Décès de l'auteur le 2 mars 2015 .
3/5 Salon Beige .
.-----. Michel Menu, né le 3 février 1916 à Secondigny (Deux-Sèvres) est décédé le 2 mars 2015. .----. Michel Menu est l'un des personnages les plus flamboyants du scoutisme français. Résistant, officier de la Légion d'honneur, ingénieur, grande gueule, il marque par son style direct et tranché. .-----. Il a été commissaire national Éclaireurs (CNE) des Scouts de France (SDF) de 1947 à 1956, obtient son brevet de Deputy Camp Chief (DCC) de Gilwell en 1950. Il est l'initiateur des « raiders scouts » et des « goums ». .-----. Michel obtient à Paris un doctorat d’État ès lettres avec une thèse de science politique. Attiré par l'armée, il fait une préparation militaire supérieure à l’École d’artillerie de Poitiers où il crée un clan de routiers. .-----. Sorti aspirant au début de 1940, il participe à la campagne de Belgique puis au repli dans la poche de Dunkerque où il est fait prisonnier en Allemagne le 1er juin. Commence alors une expérience risquée et rocambolesque qui en dit long sur la caractère du garçon : l'évasion. Sur ses trois tentatives, la troisième est la bonne : il rallie la France le 31 décembre 1941. .-----. Il est nommé Commissaire Assistant du CNE le 7 juillet 1942. Mais à cette époque il est bien plus occupé par la résistance que par le scoutisme : devenu chef du service évasions, il met en place, dès 1943, des filières pour faciliter les trajets des évadés vers l’Espagne. En février 1944, il devient capitaine et en juin il rejoint le maquis Mary-Basset près de Tarare (Rhône). À la Libération, il est appelé à des activités de commandement et participe avec ses élèves à la campagne d’Alsace en novembre et décembre 1944. Il est démobilisé le 2 avril 1946. .-----.Menu_raiders_scouts : C’est sur un appel conjoint des pères Doncœur et Forestier que Michel Menu est appelé au QG des Scouts de France, où il ne prit sa place qu’au tout début 1947. En 1949, il crée les « raiders ». Grâce aux « raiders », la branche éclaireur atteint un niveau technique et moral jamais vu, stimulés par un chef charismatique qui a le don des formules et des exemples saisissants. En 1951, s'appuyant sur les « raiders », Michel Menu et son équipe lancent la création des patrouilles libres. On demande aux raiders de créer des patrouilles dans des zones rurales, des banlieues isolées, là où l’existence d’une troupe semble impossible. Ce fut là une vraie réussite (méconnue néanmoins), peut être la forme de « scoutisme missionnaire » la plus aboutie de toute l'histoire du scoutisme français. .-----. Alors que le scoutisme entre en crise, en 1961, il publiait Le CP et son gang, sorte de bréviaire scout à la gloire du « Système des patrouilles » et des CP, tandis qu’une année après, Géraud Keraod reprenait officiellement les Guides et scouts d’Europe en France. C’est alors que peu à peu les réfractaires à la réforme du scoutisme catholique s’opposèrent ici et là en réaction aux mesures révolutionnaires des SDF et à l’expérience pionniers/rangers qui se généralisait en 1964. En 1966, Menu publiait « Art et Technique du Scoutmestre », brillant ouvrage pédagogique et psychologique sur ces expériences vécues et pratiques dans l’art de mener une troupe de façon classique, et qui fut le volume de tous les « réfractaires » et « unitaires ». .-----. Déçu, incompris des contestataires et rejeté par les autorités officielles, Menu chercha une autre façon de servir la jeunesse. Il créa en 1969 pour les jeunes gens de 20/25 ans un mode plus actuel de ressourcement autant physique que spirituel, qu’il appela Les goums (en référence aux goumiers, ces nomades qui vivaient libres et autonomes aux confins de leurs déserts et qui se redressaient et ressuscitaient sous les coups de l’adversité. C’était aussi les auxiliaires de l’Armée française au temps du protectorat marocain). .-----. Posté le 3 mars 2015 à 07h51 par Michel Janva sur " Le Salon Beige " .