Vieilles querelles ?
5/5 Le Salon Beige .
.----. Entretien avec Daniel de Montplaisir, historien et auteur de “Quand le Lys terrassait la Rose”:
1) L’Angleterre et la France semblent être alliées depuis toujours dans notre imaginaire collectif. Pourquoi raviver le souvenir des vieilles querelles ?
Il s’agit seulement de faire œuvre d’historien. L’Angleterre et la France sont des alliées (presque) fidèles depuis plus de deux cents ans. Le passé est bien mort, il n’y a donc pas de risque à le rappeler. En revanche, il était nécessaire de démentir l’idée reçue, et solidement établie, d’une Angleterre toujours victorieuse alors qu’au cours de sept siècles et demi d’affrontements militaires entre les deux puissances, la France a remporté la majorité des batailles.
2) Vous relatez une trentaine de guerres dans lesquelles Angleterre et France se trouvèrent face à face. Mais beaucoup d’entre elles sont davantage des querelles féodales (où deux seigneurs qui se trouvaient être les rois de nos deux nations en gestation se disputaient des fiefs) que des guerres nationales. Quand bascule-t-on vers une guerre réellement nationale ?
Vous avez raison. Le concept de nation fut long à émerger et ne s’imposa que très progressivement. Sans trop simplifier les choses on peut dire que l’on passe des guerres dynastiques aux guerres nationales avec la fin de la guerre de cent ans. On observe alors l’émergence de la notion de patriotisme et l’attachement au royaume plus encore qu’à la personne du roi. C’est vrai sur le plan politique mais aussi militaire : première bataille gagnée par l’artillerie et donc par l’industrie, bourgeoise, citadine et financière, Castillon (17 juillet 1453) signale la fin de l’ère féodale.
3) Quel est le bilan militaire et politique de cette trentaine de conflits répartis sur plus de sept siècles?
En caricaturant à peine, on peut affirmer que, comparés aux Anglais, les Français font de meilleurs soldats, des marins tout à fait honorables, mais de piètres diplomates. Il est frappant de constater que l’Angleterre a presque toujours fait preuve de continuité, voire d’obstination, dans la poursuite de ses objectifs tandis que la politique française variait au gré des changements de monarques, de gouvernements, des intrigues de cour, des lubies des philosophes. Au pragmatisme, voire de la rouerie, de la première, répond, sous couvert d’honneur et de panache, la naïveté de la seconde. [ Le Salon Beige le 30 mars 2020 ]
Le cheminement de deux nations
5/5 Le Salon Beige
.----. Pour retracer 749 années de guerre entre la France et l'Angleterre, c'est l'historien Daniel de Montplaisir qui a "tiré le premier" en publiant un bel ouvrage :"Quand le lys terrassait la rose". En 30 guerres et 200 batailles, les victoires des armées françaises, à hauteur des deux tiers, ont été souvent éclatantes. Les noms de Bouvines, Fontenoy, Castillon restent à jamais dans toutes les mémoires.
Ce livre, fruit d'une minutieuse recherche, retrace le cheminement de ces deux nations qui ont justifié l'appellation mutuelle d'"ennemi héréditaire" et qui après avoir cherché à se dominer et à s'écharper ont bâti une paix, une alliance qui dure maintenant depuis plus de 200 ans. [ Le salon beige par Par Michel Janva le 24 avril 2019 ]
Une lecture pour le tournoi !
5/5 Politique Magazine
.----. Les amateurs de rugby le savent bien, les Anglais n'ont rien perdu de leur félonie. Alors que le Tournoi des VI Nations a pu captiver et navrer nos lecteurs, nous ne pouvons trop leur conseiller de se procurer Quand le Lys terrassait la Rose de Daniel de Montplaisir. Cela apportera une justification culturelle à leurs énervements diurnaux.
Car la rouerie anglaise puise son origine dans l'histoire. A Hastings, en 1066, Britannia sut accepter d'être défaite par Guillaume de Normandie afin d'ajouter de la vigueur normande à sa nature retorse. Enchaînant les défaites au XIIIe siècle, et notamment quelques piteuses culbutes à Château-Gaillard ou à la Roche-aux-Moines, Albion lança la guerre de Cent Ans en refusant de livrer un traître et en ignorant la naissante souveraineté française. Un conflit qui ravagea les deux pays mais permit à la France de connaître certaines des plus belles personnalités de son histoire : Charles V, Bertrand du Guesclin, Charles VII et évidemment sainte Jeanne d'Arc. A la prévarication érigée en politique;, le royaume répondit par le sentiment national et l'appel à la vertu. Patay, Formigny et Castillon effacèrent les humiliations de Crécy et Azincourt.
L'Angleterre demeura longtemps incapable de comprendre la souveraineté française. Les victoires de Calais et La Rochelle lui enseignèrent cette notion. Plusieurs affrontements continuèrent d'émailler les relations entre Londres et Paris, notamment dans les Antilles ou aux Amériques. La guerre de succession d'Espagne lança la passion anglaise : lutter autant qu'elle le pourrait contre l'ascendant de la France en Europe. Sur terre mais aussi en mer. Il y eut 119 batailles navales au cours de l'histoire entre la Royale et la marine anglaise, et une parfaite égalité contredit la prétendue supériorité des moussaillons de l'amiral Nelson.
Si la folie d'un homme conduisit au fatal affrontement de Waterloo, le souvenir des victoires françaises devrait pourtant glorieusement orner la blason national. C'est tout le propos de Daniel de Montplaisir dont la subjectivité, certainement sensible, offre pourtant une belle tentative historiographique qui ravira les amateurs de roman national.
<p align="right">CM dans le numéro 178 - mars 2019 de Politique Magazine<a href= http://www.politiquemagazine.fr/ target=_blank>www.politiquemagazine.fr</a>