Une œuvre littéraire considérable !
5/5 Catholica .
.----. En décembre 1991 s'était tenu un colloque à l'Université Panthéon-Assas (paris Il) sur cet écrivain et académicien "grand oublié" plus encore que son contemporain, Lorrain comme lui, Maurice Barrès. Daniel Heck qui le présente au début de ce recueil de textes, le décrit comme catholique –?de retour à la ferveur à l'âge de quarante ans?–, esprit brillant, nationaliste et doté d'une forte personnalité. Jeune agrégé, on s'était débarrassé de lui en l'envoyant passer neuf années à Alger, séjour pour lui déterminant. Epuré post mortem pour avoir écrit, en 1935, un livre sur Hitler attirant l'attention sur la puissance organisatrice du régime nazi et son danger, il tombe en disgrâce, malgré une œuvre littéraire considérable.
Des diverses contributions, on retiendra tout spécialement "Louis Bertrand, Albert Camus et Tipasa", par l'historien Marcel Cordier, qui ont trouvé au pied du Chenoua une inspiration commune, au point que certains passages de La Cina et de L'Eglise d'Afrique (du premier) et de Noces à Tipasa er Retour à Tipasa, du second, se correspondent étrangement. D'autres rapprochements sont possibles, autour d'un tiers intervenant, le Barrès de La Colline inspirée. Ils procèdent non seulement d'un parallélisme formel mais surtout d'une forme de contemplation.
Dans un autre registre, mais lui aussi source de rapprochements, Marc Baroli s'intéresse au "Petit peuple algérois vers 1900 vu par Louis Bertrand", ce milieu plus que simple d'où était issu Camus, entre autres. Cela nous vaut une véritable étude sociologique, confirmant les qualités d'observateur social de l'écrivain. Comme converti, comme auteur de grande sensibilité, comme romancier prolixe fasciné par l'éclat du Sud, Louis Bertrand mérite d'être redécouvert. [ Signé : BD dans Catholica, n°131, Printemps 2016 ]