PRINCESSE ET COMBATTANTE, Mémoires de Marie de Croÿ 1914-1918
5/5 FIDELITER, mai-juin 2016, n°231, p.77
L'histoire de la Première Guerre mondiale et l'image qu'elle laisse dans nos mémoires, notamment à l'occasion de son centenaire, font la part belle à l'héroïsme de ses soldats, à la vie quotidienne des poilus, à l'horreur des massacres que produisirent les bombardements intensifs. Et cela est juste. On connaît moins cependant, pour ce conflit si meurtrier, les actes courageux et souvent héroïques de ceux et celles qui, à l'arrière, et surtout en territoire occupé, se sont livrés à une véritable résistance, en favorisant le renseignement ou en faisant passer en territoire allié les soldats qui se retrouvaient bloqués ou de passage en territoire devenu ennemi.
En Belgique, Marie Élisabeth Louise de Croÿ, princesse de Croÿ et de Solre, fera de son château de Bellignies d'abord un hôpital de fortune, lors de l'invasion allemande en Belgique, puis, après une période de réquisition par les Allemands, dès le 25 août 1914, le centre névralgique d'un réseau d'évasion, aidée en cela d'un de ses frères, mais aussi de nombreux contacts et passeurs. Certains y laisseront leur vie, comme la courageuse anglaise Édith Cavell.
Les larges extraits de ses mémoires, rédigés et publiés au début des années 1930, offrent le récit de ces années de combat secret et surtout d'incarcération, puisque le réseau sera démantelé en 1915 et ses membres exécutés ou condamnés à la prison en Allemagne. Le texte, sobre mais poignant, donne une idée précise du quotidien de ces femmes courageuses qui ont su faire preuve d'une grande imagination pour transmettre des informations et opérer de nombreux transfuges.
La noblesse d'âme et de sang de Marie de Croÿ se retrouve à chaque page, dans sa charité envers les miséreux ou les blessés de la guerre, dans son courage en affrontant les risques qu'elle encourt en toute lucidité, dans sa patience chrétienne qui ne la quitte pas, malgré les pires souffrances qu'elle endure durant sa captivité. Sans chercher à se mettre en valeur, mais préférant toujours attirer l'attention sur l'héroïsme de ceux qu'elle a croisés ou des gens du peuple qui l'ont soutenue ou aidée, l'auteur se révèle une héroïne discrète mais authentique, qui n'hésitera pas à entrer de nouveau en résistance lors de la Deuxième Guerre mondiale. Elle abritera en effet provisoirement le général Giraud qui s'était évadé et sera de nouveau arrêtée en 1942.
Morte en 1968, dans la Nièvre, la princesse Marie de Croÿ laisse un exemple de grandeur féminine et de noblesse chrétienne qui mérite d'être connu.
Abbé Philippe Bourrat
Belge et patriote
4/5 https://123loisirs.com/
.----. « Je n’écris ni pour nuire aux uns, ni pour satisfaire la rancune des autres ». C’est dans cet état d’esprit que Marie de Croÿ se décide, en 1931, à rédiger ses mémoires.
Belge et patriote, elle voit son pays occupé par les Allemands à l’automne 1914. Avec d’autres femmes, elle organise une filière pour permettre aux soldats ou prisonniers évadés belges, français, anglais, de quitter la zone occupée alors que les frontières sont fermées. A la suite d’une trahison, Marie est arrêtée, emprisonnée pendant trois ans à Siegburg dans des conditions inhumaines. Libérée en novembre 1918, elle relate ses souvenirs en hommage à toutes les personnes dévouées qui ont traversé son chemin.
Elle n’oublie rien et, avec une plume sans concessions mais sans amertume, mue par une charité profondément chrétienne, elle livre l’histoire d’une solidarité sans failles et d’un engagement féminin de celles qui ont œuvré « derrière les lignes » et dont on ne parle pas assez.
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