqu'on pénètre dans n'importe quelle église de la Creuse, qu'elle soit de la Marche, de la Combraille, du Franc-Allen, ou du Limousin, on est étonné de trouver un mobilier polychrome ou doré d'une extraordinaire qualité artistique.
Le retable, monumental, a toujours un aspect très classique. Le tabernacle, qu'il soit historié ou simplement décoré de statuettes, colonnettes, frontons, consoles, fait corps avec l'autel, souvent de forme simple, sur lequel il repose.
Alors que les retables sont le plus souvent en bois ciré, les tabernacles sont toujours peints ou dorés : l'ensemble des couleurs se détache très harmonieusement sur le fond sombre patiné.
Certes il y a des retables plus travaillés que d'autres, mais il y a surtout des tabernacles admirables (Ahun, Ladapeyre) qui, par leur équilibre des volumes, leur charme et leur élégance, resteront une des plus pures gloires de l'art français ornemental de cette époque.
Cette étude devrait faire naître chez les habitants de la Creuse le désir de mieux connaître tant de richesses tout à fait ignorées, d'autant qu'ils en sont les dépositaires et qu'il leur revient de sauvegarder et de sauver tout ce qui peut encore être sauvé.