Wolfgang Amadeus Mozart, compositeur à succès ne cesse de fasciner aujourd'hui encore. Avec Bach, il est de ces monuments sur lesquels il n'est nullement permis d'exprimer un avis négatif, comme s'ils étaient la perfection faite musique. Ne pas apprécier un concerto, émettre une réserve sur une symphonie serait faire preuve du plus mauvais goût. Oser avouer que Mozart est ennuyeux vous condamne au mépris de ceux qui savent. Si vous êtes de ces petits savants au mieux alors serez-vous affublés du joli sobriquet de snob dont peu connaissent la véritable signification, du reste. Et pourtant, il me faut bien confesser que comme chef d'orchestre, Mozart m'ennuie à mourir. Cependant, comme analyste ce serait faire preuve de mauvaise foi que de refuser à Wolfy le génie de la mélodie et du travail musical ou de méconnaître le brillant illusionniste qui donne au complexe l'apparence du simple. Il m'a bien fallu, après l'avoir repoussé des années durant, me confronter au mystérieux Requiem, lorsqu'on me commanda de le diriger. Comme je m'y attendais, l'interprétation de l'oeuvre est très largement desservie par la légende, savamment orchestrée par Constance, la veuve en quête du revenu nécessaire à sa survie. L'oeuvre est malmenée également par l'usure des grosses cylindrées que l'on n'écoute plus que distraitement ou dont notre oreille s'est rendue l'esclave au point que la terre entière ne reconnaît plus qu'une seule interprétation, généralement massive, souvent rapide, invariablement théâtrale. En fait de mystère, tout est dans la partition qui recèle une infinité d'indices, véritable parcours initiatique de l'oeuvre. S'il est vrai que Mozart n'est pas le compositeur de tout le Requiem, il a laissé à ses élèves l'intégralité du rébus. C'est ce décryptage que ces pages proposent à présent pour une autre interprétation que nous estimons fortement probable et à laquelle nous vous invitons.