Souvent cité, parfois récupéré, Louis de Bonald fait figure de fondateur de ce courant contre révolutionnaire qui a marqué le XIXe siècle et jusqu'à notre temps. Ceux qui le louent de confiance, de même que ceux qui le critiquent a priori, le connaissent en réalité très mal car l'un de ses ouvrages les plus importants, celui de la maturité atteinte, rédigé après abandon de toutes les responsabilités politiques, dans sa retr aite campagnarde de l' Aveyron, est demeuré inédit jusqu'à ce jour.
Sous le titre "Réflexions sur la Révolution de Juillet", ce texte met au jour un Bonald inattendu, ouvert à des problèmes nouveaux (condition ouvrière, régime parlementaire, par exemple), partisan d'idées audacieuses (monopole d'Etat pour le commerce de luxe, critique du capitalisme et du rôle croissant de l'Etat), défenseur de vues prophétiques (une guerre de sécession aux Etats-Unis). Nouveauté, mais aussi continuité, puisque ce manuscrit replace une critique tout à fait inédite de la bourgeoisie dans le corps de la doctrine bonaldienne de la société et du pouvoir.
Cette analyse est complétée par les autres inédits présentés dans ce livre.
Débarrassé des bandelettes dont certains l'avaient affublé croyant le protéger, dépoussiéré grâce au pénétrant avant-propos de Jean Bastier, la pensée de Bonald recouvre, par cet ouvrage, son actualité et sa permanence.
Jean Bastier, agrégé des facultés de droit, professeur à l'Université des Sciences Sociales et à l'Institut d'Etudes Politiques de Toulouse, est spécialiste de l'histoire économique, sociale et administrative de la France des XVIIIè et XIXè siècles. Il a notamment publié plusieurs articles sur Louis de Bonald ; il est aussi l'auteur d'un ouvrage sur La Féodalité au siècle des Lumières (Ed. Bibliothèque Nationale, Paris).